"Au nom du peuple": le slogan du FN confirmé par la Justice

L'association lyonnaise "Au nom du peuple", dont la vocation est de défendre l'Etat de droit et l'égalité devant la loi, vient de perdre un procès contre le Front National. Par cette décision, le parti est autorisé à utiliser le nom de l'association comme slogan de sa campagne pour 2017. L'association va faire appel.

"Il n'y a pas de confusion aux yeux du public entre le slogan et le nom de l'association" ont estimé les magistrats dans le procès qui oppose le parti de Marine Le Pen à une association lyonnaise. Pourtant, les juges reconnaissent que le Front National n'avait pas le droit, selon la loi, de déposer une marque sur le nom d'une association. Cette décision illustre pour la présidente de l'association, Corinne Morel, une décision "politique". "Les juges ont favorisé un parti politique en période de campagne électorale contre une association. En mai 2017, tout le monde associera "Au nom du peuple" avec le FN, c'est évident. Si nous apparaissons comme une émanation du Front National, les gens n'auront même plus la curiosité d'aller voir ce que l'on fait. Nous nous retrouvons associé à un parti politique alors que notre ligne est apolitique".

L'association, qui regroupe entre 80 et 100 membres, veut faire appel de cette décision, même si les fonds manquent pour le faire. "Nous n'avons plus de fonds, mais nous allons essayer de trouver une solution. De toute façon nous n'avons pas le choix, sinon l'association va disparaître". Le Front National ne pourra cependant pas créer une page Facebook et un compte Twitter "Au nom du peuple", déjà détenus par l'association lyonnaise. "Au moins à ce niveau-là, la justice s'applique. Quand un nom est pris, il est pris", estime Corinne Morel.

"L'indépendance devient de la toute-puissance lorsqu'il n'y a aucun contrôle"

La situation actuelle de l'association illustre bien, selon sa présidente, son cœur de mission. "Dans une société démocratique, il faut des règles. La révolution française a déterminé l'égalité des droits et cette égalité suppose que la loi soit appliquée pour tous de la même manière. Ce n'est pas le cas. Aujourd'hui, cela dépend des juges et non plus de la loi." L'association met notamment en cause certaines méthodes de la magistrature, qui sous couvert de l'indépendance nécessaire par rapport au pouvoir politique ne concède pas de contrôle extérieur sur ses actions.

"Une association qui met en cause certaines méthodes de la magistrature peut-elle être jugée par des magistrats, qui sont à ce moment-là juges et parties ? Les juges veulent nous affaiblir, ils nous déboutent, c'est la troisième fois. Comment fait-on pour défendre nos droits dans ces cas-là ?" s'interroge Corinne Morel, qui estime que "l'indépendance devient de la toute puissance lorsqu'il n'y a aucun contrôle" et "qu'aujourd'hui, personne ne peut s'exprimer contre les juges, qui doivent être tenus par la loi."

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