Sommet Climat et Territoires : "Il faut réveiller les décideurs"

Alors que le sommet mondial "Climat et Territoires" débutera demain à Lyon, Pierre Cannet, responsable du programme "Climat, énergie et infrastructures durables" au sein de la WWF nous a confié son point de vue sur les enjeux de cet événement, en prévision de la grande conférence sur le climat (COP 21), qui aura lieu à Paris au mois de décembre 2015.

Afin de préparer le futur sommet sur le climat de Paris, de nombreux acteurs politiques, associatifs et privés participeront aux débat durant deux jours les 1er et 2 juillet prochains dans l'hôtel de la région Rhône-Alpes à Lyon. Pour ce sommet, la WWF sera copilote de l'atelier autour des forêts, sur lequel elle travaille depuis plusieurs mois. Durant le sommet, dix thèmes seront abordés dont la déforestation. "Il faut travailler au corps thème par thème, ce qui est fait de bien sur le territoire pour identifier les leviers et les freins. Ensuite, il est facile de demander plus d'investissement des cadres réglementaires et d'intégrer le citoyen. C'est aussi l'objet du prochain sommet de Lyon que de mettre en lumière ces leviers et ces bonnes mesures qui sont prises partout dans le monde", a déclaré Pierre Cannet.

Face au dérèglement climatique et aux enjeux de la protection de l'environnement, ce sommet aura pour but de "réveiller les décideurs" à cinq mois du sommet de la COP 21 : "On attend un sursaut de la part de nos décideurs, qui leur permettrait d’aller plus loin dans l'action et dans l'explication. Nous voulons leur dire que la transition énergétique est en marche dans les territoires et qu'elle comporte des bénéfices pour tous les acteurs. On a besoin que les dirigeants du monde écoutent les propositions, les bonnes idées, pour qu'ils prennent des mesures et se donnent les moyens d'aller plus loin. Il faut réveiller les gouvernements parce qu'ils sont responsables de la mise en place des mesures qui vont dans le bon sens", a-t-il ajouté.

"Un accord ne s'achète pas, il appartient au peuple"

Un sommet axé sur l'éducatif, qui est là pour éveiller les consciences. De nombreux hommes politiques du monde entier seront présents pour participer aux débats, mais aussi pour s'informer dans l'optique de la COP 21 de Paris. Ce sera le cas de François Hollande, mais aussi de Gérard Collomb, Nicolas Hulot, Alain Juppé, Christiana Figueres (Secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) et bien d'autres personnalités politiques mondiales. Dans la prochaine conférence sur le climat de Paris, la charge de la preuve sera inversée, le focus sera mis sur les Etats et non sur l'accord final, comme nous l'a expliqué Pierre Cannet : "Aujourd'hui, à la différence du Sommet de Copenhague, les pays sont invités à poser leur Plan climat pour les prochaines années. Ils ont la possibilité de communiquer sur leurs objectifs à moyen et long terme. Le focus sera mis sur ce que les pays sont prêts à faire, et moins sur l'accord mondial final. La responsabilité est aujourd'hui sur les Etats. L'accord ne servira à rien s'ils ne s'engagent pas sur des chiffres précis."

D'autres acteurs plus étranges, bien que régulièrement partie-prenantes dans les conférences sur l'écologie ou dans le sponsoring écologique, seront aussi présents. GrDF, ENGIE, EDF, Veolia, Schneider Electric ou Air France, seront mécènes de ce sommet. Des entreprises parfois décriées sur le plan écologique, qui cohabiteront avec des associations et des ONG qui militent pour la défense de l'environnement. Un mélange des genres qui pose question. Sur ce point, Pierre Cannet s'est voulu ferme et clair : "Un accord ne s'achète pas, il appartient au peuple." Cependant, selon lui, cette présence n'est pas dérangeante si elle est constructive : "On va leur poser des questions. Si vous êtes là et si vous financez ce sommet, alors êtes-vous prêt à signer un accord pour favoriser les énergies renouvelables plutôt que les énergies fossiles ? Si vous soutenez un avenir durable, alors donnez-nous des gages pour ne pas dépasser la hausse de 2°C de la température, en respectant le budget carbone mondial restant ?"

"Aujourd'hui, il n'y a plus d'autres choix que d'aller vers les énergies durables"

Selon les scientifiques, sur les 2/3 du budget carbone mondial disponible, il reste aujourd'hui moins d'1/3, soit moins de 1000 gigatonnes. Si ce budget est épuisé d'ici 2030, la hausse de la température dépassera les 2°C, avec des conséquences catastrophiques sur l'environnement, dans le monde entier.

Pour le responsable du programme "Climat, énergie et infrastructures durables", la présence de ces entreprises sera un bon moyen de leur montrer les avantages qu'elles ont à tirer des énergies durables : "Leur présence est un moyen de les mettre face à l'impératif climatique. Aujourd'hui, il n'y a plus d'autres choix que d'aller vers les énergies durables. Les études économiques sur les impacts climatiques sont très claires : les énergies fossiles sont un mauvais calcul sur le long terme. Alors qu'il y a de nombreux intérêts à se diriger vers les énergies durables".

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