CSA Boyon Arhab Gélinet
© Kenzo Tribouillard / AFP

Numéro 23 : l’ex-président du CSA Michel Boyon mouille son équipe

Depuis que Lyon Capitale a révélé les conditions frauduleuses d’attribution d’un canal TNT à Pascal Houzelot et que le CSA présidé par Olivier Schrameck a justement abrogé l’autorisation de la chaîne pour abus de droit entaché de fraude, les versions divergent. Un conseiller encore en poste affirme que l’ancien CSA a été “roulé” par Houzelot, quand au contraire l’ancien président Michel Boyon “assume délibérément” et affirme ne rien regretter.

Alors même que Lyon Capitale a retracé dès 2012 l’incroyable feuilleton de l’appel à candidatures factice d’octobre 2011, puisque l’attribution des chaînes avait été décidée à l’Élysée et suivie de près lors de réunions interministérielles à Matignon, il s’est trouvé un membre du CSA (encore en poste pour quatorze mois) pour raconter une tout autre histoire. Ce conseiller n’est autre que Patrice Gélinet, qui anima sur France Inter, de 1999 à 2011, la belle émission 2000 ans d’histoire et qui est en charge du média radio au CSA.

Ce conseiller n’a jamais manqué une occasion de me reprendre. Ainsi, je me trompais “sur toute la ligne”, l’histoire ne s’était “pas du tout déroulée comme ça” et “Pascal Houzelot avait vraiment roulé le CSA en 2012, qui avait cru à ses promesses en toute bonne foi”.

Cette antienne m’a encore été rappelée juste avant que je ne sois auditionné pour le passage en TNT gratuite de LCI et de Paris Première, le 22 octobre. “Je vous en conjure, cessez de parler des agissements de l’ancien Conseil”, me confiait ainsi en chuchotant Patrice Gélinet, juste avant que je ne prenne la parole la semaine dernière devant l’ensemble du collège.

Je dois avouer que ces affirmations-confessions m’ont toujours interpellé, venant de la part d’un homme de radio aussi éminent, qui présida même à la destinée de France Culture (de 1997 à 1999) avant d’être remplacé par Laure Adler. Celui-là m’avait déjà un peu surpris lorsqu’il avait déclaré sur les ondes de D8 en mars 2015 : “Je me demande dans quelle mesure Cyril Hanouna ne parle pas, en employant un langage populaire, la langue de Villon, la langue de Rabelais.” Concluant par ces mots définitifs : “Il apporte beaucoup à la langue française.”

“Je viens te chanter la bal-la-deu, la bal-la-deu…”

Après tout, pourquoi pas, on peut bien sûr avoir des conceptions différentes de la langue française et de la culture et peut-être qu’un jour l’œuvre complète de Cyril Hanouna sera-t-elle éditée par la Pléiade. Pour l’heure, les faits restent les faits et ce que j’ai pu vivre de l’intérieur –puisque j’avais moi-même porté un projet de chaîne TNT – démentait sans cesse les propos de M. Gélinet.

Et puis voilà qu’hier l’ancien président du CSA, Michel Boyon, se confiant à la journaliste Véronique Groussard (L’Obs), affirme au sujet de Numéro 23 : “Nous étions très conscients du risque – minime par rapport aux enjeux de l’audiovisuel – tenant à la pérennité de l’entreprise. Nous l’avons assumé délibérément et je ne le regrette pas.” Puis il ajoute : “Personne ne peut prétendre que Pascal Houzelot ait roulé le CSA au moment où nous nous sommes décidés.”

Voilà qui est limpide. Et qui correspond tout à fait à ce que nous écrivons depuis trois ans et que résume aussi très bien l’ancien membre du CSA Rachid Arhab dans son dernier livre, Pourquoi on ne vous voit plus ?

Comme l’écrivait François Villon dans La Ballade des pendus, “Hommes, ici pas de plaisanterie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre”. Depuis que Cyril Hanouna est entré dans son petit panthéon personnel, Patrice Gélinet a sans doute confondu ce grand classique de la poésie française avec La Ballade des gens heureux, lesquels, c’est bien connu, n’ont pas d’histoire.

Il n’empêche : sept conseillers sur neuf ont voté pour Pascal Houzelot en 2012. Michel Boyon ira-t-il demain jusqu’à mouiller son donneur d’ordres ?

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