Une forte majorité a soutenu la décision du président de la communauté urbaine de déléguer la production et la distribution de l'eau potable dans l'agglomération. Communistes et alternatifs de gauche se sont divisés au moment du vote, tout en indiquant qu'ils s'opposeront, à l'avenir, à une délégation de service public supérieure à huit ans. Les écologistes ont soutenu jusqu'au bout l'option régie.
Ce lundi soir, Gérard Collomb a fendu les eaux. Sans trop de difficultés, il a réussi à faire adopter ses deux délibérations portant sur le marché de l'eau potable après 2015. La première portait sur la mise en place d'une autorité administrative forte, chargée de la politique tarifaire et de la réalité des investissements exécutés. La seconde reconduisait le principe d'une délégation de service public (DSP) pour une durée de 8 ou 10 ans, avec "pour horizon" une baisse de 20% du prix de l'eau (lire ici).
Régie et système mixte impossibles avant 2015
Ce choix de mode de gestion est dictée par le calendrier : le passage en régie nécessite quatre ans de préparation. Et quant au système mixte (production au public, distribution au privé), il s'est heurté à la complexité du réseau lyonnais qui comprend pas moins de 114 puits et forages, de 13 stations de pompage et de 62 réservoirs. Voilà qui créait "de nombreuses interfaces entre production et distribution". "La séparation de la production et de la distribution n'est pas envisageable d'ici 2015", a expliqué Gérard Claisse, vice-président en charge de la participation citoyenne.
"On veut que le service de l'eau soit un véritable service public (…) que ce soit la collectivité qui ait véritablement la main", a affirmé Gérard Collomb. Il a dénoncé le contrat passé, signé en 1986, "tellement déséquilibré que la collectivité n'était plus maitre de son destin", contrat qui a permis à Veolia de pratiquer parmi les prix les plus élevés de France. Le président de la communauté urbaine a vanté sa démarche associant le privé : "par exemple à Confluence, nous fixons clairement les règles ; nous faisons après appel au secteur privé (…) C'est parce que nous faisons ainsi que des territoires comme Vaulx-en-Velin sortent de la crise". Le président de l'agglomération a envoyé des signaux à sa gauche, hostile à la DSP : "Il est pris acte de la perspective de mise en place à l'issue du contrat (soit après 2020, ndlr) d'une mixité de gestion fonctionnelle - la production en régie et la distribution en délégation de service public", précise l'une des deux délibérations.
GAEC et PCF se rangent à une DSP de 8 ans… pas de 10 ans
On attendait la position des communistes et alternatifs de gauche. Diserts, ils l'ont été pour dénoncer le contrat passé ou les pratiques des multinationales. Willy Plazzi a tempêté contre les privatisations imposées à la Grèce et au Portugal. Yves Fournel a pointé "un des prix les plus élevés de France alors que l'assainissement, resté en, régie, donne satisfaction et à un des prix les plus bas (…) Toutes les leçons doivent être tirées", préconisait-il, observant que "les entreprises n'ont jamais reconnu ces réalités".
Au moment du choix, Gérard Claisse a exposé le dilemme auquel lui et ses collègues sont confrontés : "Soit on reste arc-bouté sur le passage en régie, soit on s'engage dans un processus susceptible de faire majorité". Lui choisit cette 2e voie, avertissant toutefois que sa démarche "ne vaut que si la durée de la future DSP n'excède pas 8 ans". Si une DSP de 10 ans était retenue, le contrat durerait jusqu'en 2025 et on ne voit pas pourquoi la communauté urbaine déciderait avant 2020, le terme du prochain mandat, de son futur mode de gestion. Communistes et alternatifs de gauche ont averti : ils voteront contre la future délibération proposée à l'issue de l'appel d'offres, une fois le choix du candidat opéré. Le groupe communiste a proposé un amendement qui préconise une DSP de transition 4 à 6 ans. Amendement aussitôt balayé par Gérard Collomb qui trouve "la durée beaucoup trop courte". Une observation qui a fait réagir Nathalie Perrin-Gilbert (PS). "Nous sommes à la tête du Grand Lyon depuis 2001. Pourquoi n'avons-nous pas anticipé notre décision ?".
Les écolos s'opposent, la gauche de Collomb explose
A l'heure du vote, les groupes PCF et GAEC ont explosé. Gérard Claisse (PCF), Roland Jacquet (PCF), Louis Leveque (PCF) et Martial Passi (PCF) ont voté les délibérations de l'exécutif. Bernard Genin (PCF) s'est abstenu. Maurice Charrier, qui avait rendues publiques les pressions exercées par Gérard Collomb le rappelant à la "solidarité de gestion", n'a pas pris part au vote. Jacky Albrand (PCF), René Balme (Front de Gauche) et Willy Plazzi (PCF) ont voté contre.
Sans surprise, les écologistes ont voté contre le choix du mode de gestion imposé par Gérard Collomb. Tous sauf Bruno Charles, vice-président, qui s'est abstenu. Alain Giordano et Gilles Buna qui ont voté pour. Ce dernier est venu au secours de Gérard Collomb : "Ceux qui ont des certitudes ont de la chance", a-t-il ironiquement lancé à l'encontre de ses collègues écologistes. Il a fait valoir que le retour en régie publique opéré par Bordeaux prendrait six ans. "Je ne suis pas sûr que la régie directe soit moins coûteuse que la DSP", a-t-il soufflé. Il n'a toutefois pas réussi à ébranler la cohésion du groupe.
Une position explicitée par Paul Coste qui a réveillé l'hémicycle, s'inspirant de l'anaphore utilisée par François Hollande lors de son débat d'entre deux tours face à Nicolas Sarkozy. "Moi, président du Grand Lyon, j'aurais lancé les études sur la nouvelle politique de l'eau dès le début de ce mandat, ce qui aurait évité de se dire coincé par les délais (…) moi président du Grand Lyon, j'aurais expliqué qu'avec la régie, le prix de l'eau est fixé chaque année par les élus et que c'est une garantie pour fixer le juste prix ; moi président du Grand Lyon, j'aurais choisi la régie car les bénéfices peuvent aller directement à l'amélioration du réseau ou à une diminution du prix pour l'usager et non pas à la rémunération des actionnaires".
Forte majorité pour Collomb
Gérard Collomb a accédé à une seule de ses demandes : l'organisation d'un vote nominatif : chaque élu, à l'appel de son nom, devait publiquement scander son choix. Une démarche qui permettait au président de la communauté urbaine d'accroître la pression exercée sur ses alliés. Au final, la délibération est passée haut la main : 132 votes favorables, 3 abstentions et 18 votes contre. Parmi les contre, Nathalie Perrin-Gilbert (PS). A l'extérieur et parmi les bancs réservés au public, une centaine de personnes exprimaient (sagement) leur mécontentement.
Quelle que soit l'option choisie, on voit bien à quel point,Collomb a 'dégoté' la 'chambre introuvable' Des godillots aux ordres, le pire étant les communistes, Claisse, Plazzi.. et ce pauvre Bret. Les résistants, ceux qui ne mangent pas dans la gamelle, et conservent leur esprit critique, toujours les mêmes, une majorité d'EELV et Nathalie. Le système Collomb dit lyonnais fonctionne, au détriment de la démocratie et par la menace!
Bravo à EELV, qui une nouvelle fois a refusé de se compromettre dans cette 'gauche' financière et privatisatrice!
Le privé est vraiment devenu une machine à lobbying puissante. Nos élus devraient s'en prémunir, et ne pas être si naïfs. Cette fois encore, ça va nous coûter cher.