Plongeon
© Tim Douet

L’incivilité dans les piscines : un phénomène en expansion

Autrefois lieu de détente et de farniente, les piscines sont de plus en plus le théâtre d’incivilités. Insultes, crachats, bagarres, non-respect du règlement intérieur et de l’autorité du personnel… Ces difficultés sont devenues quasi quotidiennes dans les piscines lyonnaises.

“Dans l’ensemble de l’agglomération lyonnaise, on observe une montée des incivilités et des violences dans les piscines publiques”, admet-on à la Ville de Lyon. Il aura fallu l’agression du directeur de la piscine du Rhône, mardi, et la grève de son personnel le lendemain, pour que cet inquiétant phénomène soit révélé au grand jour.

Fermer pour mieux faire réagir ? C’est aussi ce qu’a décidé la piscine de Bron, dont les portes sont restées closes toute la journée d’hier. “Nous n’avons jamais eu de problèmes aussi graves, mais parfois des mots déplacés, des non-respects de consignes… On a préféré prendre les devants, pour donner un signal afin que la piscine reste un endroit familial et de détente”, se justifie la mairie de Bron.

“Un véritable phénomène de société”

“Nous aussi, on connaît ça, témoigne le responsable de la piscine Mermoz (Lyon 8e). [Ces incivilités] sont quotidiennes.” Insultes, comportements déplacés, non-respect du règlement intérieur, les incivilités sont nombreuses. “On a beau essayer de mettre en place des moyens pour enrayer ça, au bout d’un moment il y a des choses qu’on ne maîtrise plus. On est face à un véritable phénomène de société”, se désole-t-il. Mais, pour ce début de saison estivale, le bilan est plutôt positif à Mermoz. “On n’a eu qu’un seul souci pour le moment. Je touche du bois pour que ça continue”, souffle son responsable.

Ces incivilités ne se limitent pas à la ville de Lyon. En effet, elles se retrouvent dans de nombreuses piscines de l’agglomération. “Cette année, on en observe plus que les autres années”, témoigne le responsable de la piscine de Caluire. Malgré la mise en place d’agents de sécurité et une réelle amélioration, il reste beaucoup à faire. “Désormais, on a des agents à l’extérieur de la piscine qui contrôlent dès l’entrée. On n’hésite pas à refuser l’accès à ceux qui ont déjà causé des troubles”, explique-t-il. Autre moyen utilisé, la mise en place d’un tarif préférentiel pour les habitants de Caluire et l’augmentation du prix du ticket à l’unité. Mais il n’est pas sûr que cela suffise à calmer les perturbateurs…

Des médiateurs pour mieux respecter

À Saint-Priest, c’est le dialogue avec les jeunes qui a été préféré. “On a embauché six médiateurs pour la saison, explique le responsable. On a également mis en place des outils pédagogiques pour redonner du sens au règlement. Grandes affiches placardées rappelant les règles intérieures, distribuées aussi à l’entrée (en format plus petit – à terme, elles prendront la forme d’un jeu de cartes à collectionner), quiz pour les enfants avec lots à la clé… Saint-Priest tente de trouver d’autres solutions et cela semble marcher. “On a moins de soucis cette année. Les jeunes ne peuvent plus dire : “C’est marqué nulle part.” Avec ces systèmes, on cible directement les jeunes”, estime-t-il.

Des piscines épargnées

Même si l’incivilité est un fléau de plus en plus commun, elle n’est cependant pas généralisée. À la piscine intercommunale de Charbonnières comme à Monplaisir-Lumière (Lyon 8e), les problèmes restent très marginaux. Piscines plus petites, clientèle plus âgée, il est ici plus facile de faire quelques brasses en toute tranquillité. Mais, au vu des difficultés que rencontrent leurs consœurs, les responsables admettent faire partie des “privilégiés”.

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