Pantalon en cuir, T-shirt moulant, bottes de moto, un anneau à l’oreille et la barbe de deux jours. Portrait d’un chef d’orchestre au look à la Mad Max, à l’occasion d’un concert Haendel/Rebel.
Stefano Montanari est un chef qu’on voit beaucoup à Lyon – à l’opéra, où il est depuis plusieurs saisons régulièrement invité.
Violoniste et pianiste de formation, cet Italien se spécialise dans le baroque et devient violon solo de l’Accademia Bizantina de Ravenne dirigée par Ottavio Dantone (il y restera de 1995 à 2012). Au clavier, il accompagne et dirige depuis le clavecin ou le pianoforte et s’acoquine au jazz avec le saxophoniste Gianluigi Trovesi. Sans pour autant délaisser le violon baroque, tantôt en récital solo comme l’an dernier à l’opéra avec cette frénétique intégrale des sonates et partitas de Bach, tantôt en soliste à la tête de l’orchestre, qu’il dirige du bout de l’archet quand le répertoire s’y prête – sa carrière en tant que chef semble aujourd’hui lancée.
Stefano, le f(o)ugueux
À Lyon, Stefano Montanari s’est illustré dans la trilogie Mozart/Da Ponte, L’Enlèvement au sérail, mais aussi dans Rossini ou Carmen de Bizet. Et quand l’orchestre de l’Opéra fut invité par les Nuits de Fourvière à interpréter le compositeur américain crossover Moondog entre jazz et pop, c’est tout naturellement à lui qu’on a fait appel – se dandinant pour l’occasion pour marquer le temps “swing” des pièces là où d’autres se seraient contenté de remuer la baguette.
Un sens du spectacle à toute épreuve donc, mais qui ne saurait faire oublier des qualités indéniables de chef d’orchestre. Une fougue communicative dont le public pourra attester au printemps dans Alceste de Gluck et un concert symphonique Mozart à l’opéra, mais aussi dès cette semaine avec le très beau programme baroque délocalisé au théâtre de la Renaissance.
Au menu, les deux célèbres suites de musique d’extérieur de Haendel que sont Water Music et la Musique pour les feux d’artifices royaux, mais également une curiosité du répertoire baroque : Les Éléments du compositeur français Jean-Féry Rebel. Musique descriptive par excellence, cette fresque dépeint en musique les quatre éléments que sont le feu, l’air, la terre et l’eau, introduits du Chaos qui les précède.
Une œuvre programmatique à l’orchestration savoureuse qu’il est agréable de voir s’inscrire au répertoire (de plus en plus large) de l’orchestre de l’Opéra.