Qu'est-ce qui coince aux TCL ?

Une nouvelle réunion entre syndicats et direction est prévue lundi. Mais les négociations sociales entamées il y a dix mois entre Keolis - le gestionnaire du réseau des TCL - et les syndicats sont un fiasco complet. Analyse.

La rentrée lyonnaise a, comme de coutume, débuté par une grève. En l'occurence, celle des guichetiers des agences commerciales.

Cet énième mouvement social est intervenu en plein rush de renouvellement des abonnements et des cartes Técély. Raison de cette action coup de poing, les désaccords d'une partie du personnel sur la vente des pass scolaires aux guichets, sources de désagréments pour les usagers.

Une solution ayant été trouvée avec la direction, le préavis a finalement porté sur la contestation, beaucoup plus générale, de remise à plat des accords sociaux de l'entreprise. Un revirement pour le moins étonnant qui témoigne du climat extrêmement tendu entre la direction et les syndicats.

'Démarche d'opposition de principe'

La question du dialogue social de sourds entre la direction et les syndicats n'est pas nouvelle. Depuis le début de l'année, 41 jours ont été impactés par un mouvement de grève. 359 en quatre ans et demi. Soit plus d'un débrayage par semaine. 'Il existe, au sein de cette entreprise, une incapacité totale de certains à assumer des négociations et qui sont dans une démarche d'opposition de principe', déplore Bernard Tabary, directeur général de Keolis, filiale de la SNCF et gestionnaire du réseau TCL.

Côté syndicats, on dénonce 'une politique de casse sociale' menée par des dirigeants 'irresponsables'. Résultat : les deux parties ne sont d'accord sur rien.

Pourtant, en novembre dernier, un accord de méthode sur 'les modalités de reconstruction du socle social', le bien nommé projet Edifis, est conclu à l'unanimité. La démarche, attendue depuis belle lurette, est historique. Le protocole porte sur quatre thèmes de négociations : la durée et l'organisation du travail, les rémunérations, la protection sociale et le droit syndical.

Autrement dit, la convention collective locale des TCL dans sa globalité. Un sacré challenge pour le deuxième plus grand réseau de transports en commun de France.

Un socle social complexe

Dix mois plus tard, retour à la case zéro, aucun terrain d'entente n'a été trouvé. 'On s'est arraché les cheveux sur certaines règles absolument incompréhensibles, vu de l'extérieur.

Cela relève parfois du délire', explique Stéphane Lambert, directeur du projet Edifis. Bref, l'incompréhension règne à tous les niveaux. La spécificité de la convention collective lyonnaise n'y est pas étrangère. Elle repose aujourd'hui sur trois cents accords d'entreprises, usages et pratiques accumulés depuis soixante-dix ans.

La direction, au travers de son projet Edifis, entendait simplifier cette architecture sociale complexe et revenir à un 'respect scrupuleux de la législation'. Les organisations syndicales, de leur coté, défendaient leurs acquis sociaux, 'obtenus par la lutte et les négociations'. 'Nous, on est privilégiées ?', s'emporte FO Maîtrise. A ce moment, on n'a qu'à revenir au bol de riz ! '. Réponse de Bernard Tabary : 'quelle entreprise serait capable, aujourd'hui de dire, 'mon actionnaire va investir 150 millions par an sur six ans' ?'. Les salariés répondent du tac au tac, arguant que les 6 à 8 millions d'euros de bénéfices de Keolis Lyon vont 'engraisser les dirigeants'.

Pression à tous les étages

Ajouté à cela, la pression de l'horloge : 'les négociations sur le projet Edifis doivent être terminées avant la fin de l'année', affirme la direction; et la pression politique : de nouvelles élections des représentants du personnel sont prévues courant novembre.

A propos de celles-ci Bernard Tabary ne mâche pas ses mots. Le directeur général de Keolis accuse les syndicats de prendre des 'postures électoralistes' qui 'alimentent la surenchère'. Les syndicats empêcheraient donc le schmilblick d'avancer. Vraisemblablement, le climat social n'est donc pas prêt de se détendre.

En attendant, les syndicats ont déposé un préavis de grève de 24 heures reconductible trois mois qui devrait débuter jeudi 24 septembre. Lundi, une réunion de la dernière chance est prévue pour désamorcer le conflit. L'initiative en tout cas n'est pas soutenue par les politiques.

En effet, la grève n'est pas inscrite à l'ordre du jour du prochain comité syndical du Sytral, autorité politique en charge des transports en commmun lyonnais, dirigée par des conseillers genéraux (Département) et des conseillers communautaires (Grand Lyon) qui se réunissent une fois par mois pour débattre de l'avenir des transports en commun dans le Rhône. Les conflits sociaux du personnel des TCL ne semblent pas les intéresser...

Retrouvez notre article sur la grève aux TCL dans le numéro de septembre de Lyon Capitale

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