Roman Polanski à l'Institut Lumière : la révolte du planning familial

Le réalisateur franco-polonais, toujours recherché par les Etats-Unis pour viol sur mineure, est l'invité de l'Institut Lumière ce soir à Lyon dans le cadre de la rétrospective consacrée à sa carrière. Pour le planning familial du Rhône, cette invitation envoie un signe clair : la volonté de rester dans l'entre-soi masculin, la solidarité à Roman Polanski et l'affranchissement des décisions de la justice américaine.

"Inviter Polanski en personne, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase" explique Marion Athiel du Planning familial du Rhône. Ce matin, le planning familial 69 a fait parvenir à l'Institut une lettre ouverte pour dénoncer sa politique de programmation. "Nous ne remettons pas en cause le talent ou la carrière de Roman Polanski ou même la rétrospective en elle-même. Nous soulignons qu'il est toujours recherché par les Etats-Unis et protégé par la France, la Suisse ou la Pologne. Il a reconnu le viol qu'il a commis en 1977 et la justice n'est toujours pas faite. Il n'est pas venu récupérer un prix en Italie car il savait qu'il serait arrêté. À Lyon, il peut venir sans aucune difficulté" poursuit-elle. Aux bureaux d'Interpol de la cité internationale, une notice rouge est au nom du célèbre réalisateur : "cette notice alerte nos services que cette personne est effectivement recherché par un pays membre, mais chaque pays membre décide de la valeur de ces notices. Dans ce cas-là, la France établit la valeur juridique des notices rouges au sein de son territoire" indique une source d'Interpol.

"L'idée n'est pas de faire polémique, mais de montrer un état de fait"

La lettre ouverte cherche à lancer la réflexion : pourquoi y a-t-il si peu de réalisatrices mises en lumière par l'Institut ? Le planning familial, comme d'autres associations lyonnaises, mais aussi l'élu de la Métropole à l'égalité Homme/Femme, Thérèse Rabatel, ont déjà souligné l'exclusion des femmes réalisatrices du prix "Lumière", attribué à des hommes depuis sa création, mais également à Jean-Paul Belmondo, acteur et non réalisateur. En guise de réponse selon le planning, l'Institut renvoie à une autre question : pourquoi y aurait-il si peu de femmes cinéastes ? Une repartie hypocrite selon le planning familial qui s'appuie dans son texte sur un article de Télérama qui affirme qu'en 2015, 25% des réalisateurs français sont des femmes : "si la direction de l'Institut Lumière manque d'idées au point de nous faire l'affront d'inviter Polanski en personne, nous ne pouvons que lui suggérer de se forger une réelle culture cinématographique ou d'assumer son parti-pris machiste et excluant. Même si le travail de l'Institut est remarquable, depuis 2005, une seule retrospective a été consacrée à une femme. S'ils ne savent pas qui inviter, nous avons une longue liste de réalisatrices de talent pour une programmation plus juste et plus égalitaire" propose Marion Athiel.

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