La "caravane insoumise" débarque dans les quartiers lyonnais

La "caravane insoumise pour l’égalité et l’accès aux droits" s’installe dans la région lyonnaise jusqu’au 12 août afin d’aller à la rencontre des habitants des quartiers populaires. Elle est l’œuvre de la "France insoumise", mouvement citoyen initié par Jean-Luc Mélenchon, qui s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle en février dernier.

Les militants de la

© David Pauget
Les militants de la "caravane insoumise"

La "caravane insoumise pour l’égalité et l’accès aux droits" est un dispositif lancé par la "France insoumise", mouvement citoyen et politique qui accompagne la candidature de Jean-Luc Mélenchon en vue des présidentielles. Depuis le 12 juillet jusqu’au 28 août, ses militants sillonnent la France et vont à la rencontre des habitants des quartiers populaires pour parler de l’accès aux droits, inciter à s’inscrire sur les listes électorales et également défendre la candidature de M. Mélenchon. La caravane est dans la région lyonnaise jusqu’au 12 août.

"Ce n’est pas la faute des pauvres si les caisses sont vides !"

Le 9 août, la "caravane insoumise" était de passage à la Duchère, un quartier situé dans le 9e arrondissement de Lyon qui connait un fort taux de pauvreté. Ce sont environ une quinzaine de militants qui ont fait le déplacement, des étudiants, des moins jeunes, des retraités, arborant le pin’s "La France insoumise". A 11h, place Abbé Pierre, au cœur du quartier et à proximité des grandes barres d’immeubles de la Duchère, peu de gens sont présents et on espère que le marché de la place ramènera plus de monde l’après-midi. Des enfants sont intrigués par le petit chapiteau et les grandes pancartes "La France insoumise", "jlm2017". Ils viennent se servir à boire et s’amusent avec une tablette numérique. Mais ce n’est pas un outil de jeu pour les militants, elle servira à faire des simulations d’aides sur le site mes-aides.gouv.fr.

Selon Etienne Mourier Rouland, militant du mouvement, le taux de non-recours pour certaines aides est très élevé, c’est-à-dire le nombre de personne qui ignorent qu’elles peuvent bénéficier d’une prestation, comme le RSA. "On n’est pas là pour se substituer aux associations, aux services sociaux, mais les citoyens ne vont pas tous voir le bon interlocuteur au bon moment", explique le militant.Selon lui, les discours politiques jettent l’opprobre sur les bénéficiaires des aides, perçus comme des "assistés" : "Beaucoup de gens ne savent pas qu’ils peuvent recevoir des aides car il y a un discours axé sur la fraude, qui condamne l’assistanat. La fraude représente un peu plus de 4 milliards d’euros sur les droits sociaux mais les gens qui ne demandent pas le RSA, c’est environ 4,5 milliards d’euros. Donc ce n’est pas la faute des pauvres si les caisses sont vides !".

Intidar, mère de famille, décide de faire la simulation, tout en gardant un œil vigilant sur ses enfants qui s’amusent avec les ballons du chapiteau. Elle en ressort satisfaite en apprenant qu’elle a droit à la prime d’activité, et à une bourse pour son enfant qui entre en 6e. "On m’a donné de très bons renseignements, car c’est assez difficile d’y voir clair. C’est une bonne nouvelle pour moi." Pour les militants, c’est déjà une petite victoire. Est-ce suffisant pour qu’elle aille voter Jean-Luc Mélenchon en 2017? Difficile à dire. Beaucoup d’habitants du quartier sont déjà dans une situation sociale alarmante et sont désormais "dégoûtés" de la politique.

"Je vote, ils dégagent"

L’une des missions principales du mouvement est d’inciter les habitants des quartiers populaires à aller voter. Selon Mathilde Panot, coordinatrice des groupes d'appui de la France insoumise, "3 millions de personnes ne sont pas inscrites sur les listes électorales, soit l’équivalent du nombre d’inscrits cumulés de Paris, Lyon et Marseille. En plus, 6,5 millions de personnes sont mal-inscrites, donc ne peuvent pas toujours voter".

Personne n’ignore que ces 10 millions de personnes mal-inscrites ou pas inscrites sur les listes constituent un réservoir de voix important en vue des présidentielles de 2017, d’où l’importance pour les militants de lancer leur campagne. Ils espèrent que le bouche à oreille sera la meilleure publicité pour le mouvement et surtout pour Jean-Luc Mélenchon, qui refuse de se plier à l’exercice de la primaire, misant sur une candidature "hors cadre de parti."

Maxence, Juliette et Thibault font du porte-à-porte.

© David Pauget
Maxence, Juliette et Thibault font du porte-à-porte.

Alors que la place Abbé Pierre se remplit l’après-midi, grâce au marché qui a commencé à 15h, la caravane attire de plus en plus de curieux. Certains sont attirés par la musique, d’autres viennent récupérer les tracts ou les formulaires d’inscription sur les listes électorales. Les livres de Mélenchon posés sur les tables, L’ère du peuple et La règle verte, ne rencontrent pas le même succès. Juliette, Maxence et Thibault, trois jeunes militants, prennent les tracts et les autocollants de la "France insoumise" et décident de faire du porte à porte dans les grands ensembles de la Duchère, situés à proximité de la place Abbé Pierre.

Difficile de trouver des gens en plein milieu de l’après-midi dans ces barres d’immeubles, ou de réussir à engager la conversation avec les habitants qui sont présents. "Bonjour, c’est la caravane insoumise !" "Non merci, je ne suis pas intéressé." Des habitants promettent de venir à la caravane dès qu’ils auront un moment, visiblement sincères pour certains, simple formule de politesse pour d’autres afin de couper court à la conversation. Un homme déclare être militaire et ne souhaite pas parler de politique…mais avoue avoir de la sympathie pour Mélenchon. Avant de partir, des autocollants sont laissés dans l’immeuble. On peut y lire un réquisitoire contre la politique de François Hollande et Nicolas Sarkozy : "Sarkozy, Hollande, 1 chômeur en plus toutes les 2 minutes, c'est leur bilan" ou encore "Sarkozy, Hollande, une école fermée par jour, c'est leur bilan".

Un dispositif pour la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon

Derrière ce mouvement de la "France insoumise", c’est évidemment la candidature de Mélenchon qui est défendue. Leur slogan : "Je vote ils dégagent". "Vous n'êtes pas inscrit sur les listes électorales? Mais Cahuzac, lui, est inscrit et ira voter pour ses amis du PS. Vous êtes mal inscrit car vous avez déménagé? Liliane Bettencourt, elle, a envoyé son majordome vérifier qu'elle pourrait voter pour défendre ses privilèges fiscaux!", peut-on lire sur les tracts, critiques vis-à-vis d’une "caste au pouvoir", qui sont distribués aux passants place Abbé Pierre, ou laissés dans les boîtes aux lettres des immeubles et de la tour panoramique de la Duchère de 26 étages, à deux pas de la place.

Est-ce une simple opération de communication, ou un mouvement en mesure de mobiliser les citoyens afin de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon ? Il est encore trop tôt pour le dire. Certains restent méfiants, à l’image de ce passant qui revient du marché et crie devant la caravane "Tous les mêmes !". Pour un autre, Mélenchon fait également partie de la "caste", et "les actes ne suivent pas forcément les discours".

Pour assurer que Mélenchon ne fait pas partie de la "caste", les militants évoquent les promesses du candidat : l'élection d'une assemblée constituante pour réécrire la Constitution, l’instauration de nouveaux droits, le référendum de révocabilité pour les élus. "Nous pensons que Jean-Luc Mélenchon est en capacité de mettre en mouvement une organisation qui va porter notre parole. C’est le porte-parole des insoumis, le seul candidat en mesure de faire bouger les règles politiques", affirme Etienne Mourier Rouland, qui n’a pas cessé de la journée d’expliquer aux passants la démarche du mouvement, en les invitant à venir au chapiteau prendre un verre et profiter de la musique. Force est de constater que l’accueil est chaleureux à la Duchère et que l’initiative est bien reçue de la part des habitants du quartier, pourtant habitués à être les oubliés des politiques.

La caravane est présente dans la région lyonnaise selon le calendrier suivant:

Mercredi 10 août : Vaulx-en-Velin - Petit Pont

Jeudi 11 août : Vénissieux

Vendredi 12 août : Villeurbanne

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