“La Taverne Gutenberg a un petit côté squatt berlinois”

Nouveau lieu alternatif de création, La Taverne Gutenberg, association située à l’angle de la rue Gutenberg et de la rue de l’Epée (Lyon 3e), offre sur trois étages un espace aux artistes. Entretien avec Mélina Nieto, la médiatrice de l’association.

La Taverne Gutenberg, galerie alternative

Clémence Cluzel
Les lyonnais Birdy Kids ont peint la façade de la Taverne.

Lyon Capitale : Quel est le concept du lieu ?

Mélina Nieto (Taverne Gutenberg) : C’est un laboratoire créatif qui est ouvert à tous. Maïa d’Aboville, designer interactif, et Henri Lamy, peintre d’origine lyonnaise, ont voulu créer une galerie qui soit un lieu vivant, dans lequel les visiteurs puissent intervenir, qu’ils soient acteurs du lieu.

Ils se sont inspirés de l’expérience parisienne du 59 rue de Rivoli. Pas mal de personnes ne se reconnaissent plus dans les galeries “classiques” car elles sont trop impersonnelles. Là, le principe est vraiment de créer un échange, de pouvoir observer les artistes travailler. On souhaite créer un lien social avec les gens de ce quartier très riche en termes de mixité.

Les expositions collectives ont déjà regroupé plus de 90 artistes et changent tous les trois mois. Ce qui nous intéresse, c’est de mélanger les disciplines, d’offrir un lieu d’exposition aussi bien aux confirmés qu’aux débutants. Les artistes nous sollicitent ou ils répondent à nos appels à projets, le plus souvent autour d’un thème. On met aussi en place des ateliers pour eux : ils louent pendant 3 à 6 mois un espace qu’ils investissent comme ils le souhaitent, c’est une sorte de résidence mais sans commande préalable. L’idée, c’est de créer une vraie communauté, de permettre une dynamique entre les artistes.

La Taverne Gutenberg, galerie alternative

Clémence Cluzel
Une des créations exposées dans la résidence artistique

Au départ “résidence artistique éphémère”, le projet s’inscrit-il maintenant sur une plus longue durée ?

La Taverne Gutenberg, galerie alternative

Clémence Cluzel
Création de l'exposition "Hybride"

À l’origine, le projet ne devait durer que trois mois, d’octobre à décembre 2015. Mais l’idée a tout de suite été un succès. Pour l’inauguration de l’exposition “Hybride” le 10 février, mille personnes étaient présentes. On a été très vite encouragés par le public et finalement la Taverne va perdurer et continuer à se développer. Le propriétaire de l’immeuble, sensible à l’art, a finalement renoncé à vendre son bien.

Justement, quelle est l’histoire de cet immeuble, dont le cachet donne un caractère spécial à la Taverne ?

Pendant deux ans, l’immeuble de trois étages était laissé à l’abandon, squatté. Avant ça, pendant des années, c’était un café algérien où se croisaient plusieurs générations, on venait jouer aux cartes, passer son après-midi… et dans les étages, il y avait des appartements.

Ces murs ont une longue histoire avec pas mal de rebondissements ! Et d’ailleurs, quand on a investi le bâtiment, on a trouvé plusieurs objets des anciens habitants qui sont maintenant intégrés aux expositions. On a voulu garder ce lien et ce passé, ce qui donne un petit côté squatt berlinois.

La Taverne Gutenberg, galerie alternative

Clémence Cluzel
Mélina Nieto, Mathilde Corbet et Guillaume Sénéchal, bénévoles de la Taverne, devant la bibliothèque digitale réalisée par Maïa d'Aboville

Quels sont les prochains projets, les ambitions du concept ?

Comme le projet ne devait être qu’éphémère, nous sommes toujours en phase de mise en route. Mais nous avons pas mal d’idées pour le pérenniser. Nous voudrions créer au rez-de-chaussée un bar-galerie d’exposition où les visiteurs pourraient acquérir des œuvres. Nous allons aussi développer les partenariats, notamment avec l’étranger, pour accueillir des artistes de divers horizons et obtenir aussi des aides financières.

La Taverne Gutenberg, galerie alternative

Clémence Cluzel
Accrochage de dessins et de textes

La Taverne s’autofinance pour l’instant car, même si la mairie du 3e et la Ville nous soutiennent, vu notre récente création nous n’avons pas de subventions. Nous sommes tous bénévoles, c’est un "projet passion", mais à terme nous espérons pouvoir salarier quelques personnes de l’association. Et enfin, nous avons aussi l’envie de créer une sorte de bibliothèque connectée qui proposerait des ouvrages gratuitement, d’art mais pas uniquement, sur Internet. Ce serait aussi une sorte d’hommage du futur à Gutenberg et son imprimerie !

La Taverne Gutenberg5 rue de l'Épée, Lyon 3e. Ouverte du mardi au vendredi de 15h à 19h, le samedi de 15h à 20h et sur rendez-vous.
contact@taverne-gutenberg.fr / 06 65 16 47 20
La Taverne fermera ses portes jusqu'à début mars, le temps d'un tournage de film.

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