Didier Crétenet

Roms : le préfet et le maire de Saint-Genis-les-Ollières s’écharpent

Didier Crétenet est furieux contre le projet d’installation d’un centre d’insertion pour les Roms sur sa commune. Le maire de Saint-Genis-les-Ollières a menacé le préfet du Rhône de garder les portes des bureaux de vote closes pour le scrutin régional, avant d’être rappelé à l’ordre par Michel Delpuech.

Michel Delpuech, préfet de Rhône-Alpes et du Rhône, lors de sa première rencontre avec la presse lyonnaise, le 2 avril 2015, à la préfecture © Tim Douet

© Tim Douet
Michel Delpuech, préfet de Rhône-Alpes et du Rhône lors de sa première rencontre avec la presse lyonnaise, le 2 avril 2015.

Une passe d'armes en plusieurs épisodes, c'est la saga de cette fin novembre dans le Rhône. D'un côté, Didier Crétenet, maire de Saint-Genis-les Ollières, refuse catégoriquement la construction d'un village d'“insertion par l'école et l'emploi” (I2E) à destination des populations roms, qui doit voir le jour sur le territoire de sa commune. Face à lui, Michel Delpuech, préfet du Rhône, maintient avec fermeté l'intérêt de cette démarche, qui se matérialisera sur un terrain appartenant à l'État. Le site avait déjà fait la une de l'actualité après une action des Identitaires.

“Un déni de démocratie” pour le maire

Didier Crétenet © DR

Il y a plusieurs mois que Didier Crétenet se mobilise, soutenu par une partie de ses 4 800 administrés, pour mettre en échec le projet de construction sur le site de Chapoly. Aussi voit-il rouge quand, ce jeudi 19 novembre, un permis de construire est délivré par arrêté préfectoral. Le maire de cette petite commune de la métropole publie alors un communiqué très véhément, dont il adresse une copie au préfet.

Didier Crétenet évoque un "déni de démocratie", un passage en force ne prenant en compte ni la mairie ni les habitants, dont un millier avaient manifesté contre le projet.

Dans sa réponse, datée de mardi 24 novembre, Michel Delpuech dément cette absence de consultation et invoque les nombreuses entrevues accordées au maire en préfecture, par téléphone et sur le terrain.

Des menaces sur le scrutin régional

Face à une décision qu'il juge "autoritariste", l'édile annonce que "la commune va engager un recours en référé-suspension sur le permis de construire". Il appelle par ailleurs ses concitoyens à renvoyer leur carte électorale "en vue d'un envoi massif en préfecture", pour signifier la désapprobation populaire. Une centaine d'habitants auraient à ce jour sauté le pas, en soutien au maire, précise Le Progrès. Cette opération n'a qu'une valeur symbolique puisqu'il est possible de voter sans carte électorale. Une pièce d'identité suffit.

Plus grave, le maire menace de ne pas ouvrir les bureaux de vote pour le scrutin régional. Ses adjoints et lui ayant été "déconsidérés et malmenés", selon les termes du communiqué, ils ont "convenu d’assumer, en toute connaissance de cause, et en pleine conscience, le refus de constituer les 5 bureaux de vote de la commune nécessaires à la tenue des scrutins des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015".

Michel Delpuech prend acte. Et s'il rappelle que "tout maire, en tant qu'agent de l'Etat, est tenu d'assumer cette responsabilité", le préfet annonce qu'en cas de refus le représentant qu'il est y procédera d'office, comme le prévoit le Code électoral.

Art. L2122-34 du code général des collectivités territoriales

Conseil constitutionnel
Art. L2122-34 du code général des collectivités territoriales

Rappel à l’ordre du préfet

Qualifiant ces initiatives de "disproportionnées", Michel Delpuech "regrette profondément" l'attitude et la "perception du dossier" du maire de Saint-Genis-les-Ollières. À l'allusion, jugée stigmatisante, de Didier Crétenet aux "événements nationaux dramatiques que subit actuellement notre pays" en fin de communiqué, le préfet répond avec fermeté qu'il "serait dommageable de faire un amalgame entre les attentats et les populations défavorisées que nous souhaitons sortir de la précarité."

"Ce projet a en effet pour ambition d'intégrer, par la formation professionnelle des parents et la scolarisation des enfants, entre 15 et 20 familles Roms qui vivent actuellement dans des conditions indignes de notre République", rappelle le préfet.

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