Chaque année, des étrangers viennent chercher à Lyon l'excellence médicale. Un tourisme de santé que la Ville souhaiterait développer.
"On a accueilli pendant 8 semaines une princesse arabe avec sa servante. Elle se rendait à la clinique Montplaisir pour suivre un traitement contre l'infertilité. C'est devenue une cliente. L'année suivante, elle est revenue enceinte", explique Véronique Pellicier directrice commerciale du prestigieux et luxueux hôtel la Cour des loges, à Lyon. Ils viennent avec les dollars dans les poches chercher l'excellence médicale à Lyon. D'autres sont nettement moins fortunés mais se démènent pour avoir accès à des traitements peu ou non assurés dans leur pays. Chaque année, plusieurs centaines de patients pratiquent le tourisme médical à Lyon. "25 % de ma clientèle vient de Londres, de Grèce, de Russie ou de Suisse. Nous on ne casse pas les prix comme d'autres destinations, ils viennent chercher le top du top et la réputation", lance fièrement le Docteur Niforos chirurgien esthétique à Lyon. A l'hôpital Saint-Joseph/Saint-Luc, on compte aussi régulièrement des patients venus d'ailleurs en particulier dans le service des brûlés. "Je me souviens d'un africain qui avait un visage épouvantablement rétracté par les brûlures ; les chirurgiens lui ont redonné une apparence présentable", souligne le Docteur Képénékian. Outre Saint-Joseph/Saint-Luc, bien d'autres établissements sont concernés par le tourisme de santé. En 2006, les Hospices civils de Lyon ont ainsi pris en charge 957 patients étrangers dont près de la moitié d'Italiens.
Une niche à développer ?
Les liens avec "la botte" sont anciens, il n'y a pas si longtemps, certains services des HCL disposaient encore d'une double signalétique français/italien. Cependant, depuis les années 90, la source d'étrangers venus frapper à la porte des Hospices civils de Lyon dans l'espoir de bénéficier d'une greffe d'organe, d'une opération cardiaque ou de la cataracte s'est beaucoup tarie. Notamment parce que le savoir-faire de "grands patrons" lyonnais a dépassé les frontières mais aussi pour des raisons de tarification des actes médicaux. Cette baisse de fréquentation est regrettable pour Jean-Louis Touraine, premier adjoint à la Ville de Lyon et chef de service à l'hôpital Edouard Herriot qui ambitionne de positionner Lyon comme une véritable destination médicale.
A condition que certains obstacles soient levés comme le non remboursement dans certains pays d'actes médicaux réalisés en France. "En terme touristique, c'est une niche mais on peut la développer. C'est pourquoi on a communiqué sur le savoir-faire médical lyonnais aux Emirats-arabes comme sur les agréments d'une ville culturelle", explique François Gaillard, directeur de l'Office du tourisme et des congrès de Lyon. Le sujet est cependant loin de faire l'unanimité chez les médecins. "Le problème, c'est lorsqu'il y a une complication postopératoire. Je pense à un patient qui est resté deux mois en réanimation, il n'avait pas de quoi payer... Et puis franchement, à qui cela profite ? Généralement à ceux qui ont les moyens de venir se faire soigner en France. A Lyon, on a formé 40 chirurgiens cambodgiens, au moins c'est bénéfique pour tout le pays et pas seulement à un riche cambodgien", lance le Pr Etienne Tissot, le patron des médecins aux HCL. Si, pour certains, le potentiel de l'excellence médicale lyonnaise est une manne à exploiter, pour d'autres, l'association des mots "tourisme" et "médical" est franchement incompatible.
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