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Menaces à Décines sur le lotissement du Prainet

POLÉMIQUE – Coup de chaud à Décines où les habitants d'un lotissement de 128 parcelles ont entamé une action en justice pour lutter contre l'urbanisation de leur quartier. Celle-ci pourrait aboutir à terme à la destruction d'une dizaine de maisons. Le maire tente de calmer le jeu. Une réunion publique est prévue ce jeudi soir en mairie. Récit.

Ils sont fiers de leur lotissement et veulent en faire respecter les caractéristiques. 1000 m2 de jardin en moyenne, une maison de 90m2 construite en moellons de mâchefer sur chacune des 128 parcelles.

Lorsque les parents de Laadi Hakkar achètent leur terrain en 1955, une centrale d'achat est ouverte. Les premiers propriétaires mettent tout en commun, matériaux et heures de travail, pour monter eux-mêmes leurs maisons. Des liens se tissent, auxquels sont attachés, 57 ans plus tard, les habitants qui ont souvent hérité de leurs parents.

Pas de possibilité d'extension selon le cahier des charges historique

Mais, ces dernières années, lorsqu'une maison puis deux, puis trois sont construites en extension sur les parcelles (17 en tout selon les habitants), les anciens voient le changement d'un mauvais œil. Avec l'âge, certains propriétaires ont vendu. De nouveaux se sont installés. Le maire distribue les permis de construire avec l'aval des notaires et en respect du dernier plan local d'urbanisme.

Mais Laadi Hakkar retrouve dans l'acte de vente de ses parents le cahier des charges initial du lotissement. Celui-ci prévoit qu'aucune extension n'est possible. Il décide donc, avec d'autres, de le faire respecter. "Notre objectif est de pérenniser le cadre de vie du lotissement, de sauvegarder l'aspect initial, d'arrêter toutes les constructions d'habitations illégales à l'intérieur du périmètre du lotissement", explique le président de l'association Les Castors du Prainet, fondée en 2010 pour lutter contre les maisons surnuméraires jugées "illégales" par les membres de l'association.

"Je ne serai pas le maire qui verra des bulldozers raser des maisons sur la commune !"

La mairie répond que le lotissement n'est plus soumis au cahier des charges initial mais au dernier plan local d'urbanisme (PLU) voté par le Grand Lyon. Laadi Hakkar entame alors une action en justice – l'association, forte de ses 70 membres, le soutient. En 2011, il rencontre Étienne Tête, élu (Verts) à la Ville de Lyon. Celui-ci s'apprête à prendre la robe, il accepte de suivre son dossier.

L'avocat a depuis déposé deux recours en justice, l'un contre le permis de construire d'une maison double, le second contre celui d'une extension, pour faire respecter le cahier des charges du lotissement.

L'audience au tribunal administratif devrait avoir lieu cet hiver. Si l'action aboutit, elle pourrait conduire à faire ordonner par la justice la destruction des deux maisons et de l'extension. Par suite, chaque habitant pourrait attaquer son voisin si bon lui semble, dans le cas des maisons surnuméraires.

Le maire, Jérôme Sturla, ne souhaite pas en arriver à cette extrémité. Il organise ce soir une deuxième réunion publique sur le sujet et propose un compromis : le retrait de la plainte des Castors en échange du gel de tout nouveau permis de construire. Il proposera ce soir, via son adjoint à la démocratie participative, de consulter les habitants pour définir avec eux le prochain PLU de la commune, prévu en 2015. En revanche, Jérôme Sturla affirme : "Je ne serai pas le maire qui verra des bulldozers raser des maisons à Décines !"

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