Régionales : échanges musclés entre Wauquiez et Queyranne

Jean-Jack Queyranne répétait depuis des semaines “avoir hâte d’engager le débat avec Laurent Wauquiez”. Il est passé aux actes mercredi soir, lors d’un débat entre candidats sur France Bleu. Et Laurent Wauquiez a relevé le gant. À dix jours du premier tour, la campagne s’anime.

Mercredi soir, sur les antennes locales de France Bleu, Jean-Jack Queyranne et Laurent Wauquiez, dans la dernière ligne droite de la campagne, ont remisé le climat d'unité nationale qui s'était instauré suite aux attentats de Paris.

L'entourage de Jean-Jack Queyranne s'interrogeait depuis quelques jours sur l'attitude à adopter quant à la proposition, formulée par Laurent Wauquiez au lendemain des attentats de Paris, d'interner les personnes fichées S. Le président PS du conseil régional a visiblement décidé d'en faire un axe de campagne : "Je n'exploite pas le business de la peur comme Laurent Wauquiez." Jean-Jack Queyranne a ainsi dénoncé l'attitude de son rival pendant la suspension de la campagne, dans les jours suivant les attentats de Paris : "Il fallait que les hommes politiques réagissent avec responsabilité et dignité (…) Chacun jugera des propos, des comportements (…) Moi, je n'ai pas couru les plateaux de télévision et les médias."

Jean-Jack Queyranne est ensuite revenu, sans l'évoquer, sur la proposition de son rival Les Républicains, parlant d'une annonce "dont le caractère est lié à des événements et qui ne peuvent pas être mis en place". Il accuse aussi Laurent Wauquiez de récupérer les attentats en proposant d'installer des portiques de sécurité à l'entrée des lycées. Le président du conseil régional a aussi rappelé que, depuis les attentats de Charlie Hebdo en janvier, la région avait financé des systèmes de sécurité dans la moitié des lycées de la région.

Wauquiez dénonce “le bilan calamiteux” des TER

Attaqué par son rival socialiste, Laurent Wauquiez n'a pas répondu. Il a en revanche contre-attaqué, en évoquant les TER : "Le bilan est calamiteux. Nous avons les trains les plus en retard de France. Certaines lignes comme Lyon-Annecy ont un train sur quatre. La ligne Saint-Étienne-Lyon a des retards réguliers."

Alors que le journaliste de France Bleu lui fait remarquer que Jean-Jack Queyranne a demandé des comptes à la SNCF, le numéro 3 du parti Les Républicains, cinglant, répond : "Vous pensez que les gens croient un président de région qui a exercé le pouvoir pendant dix ans et qui au moment de l'élection dit : N'ayez pas de doute, je vais demander des comptes à la SNCF ?"

Laurent Wauquiez a aussi proposé de réinvestir sur les routes, notamment l'autoroute A45. "M. Wauquiez nous dit “On va faire des économies partout” et je n'entends que des dépenses. C'est démagogique. Il a financé des trains, des routes et sans augmenter les impôts, c'est extraordinaire", a ironisé Jean-Jack Queyranne.

Empoignade sur les impôts

C'est justement sur le bilan financier de la région gérée par la gauche que les deux hommes se sont écharpés. "L'argent a été gaspillé. Vous avez 150 véhicules de fonction, des scandales financiers. Vous avez doublé la masse salariale. J'assume de dire que je ferai 300 millions d'euros d'économie sur la durée du mandat. Et il y a une autre différence entre vous et moi. Vous n'avez jamais voté une baisse d'impôt depuis que vous avez été élu en 1978. Ça fait trois ans que je baisse les impôts dans ma ville", a martelé le député-maire (LR) du Puy-en-Velay.

"Je ne réponds pas à Laurent Wauquiez, qui énonce des contre-vérités depuis le début de la campagne. Il n'y a pas d'augmentation d'impôts. Il n'y a pas d'imposition de la région, il faut être honnête", a répondu Jean-Jack Queyranne.

Sur la fiscalité, Jean-Charles Kohlhaas, chef de file du Rassemblement, a volé à la rescousse de Jean-Jack Queyranne : "M. Wauquiez dit beaucoup de choses qui sont fausses. Deux impôts sont sous la maîtrise de la région : la part modulable sur l'essence, qui représente moins d'un centime par litre ; si on baisse la carte grise, ça représenterait 18 euros d'économie chaque fois qu'il change de voiture. C'est un faux enjeu. 90 % des recettes de la région sont des dotations de l'État et pas des impôts sur lesquels nous avons la main."

“Vous n’avez pas le monopole” de la préférence régionale

Sur le thème de l'emploi, Christophe Boudot, tête de liste FN, a reproché à Laurent Wauquiez de reprendre ses idées lorsque le candidat Les Républicains développait son idée de préférence régionale dans les appels d'offres de la région.

"Vous êtes gentil, mais vous n'avez pas la monopole", a rétorqué Laurent Wauquiez. Les deux favoris de l'élection se sont aussi écharpés sur l'apprentissage, renvoyant leurs bilans respectifs, qui en tant que président du conseil régional, qui en tant qu'ancien secrétaire d'État en charge de la formation professionnelle.

Les principaux candidats à l'élection régionale se retrouveront pour le dernier grand débat, sur France 3, le 2 décembre à 22h50.

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