Kamel Kabtane © Tim Douet 043
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"L'étude sur les musulmans de France a le mérite d'exister"(K.Kabtane)

L'étude de l'Institut Montaigne "un islam français est possible", permet de "cerner tous les problèmes", selon le recteur de la grande mosquée de Lyon. Elle a aussi le mérite, selon Kamel Kabtane, de prouver "qu'une majorité de musulmans de France ne sont pas hostiles à la laïcité".

Si le recteur de la grande mosquée de Lyon estime que l'étude de l'Institut Montaigne sur les musulmans de France "a le mérite d'exister", il se questionne tout de même sur les critères de réalisation et le choix des personnes interrogées. L'étude "un islam français" de l'Institut Montaigne s'appuie sur un sondage réalisé par l'Ifop auprès de 1029 personnes de confession ou de culture musulmane (dont 874 se déclarant musulmanes), extraites d'un échantillon de 15 459 métropolitains âgés de 15 ans et plus. Les grandes tendances qui se dégagent de l'étude sont que 46 % des personnes interrogées sont "soit totalement sécularisées, soit en train d'achever leur intégration", que 28 % d'entre elles s'affirment "en marge de la société" et que 25 % sont "plus pieux et plus identitaires", mais rejettent notamment le voile intégrale. Alors que les niveaux de qualification des personnes interrogées sont proches de la moyenne nationale, l'étude montre une surreprésentation des musulmans dans les milieux populaires ou éloignés de l'emploi. Elle détermine également en conclusion que "la question sociale est la priorité des musulmans interrogés, bien avant les questions religieuses ou identitaires".

"Il faut peut-être creuser un peu plus"

Kamel Kabtane souligne que le sondage a été réalisé entre le mois d'avril et le mois de mai, avant l'attaque de Nice le 14 juillet et la question de l'interdiction ou non du burkini sur les plages de certaines communes françaises. "J'estime qu'il faut peut être creuser un peu plus. Mais je suis content qu'enfin on sache que les musulmans peuvent s'exprimer et montrer exactement ce qu'ils veulent. Car cette étude montre aussi la diversité de la communauté musulmane : tous les musulmans n'ont pas la même vision des choses, mais dans leur globalité, ils sont, si je puis dire, républicains". L'étude montre notamment que la majorité des musulmans interrogés ne refusent pas la mixité : ils sont 88 % a accepter de serrer la main à une personne du sexe opposée et donc 12 % à ne pas le faire. "Ils sont nombreux à donner leur point de vue sur la mixité, le voile et la place de l'islam en France. Je pense que ce sont trois éléments sur lesquels il faut approfondir un peu plus. Mais on sent que la grande majorité des personnes interrogées ont une vision très différente par rapport à ce que l'on pense d'eux aujourd'hui", estime Kamel Kabtane.

28 % sont en faveur de la Charia

Parmi les chiffres du sondage réalisé par l'Ifop, l'un d'entre eux concerne les croyants qui ont "adopté un système de valeur clairement opposé aux valeurs de la République" et s'affirment "en marge de la société". Ainsi, 28 % des musulmans interrogés se déclarent en faveur des lois religieuses islamiques, la Charia. Pour Kamel Kabtane, cette proportion montre la nécessité d'un travail d'explication et d'information, notamment vis-à-vis des jeunes : "aujourd'hui, il y a besoin d'expliquer aux jeunes ce qu'est réellement la laïcité et ce qu'est aussi la charia, est-ce qu'ils savent exactement de quoi ils parlent ?" se demande le recteur de la grande mosquée de Lyon. Pour lui, en dehors de ce chiffre, "d'après ce que dit ce sondage et cette réflexion, il y a une volonté des musulmans de calmer les choses". La conclusion du rapport va dans ce sens : "pour éviter de tomber dans le piège tendu par les extrémistes, le discours politique doit d'appuyer sur la majorité silencieuse, insérée avec succès dans la société française".

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