Les clés du second tour des régionales

Pour remporter la bataille des régionales dimanche soir, Laurent Wauquiez doit contenir la montée du FN dans les mêmes proportions qu’au premier tour. Quant à Jean-Jack Queyranne, pour décrocher un troisième mandat, il doit faire le plein à gauche auprès de ses partenaires de second tour. Seule certitude, le vainqueur disposera d’une majorité potentiellement friable.

La gauche sauvera-t-elle Queyranne ?

Cécile Cukierman (PC) et Jean-Jack Queyranne à la préfecture, le soir du premier tour des élections régionales 2015 © Tim Douet

© Tim Douet
Cécile Cukierman (PC) et J-Jack Queyranne à la préfecture le 6/12/15.

Depuis dimanche dernier, Jean-Jack Queyranne s'enorgueillit de son score, le comparant à celui des autres candidats socialistes un peu partout en France : “Nous réalisons le même score qu'en 2010 au premier tour. Nous avons bien tenu.”

L'effondrement de la gauche de la gauche compromet, en revanche, les chances de victoire. Le sondage Ifop-Fiducial pour Le Progrès publié jeudi le confirme. Malgré un bon report des voix qui s'étaient portées au premier tour sur la liste du Rassemblement ou sur celle des communistes (81%), Jean-Jack Queyranne se retrouve derrière Laurent Wauquiez.

Dans la dernière ligne droite, l'équipe de campagne du président PS sortant pointait assez précisément d'autres réserves de voix. À Lyon, un “effet Collomb” est espéré après le ralliement du maire de Lyon. Dans les banlieues, généralement favorables à la gauche, Jean-Jack Queyranne espère aussi un sursaut de participation. À Vaulx-en-Velin, par exemple, la liste socialiste a obtenu 35,25 % des voix (13,61 % pour Laurent Wauquiez), mais avec seulement 25 % de participation.

Les stratèges de l'équipe de campagne de Jean-Jack Queyranne tablent aussi sur un sursaut du peuple de gauche face à la montée du FN. Mais, d'après le même sondage Ifop-Fiducial pour Le Progrès, l'entrée en jeu des abstentionnistes du premier tour ne renverse pas la table : 21 % d'entre eux envisageraient de voter pour Jean-Jack Queyranne, 19 % pour Laurent Wauquiez et 12 % pour Christophe Boudot (FN).

Wauquiez peut-il endiguer la montée du FN ?

Laurent Wauquiez en meeting à Saint-Étienne

© Élise Anne
Laurent Wauquiez en meeting à Saint-Étienne lors de la campagne des régionales 2015

Dans une France qui tourne le dos au bipartisme historique, Laurent Wauquiez se retrouve confronté à la montée du FN. Après avoir fait l'alliance avec les centristes dès l'été, Laurent Wauquiez a viré en tête le 6 décembre, mais sans réserve de voix apparentes. Comme aime à le souligner Jean-Jack Queyranne, Laurent Wauquiez a réalisé le même score que la droite et le centre en 2010. Face à cet argument, le député-maire du Puy-en-Velay invite à regarder les scores des candidats Les Républicains dans les autres régions de France : “Nous réalisons le deuxième score de France.”

“Il y a un vrai effet Laurent Wauquiez. Nos scores sont nettement supérieurs à ceux de Nicolas Sarkozy en 2007 comme en 2012 dans la plupart des départements. Cela montre que nous avons une vraie dynamique, avance son entourage. Dans l'entre-deux tours, Laurent Wauquiez semble aussi s'être créé des réserves de voix. Les électeurs de Debout la France semblent se reporter sur lui. Ses appels au “vote utile” porteraient aussi leurs fruits : 8 % des électeurs de Christophe Boudot (FN) au premier tour auraient l'intention de voter pour le numéro 3 du parti Les Républicains. Sa stratégie semble pour le moment payante. En endiguant la montée du FN, Laurent Wauquiez crée les conditions de sa victoire. Et il se donne du crédit dans le débat à venir chez Les Républicains sur la nouvelle ligne du parti à l'ère du tripartisme.

Combien de troisièmes tours ?

Conseil régional

© Yvan Archenault

Quel que soit le résultat du second tour, le vainqueur de ces élections régionales peut s'attendre à vivre des troisièmes tours délicats. Les sondages, avant le premier tour comme après, placent le vainqueur à 37 ou 38 %. Du fait de la prime majoritaire de 25 % accordée à la liste qui arrivera en tête, aucune alliance ne sera nécessaire pour l'élection du président du conseil régional. Le précédent de 1998 où Charles Millon (UDF-RPR) avait été élu avec les voix du FN ne peut donc se reproduire.

À gauche, minorité de blocage pour le Rassemblement et les communistes

Mais le mandat risque de ne pas être un long fleuve tranquille, en raison des alliances scellées par les candidats Wauquiez et Queyranne. Par exemple, dans ses projections les plus optimistes, Jean-Jack Queyranne table sur l'élection de 120 de ses colistiers. La majorité au conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes est à 102 élus. Les socialistes seuls n'auront pas la majorité (70 sièges). Ils devront donc composer avec les anciens candidats du Rassemblement et les communistes. Ces deux groupes bénéficieront donc, comme lors du dernier mandat, d'une minorité de blocage.

À droite, une charte qui définit des règles strictes

Laurent Wauquiez a de son côté fait alliance avec les centristes dès le premier tour. En cas d'élection, sa liste obtiendrait 115 à 120 sièges et les conseillers régionaux Les Républicains n'auront pas non plus la majorité absolue à eux seuls. Ils devront donc composer avec les centristes de l'UDI et du Modem (une trentaine de sièges). Laurent Wauquiez a signé, à leur demande, une charte qui définit les contours de leur alliance et des règles strictes. Le député-maire du Puy-en-Velay s'engage ainsi à rester président durant toute la durée du mandat. Mais c'est surtout dans les accords annexes à l'accord que se situent, à court terme, les gages les plus sûrs. “Patrick Mignola veut être investi aux législatives de 2017, il n'a aucun intérêt à lâcher Wauquiez", estime un candidat Les Républicains.

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