Oblik squat © Mathilde Delacroix
© Mathilde Delacroix

Villeurbanne : les squatteurs de l’Oblik seront expulsés

Le squat de Villeurbanne, l’Oblik, organisé autour de plusieurs activités, affiche sa volonté de s’intégrer à la vie locale. Ses occupants viennent de perdre leur procès intenté par la ville et doivent quitter les lieux sans délai.

Entrée du squat L’Oblik, à Villeurbanne © Mathilde Delacroix

© Mathilde Delacroix
Entrée du squat L’Oblik, à Villeurbanne.

Un groupe d’une quarantaine de personnes a élu domicile dans une usine désaffectée de Villeurbanne, depuis fin décembre 2015. Dans cet immense bâtiment appartenant à la ville, chaque pièce a trouvé sa fonction. Au premier étage, dans la cuisine, quelques squatteurs discutent entre eux. La pièce est remplie de canapés en cuir, de chaises en rotin et de tables en bois. Les étagères regorgent de livres et “La petite encyclopédie de l’art” est posée sur une des tables. “L’art”. C’est un peu le maître mot de toute cette bande de copains. L’Oblik n’est pas seulement leur squat, il représente également un projet culturel.

Au rez-de-chaussée, les graffs colorés habillent les murs et se baladent de pièce en pièce. Les habitants de l’Oblik ont essayé, depuis leur arrivée, de mettre en place de nombreuses activités ouvertes à tous. “Ce que l’on veut, c’est mettre en contact des personnes différentes, issues de milieux différents”, explique Simon, l’un des premiers arrivés à l’Oblik après avoir été expulsé d’un autre squat. Résultat, les hangars sont truffés de petites salles destinées à la musique, aux arts martiaux ou encore à la sérigraphie.

Squat l'Oblik

© Mathilde Delacroix
Les graffs ont été réalisés à l'occasion d'une session "jam graffiti", organisée par l'Oblik.
Le dojo de l'Oblik

© Mathilde Delacroix
Dans le dojo, des professionnels dispensent des cours d'arts martiaux.

Les squatteurs de l’Oblik ont des projets pour leur avenir dans les locaux. “Chacun peut apporter ses compétences et les partager. Deux ferrailleuses ont mis en place un atelier et nous ont créé un four. On y fait des pizzas meilleures qu’au restaurant !”, plaisante Simon. Quant à lui, dans le terrain en friche derrière l’usine, il a imaginé un jardin cultivé selon les principes de la permaculture. En attendant qu’une serre prenne place au milieu du potager, il s’occupe soigneusement de ses plants dans une pièce dédiée : “Le but, c’est que d’autres participent aussi au projet.”

“On valorise un lieu vacant et pourri”

Les hangars abritent un foyer, lieu de rencontres privilégié entre les occupants de l’Oblik et les gens de l’extérieur puisqu’il est ouvert à tous, deux fois par semaine. Il n’est pas rare que plusieurs personnes voire des associations, attirées par le gigantesque espace, demandent à pouvoir l’utiliser. “Une équipe de roller derby vient s’entraîner dans nos locaux. On accueille aussi un groupe de samba.” Une chorale vient également de se monter. “On essaie de valoriser un lieu vacant et pourri”, raconte Simon. C’est d’ailleurs pour cela qu’il aimerait simplement qu’on “leur foute la paix”.

Les plantations de Simon

© Mathilde Delacroix
Simon entretient ses plantations de basilic, de tomates et de pommes de terre et espère ensuite pouvoir les planter dans son potager.
Le four de l'Oblik

© Mathilde Delacroix
Deux ferrailleuses de formation qui vivent au squat ont fabriqué un four.

Mais l’Oblik est expulsable. La mairie de Villeurbanne leur a intenté un procès le 4 avril dernier pour réclamer leur départ immédiat. Le verdict est tombé dans la soirée du lundi 25 avril : les squatteurs ont perdu et devront quitter l’usine dès que l’ordonnance du tribunal sera publiée. Un soulagement pour la mairie, qui s’estime satisfaite, “au regard des désagréments causés par le squat sur le secteur et les risques de sécurité”.

Si les squatteurs nient avoir provoqué toute nuisance, ils étaient cependant conscients que la sécurité pourrait jouer en leur défaveur.

“Ce quartier résidentiel n’est pas adapté à une occupation de ce type”

La mairie explique n’avoir pas souhaité trouver un terrain d’entente avec les occupants de l’Oblik à propos de leur expulsion, “inévitable” selon elle. Pourtant, elle aurait essayé de “les accompagner vers la sortie en bonne intelligence”. Une démarche irrecevable pour les habitants dont certains auraient répondu avec véhémence aux huissiers. Même le caractère culturel du squat n’a pas changé la position de la mairie. “Cette ancienne usine est un site industriel, pas une salle de spectacle”. En ajoutant que “le quartier résidentiel n’était pas adapté à une occupation de ce type”.

Le foyer de L’Oblik, lieu de réunion des habitants du squat et des personnes de l’extérieur présentes pour des activités © Mathilde Delacroix

© Mathilde Delacroix
Le foyer de L’Oblik, lieu de réunion des habitants du squat.
Les hangars de l'Oblik

© Mathilde Delacroix
Les immenses hangars de l'Oblik sont utilisés pour des activités comme le roller derby ou le football, entre autres.

Quand nous avons rencontré Simon et les autres occupants, ils ne connaissaient pas encore le rendu du tribunal. “Si on perd, on ne sait pas si on fera appel, puisqu’on devra de toute façon partir immédiatement”.

Quant à leur avenir, les squatteurs l’estiment encore flou. “Il faut voir le niveau de fatigue qu’on aura après le procès. Soit on fera un squat discret, soit une habitation comme l’Oblik”, imagine Simon. Mais ils ont une seule certitude. “De toute façon, il faut bien que l’on habite quelque part”.

Les commentaires sont fermés

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut