Le préfet interdit "La Marche des cochons"

Son nom même lui était insupportable. Le préfet du Rhône a pris un arrêté d'interdiction à l'encontre de la manifestation organisée par les jeunes identitaires lyonnais, le 14 mai prochain. Explications.

Le préfet du Rhône a réuni la presse mercredi 4 mai pour lui faire part de sa décision d'interdire la manifestation organisée par l'extrême-droite : "la marche des cochons" le 14 mai à Lyon. Manifestation organisée localement par un groupuscule lyonnais d'extrême-droite : Rebeyne, mais qui devait réunir "plusieurs centaines de personnes" venues de toutes la France, selon le préfet Cazenave, délégué à la sécurité dans le Rhône. Le groupe Europe écologie-les Verts à la ville de Lyon, suivi de près par toute une ribambelle d'organisations (CGT, CFDT, Unef, Ligue des droit de l'Homme, Licra, SOS Racisme, le PCF) avaient mis le feu aux poudres il y a quelques jours exigeant son interdiction.

"La marche des cochons" possédait un site Internet et une page Facebook comptant plus de 800 fans. L'événement visait selon ses organisateurs -trois hommes ayant déposé une demande de manifestation à la préfecture le 2 mai-, à dénoncer, sur le ton de l'humour, la vente de viande halal sans étiquetage en France et par là, "l'islamisation progressive" de la société.

Manifestation "islamophobe et provocatrice"

Le préfet a surtout estimé que les revendications des organisateurs n'étaient pas républicaines. Il a jugé la manifestation "islamophobe et provocatrice", "de nature à opposer les citoyens entre eux", "à faire l'apologie de la discorde sociale". "La liberté de religion est inscrite dans la constitution française" a martelé le préfet mercredi devant la presse.

Le Collectif de vigilance contre l'extrême-droite 69 ayant lui aussi appelé à manifester le même jour, et sur le même parcours, le préfet pouvait également craindre des débordements en tant que garant de l'ordre public.

Le choix a donc été fait d'interdire "La Marche des cochons", un arrêté d'interdiction a été pris dans ce sens, le 4 mai. Le préfet délégué à la sécurité, Jean-Pierre Cazenave, espère maintenant que les organisateurs de la contre-manifestation dont les statuts n'ont pas été déposé en préfecture "joueront l'apaisement". Tandis que les organisateurs de La Marche des cochons ont indiqué leur intention de déposer un recours devant le tribunal administratif. Une manoeuvre à coup sûr vaine.

Les extrêmes "se cherchent"

Ceci étant, le préfet Carenco a noté mercredi, une nouvelle montée des affrontements entre extrême-gauche et extrême-droite à Lyon, depuis le début de l'année. "Ils se cherchent un peu en ce moment, on dirait qu'ils aiment se castagner".

Le préfet délégué à la sécurité a précisé que "quatre affrontements" s'étaient déroulés en particulier à Lyon depuis le début de l'année. Ils ont donné lieu à des "blessures graves" et à "des amendes et des peines de prison", "certains individus sont toujours derrière les barreaux à l'heure où nous parlons". Des réseaux placés sous surveillance par la police lyonnaise, y compris parmi les "activistes d'extrême-droite" du local de Gerland.

Dispositif de police le 14 mai

Jean-François Carenco a terminé en précisant qu'un dispositif de police serait déployé en ville le 14 mai afin d'éviter tout débordement, qui, s'il se produisait, donnerait lieu à des poursuites judiciaires. Il a justifié sa décision en précisant qu'en aucun cas, il n'avait cédé aux sirènes de la gauche lui demandant d'interdire la manifestation. Il attendait simplement que la demande soit déposer en préfecture pour pouvoir l'interdire. "Je me demande s'ils ont pu croire un seul instant que je pourrais autoriser une telle manifestation ?", s'est-il interrogé. "Son nom même m'était insupportable".

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