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crédit : Florent Aceto

Halle de la Martinière : Collomb écarte Casino

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Après trois ans d'inertie, le projet de reconversion de la Halle de la Martinière avance enfin. Ce lundi le conseil municipal de Lyon a voté le déclassement de la halle qui ouvre la voie à son transfert à un opérateur. Mais lequel ? Casino en tous cas n'est plus dans la course. Un favori émerge.

Ce lundi, le conseil municipal a voté une délibération qui déclasse la Halle de la Martinière du domaine public. Situé dans le bas des pentes de la Croix-Rousse, construite en 1838, le bâtiment a besoin d'un million d'euros de travaux pour être mis à niveau. A l'heure actuelle, seuls deux commerçants demeurent dans le bâtiment, un poissonnier et un crémier. Leurs arrêtés d'occupation arrivent à échéance le 1er mars à 00h00. Ensuite, la halle sera vide …

Depuis trois ans, la Ville cherche donc un repreneur qui gèrera le site via un bail emphytéotique. Trois dossiers de candidatures ont été déposés. L'opposition, par la voix de Laurence Balas (Ensemble pour Lyon – UMP et apparentés), conseillère municipale du 6e arrondissement, a demandé au maire de s'assurer de la rentabilité financière du projet. "Le cahier des charges prévoit un investissement de 500 K€ ou d'1 M€. Les différents candidats présélectionnés auront-ils la surface financière suffisante pour supporter un tel investissement ?", a-t-elle demandé.

L'argument n'a semble pas été déterminant puisque la municipalité a choisi d'écarter la candidature conjointe de Casino et de la Communauté du goût. Deux candidats restent en lice. Gérard Collomb a précisé qu'il ne désignerait pas tout de suite un lauréat afin de laisser le temps aux concurrents d'améliorer leurs projets. Certains soufflent qu'un rapprochement entre Saveurs du coin et Halle Mat' n'est pas à exclure.

Le favori : Saveurs du coin

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Appuyée par la chambre régionale d'agriculture, l'association Saveurs du coin a été créée en 2006 mettant en avant les agriculteurs et éleveurs du département, les produits de saison et privilégiant les circuits courts. Ils possèdent deux îlots dans les hypermarchés Auchan de Caluire et de Dardilly où un salarié de l'association assiste les clients dans leur choix. Et leur propre boutique à Bron, ouverte du mardi au dimanche. A l'intérieur plusieurs étals dont un boucher qui découpe les carcasses sur place. "Les producteurs sont présents deux week-ends par mois pour des dégustations", indique Anne-Laure Davy, responsable développement.

Le collectif refuse de communiquer sur le projet présenté pour la Halle Martinière. Mais il faut s'attendre à une copie du magasin brondillant. Avec deux partenaires en sus : les vins des Coteaux du Lyonnais et Victor le boulanger qui entend utiliser des farines locales. "Ils favorisent les circuits courts, c'est bien, mais il ne s'agit pas forcément d'agriculture biologique ou même raisonnée. C'est ce qui nous gêne dans ce second projet", affirme Luc Voiturier, adjoint Vert à la mairie du 1er qui n'engage cependant pas la parole de la municipalité.

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Florent Aceto

L'outsider : Halle Mart'

Ce projet porté par les riverains et les commerçants locaux est celui qui s'inspire le plus des valeurs de l'économie sociale et solidaire. Le collectif Halle Mart' repose sur 7 producteurs locaux (boucherie-charcuterie, fruits et légumes…), le fromager actuel, l'épicerie bio 3 trois petits pois, le caviste De l'autre côté de la rue, le bar-restaurant De l'autre côté du pont et peut-être le poissonnier Vianey. Tous seraient ouverts six jours sur sept, de 8h à 20h.

"Nous voulons proposer des produits de qualité à des prix accessibles à tous", précise Jean-Baptiste Cubaud, président de l'association. Pour éviter des marges trop gourmandes, un panier moyen serait défini, avec un plafond de prix. Halle Mart' souhaite aussi une information accrue donnée au consommateur. L'étiquetage comprendrait le prix, l'origine géographique des produits, la quantité d'emballages ayant servi à leur acheminement, leur caractère bio ou pas, et le contexte économique entourant leur production (type de société). Conformément au cahier des charges, un espace serait réservé pour des ateliers culinaires, organisés deux fois par semaine.

Leur point faible : leur capacité financière. "Ils sont incapables de mettre un million d'euros pour entreprendre les travaux de rénovation de la halle", souffle un détracteur. Halle Mart' qui bénéficie d'une subvention de la Région de 60 000 euros assure avoir pouvoir lever les emprunts nécessaires. Ils ont aussi lancé une souscription publique qui couvrirait 55 000 euros. Ils demandent à la Ville un prêt de 200 000 euros.

Halle Mart' est fortement soutenu par les élus écologistes. "Ce que nous espérons c'est que le projet Hall'Mart voit le jour, même si ce n'est pas à la Halle de la Martinière. Il pourrait voir le jour dans le bas des Pentes, pourquoi pas dans la rue Romarin actuellement en pleine requalification", estime Luc Voiturier.

Pour plus d'informations, consulter leur site

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Le recalé : le tandem Casino/communauté du goût

L'enseigne stéphanoise a servi d'épouvantail tout le long des discussions. Les amoureux de la halle n'ont eu de cesse de répéter : ils ne veulent pas d'un supermarché. Ils ont été entendus : Casino est recalé, a affirmé Gérard Collomb ce lundi en réunion d'adjoints, avant le conseil municipal. Le groupe écologiste qui attendait ce signal pour voter le déclassement du bâtiment et ouvrir la voie à un opérateur privé a accueilli positivement la nouvelle. "Sinon, nous étions prêts à nous abstenir", affirme Pierre Hémon, adjoint Vert au maire de Lyon.

Casino qui a failli rafler l'équipement en 2003 espérait pourtant s'être racheté une virginité en faisant tandem avec la Communauté du goût. Et celle-ci comptait s'appuyait sur la force de frappe du groupe de distribution pour trouver "un débouché très innovant" pour les producteurs locaux. "Au début, nous avions penser y aller seuls, mais c'était impossible d'amortir l'investissement. Il faut être solide pour emmener le million d'euros de travaux nécessaires aux travaux", explique Frédéric Bessard, fondateur du collectif. Leur projet mettait à l'honneur des produits authentiques locaux, avec un kiosque permanent d'animations. "C'est un signe fort de Casino de dégager de l'espace pour ça", souligne Frédéric Bessard. Un geste qui n'aura pas suffi : le spectre du supermarché aura été trop fort. Du coup, le tandem va prospecter ailleurs pour réaliser leurs plans.

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