Mardi 16 juin, avait lieu l’assemblée générale de l’institut Bioforce. Le bureau a joué l’apaisement dans les troubles que traverse l’école au niveau de sa gouvernance. À l’issue du vote renouvelant un tiers du conseil d’administration, l'institut Mérieux, dont le fondateur n'est autre que celui de Bioforce, a intégré le CA et compte bien y peser.
"Vous allez être déçus, il n’y a pas de flaques de sang dans la salle où se déroule le conseil !" La responsable de la communication de l’institut Bioforce est formelle, ce mardi 16 juin, en faisant visiter les locaux de l’école à nos deux journalistes : il n’y a pas de crise au sein de l’association.
Pourtant, comme Lyon Capitale l’avait expliqué dans un article paru le 12 juin, l’assemblée générale de l’école de l’humanitaire, mardi dernier, se déroulait dans un contexte tendu. Résultat : des débats houleux, mais une volonté commune d’aller de l’avant.
“Un peu le bordel !”
"Les membres du bureau ont tenté d’apaiser la situation. Un avocat était présent pour dire que la révocation de Mireille Guigaz s’était faite dans le cadre de la loi de 1901", rapporte une source interne à l’assemblée, en référence à la manière dont a été destituée l’ancienne présidente en janvier dernier. Cette décision avait crispé certains membres du CA, qui doutent des capacités de réforme du président élu par intérim, Jérôme Pupat.
L’institut Bioforce est effectivement confronté à plusieurs défis : d’un côté, trouver des financements auprès de grands investisseurs internationaux comme l’Union européenne, tout en s’assurant le soutien des collectivités locales. De l’autre, s’adapter à l’évolution du monde humanitaire : les pays en crise pourraient, à moyen terme, se passer des services des grandes ONG qui emploient les professionnels formés par l’école. Lors du CA de mardi, la stratégie à adopter a été débattue. Mais la manière de gouverner de l’actuel exécutif a aussi fait l’objet de critiques, provoquant quelques haussements de ton… "Ça a été un peu le bordel", précise un acteur du conseil.
"De temps en temps, il faut revenir sur la gouvernance. Il faut de la démocratie dans une association, explique ce membre du CA en parlant de l’opacité dans laquelle travaille l’exécutif. On a l’impression que les administrateurs sont là pour valider les décisions." Du côté de la présidence de Bioforce, on fait savoir que les réflexions stratégiques sont faites en concertation avec tous les membres du CA. Si ceux que Lyon Capitale a pu contacter affirment qu’ils sont désireux de travailler dans les meilleures conditions avec l’exécutif, ils n’en restent pas moins "attentifs à la situation".
Mérieux reprend la main
Le bureau a donc fait quelques concessions mardi pour prouver sa bonne foi et éviter que ses partenaires ne se détournent de l’avenir de l’institut. À l’occasion d’un vote renouvelant un tiers du CA, d’anciens élèves de Bioforce ont pu faire leur entrée, apportant un peu de fraîcheur dans les rangs d’une assemblée marquée par une grande cooptation.
"Les choses s’arrangent", veut espérer Jean-Louis Machuron, représentant de la fondation Mérieux. Les héritiers du projet du médecin et industriel lyonnais, par ailleurs fondateur de Bioforce en 1986, veulent un droit de regard sur la gouvernance de l’école. L'institut Mérieux, holding d'entreprises bio-industrielles, est entré au conseil d’administration suite au vote et veut s’assurer que "les valeurs portées par le nom Mérieux soient défendues". Une reprise en main qui sonne comme une mise en garde pour le bureau, les subventions du principal financeur dépendant de la bonne coopération entre les principaux acteurs du futur de l’école de l’humanitaire.
Autre changement mardi, l’ancienne présidente Mireille Guigaz, qui n’était pas candidate à sa réélection, est sortie du conseil d'administration. Elle reste membre de l’association. Jérôme Pupat a quant à lui confirmé qu’il remettrait sa démission en décembre.
Article mis à jour à 10h19 le 19/06/15