Un député UMP “préfère Bachar al-Assad aux islamistes”

Philippe Meunier s’est de nouveau démarqué par son franc-parler. Alors que l’Onu ouvre une enquête dans le cadre d’une attaque chimique présumée du régime de Bachar al-Assad contre le peuple syrien ce mercredi, le député (UMP) du Rhône dénonce des risques de manipulation. “Je préfère Bachar al-Assad aux islamistes en Syrie”, nous a-t-il déclaré lors de notre entretien. Attentif à la situation en Égypte et en Syrie, qu’il compare volontiers, il estime que seul le régime de l’actuel président protège les minorités, notamment les chrétiens. “Bachar al-Assad, lui, protège les minorités, pour moi c’est essentiel”, explique sans complexe le député, habitué aux prises de position sans grande nuance. ENTRETIEN.

Lyon Capitale : D’après un communiqué sur la situation égyptienne, vous faites un parallèle avec la Syrie et vous semblez apporter votre soutien à Bachar el-Assad...

Philippe Meunier : Bachar el-Assad, même si c’est un dictateur, a au moins le mérite de respecter les minorités, ce qui n’est pas le cas des islamistes qui veulent imposer leur ordre et la charia. À partir de là, je considère que pour les Syriens il faut avoir Bachar al-Assad comme président plutôt que des islamistes au pouvoir. Maintenant, est-ce qu’il faut laisser gérer Bachar al-Assad ses affaires comme il l’entend ? Bien sûr que non.

Quelle est la solution, selon vous ?

Je pense que la Russie a la meilleure solution au niveau international sur ce dossier-là. Elle veut obliger Bachar al-Assad à modifier sa gouvernance et son régime politique en le poussant à évoluer. C’est la meilleure solution possible pour les Syriens et le respect des minorités. Il faut que Bachar el-Assad change, il ne peut plus gouverner comme son père l’a fait. La Russie a la position la plus équilibrée, c’est celle qui protège au mieux la population syrienne.

Le régime de Bachar al-Assad est suspecté d’avoir utilisé des armes chimiques, ce mercredi notamment, qui auraient fait au moins 1 300 morts. Une enquête de l’Onu a été ouverte. Vous redoutez une manipulation ?

On assiste à une accélération de l’information et on n’est plus dans l’analyse de l’information. Quand j’entends la déclaration de Laurent Fabius, je trouve cela effrayant de la part d’un ministre des Affaires étrangères qui confirme que l’armée syrienne a envoyé des armes chimiques : nous n’avons aucune preuve, nous n’avons rien ! On ne sait pas ce qui s’est passé. Il faut savoir vérifier les éléments d’information dans un tel contexte. C’est tout de même bizarre que des enquêteurs internationaux arrivent en Syrie, le jour même où il y a une attaque chimique à Damas. De nombreux spécialistes s’interrogent sur le timing.

Après deux ans de conflit, Bachar el-Assad peut-il réellement changer, n’a-t-il pas atteint un point de non-retour ?

Je ne justifie pas les méthodes de Bachar el-Assad, je dis simplement que pour la population syrienne, soit ce sont les islamistes qui prennent le pouvoir avec toutes les conséquences qui en découlent, soit on essaie de faire évoluer le régime. C’est cette dernière voie que je préconise.

Si la France et les Anglais n’étaient pas à la roue des Américains et adoptaient une position digne de celle de Jacques Chirac il y a quelques années quand Dominique de Villepin avait refusé de donner l’accord de la France pour une intervention en Irak, nous pourrions faire évoluer le régime de Bachar el-Assad. J’en suis intimement persuadé. J’en appelle à l’indépendance française. Il est temps de se mettre à la table avec les Russes !

Avez-vous conscience qu’en France il n’y a guère que le FN qui est sur votre ligne ?

Mais, moi, je ne connais pas le Front national, ce que fait le Front national ne m’intéresse pas. Quand je vous parle de la Syrie qui manifeste dans les rues, je ne vous parle pas de Marine Le Pen. Quand Jacques Chirac a fait entendre sa voix à l’Onu concernant le conflit en Irak, Jean-Marie Le Pen était aussi d’accord avec Jacques Chirac. Est-ce que l’on a dit que Jacques Chirac était lepéniste ? Moi, je forge mes convictions non pas en fonction de ce que pensent les uns ou les autres, mais par rapport à mes propres pensées.

À l’UMP, au sein de votre famille politique, quel est le discours sur cette situation ?

Malheureusement, aujourd’hui, nous n’en sommes pas encore à ce stade de réflexion. Nous, nous en sommes à nous demander si on va discuter, de savoir si on a mal fait ou bien fait entre 2007 et 2012. Alors…

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