ENQUÊTE – Vingt-quatre ans après, le journaliste lyonnais Denis de Montgolfier a retrouvé le discours inédit du président africain révolutionnaire, Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987, avant d'avoir eu le temps de le prononcer. Il se confie à Lyon Capitale.
Il était révolutionnaire et n'avait pas que des amis, y compris dans son propre camp. L'ancien président burkinabé : Thomas Sankara a été assassiné le 15 octobre 1987 d'une rafale de balles tirée au fusil mitrailleur. Vingt ans après, le journaliste lyonnais, Denis de Montgolfier, ancien rédacteur en chef de TLM et journaliste à Arte a enquêté, pendant trois ans, sur les traces de l'ancien président révolutionnaire. Il a notamment retrouvé une lettre, le texte d'un discours que le président assassiné s'apprêtait à prononcer devant le conseil national de la révolution qu'il présidait. Le journaliste le résume ainsi : "Sankara était épuisé. Il n'en pouvait plus de ramer à contre-courant avec ses propres ministres. Cette lettre est pleine de rage, de découragement, mais aussi d'une énorme volonté de continuer à faire la révolution (…) Comme le Che, il voulait que sa population arrive à vivre de ses propres ressources".
Denis de Montgolfier explique également à Lyon Capitale comment il a retrouvé la trace de ce courrier. "C'était incroyable ! Personne ne l'avait. Je lui ai demandé pourquoi il me la donnait. Il m'a simplement répondu : 'parce que j'ai confiance en vous. J'attendais ce moment pour la sortir '".
Une enquête de trois ans qui passe également au crible les régimes sénégalais, malien, malgache et congolais. Elle a donné lieu in fine à la publication d'un livre "Africa crocodiles, récit de meurtres présidentiels, 1987-2011", publié à compte d'auteur ce mois-ci. Le journaliste lyonnais dit avoir "fait ce travail pour mes frères africains, car la pire des choses en Afrique, c'est qu'il n'y a pas de justice rendue".
Article et interview à retrouver en détails dans le mensuel Lyon Capitale de juillet-août vendu en kiosques jusqu'au 2 septembre.