Lyon: les problèmes du 4e centre de rétention administrative de France

Forum Réfugiés a publié fin 2016 son rapport 2015 sur la rétention administrative en France, dont un chapitre est consacré au centre de rétention administrative de Saint-Exupéry.

Le centre lyonnais de rétention administrative compte 112 places. Il est installé dans un ancien hôtel Formule 1 proche de l'aéroport Saint-Exupéry. "Les bâtiments n'étant pas à l'origine destinés à héberger un nombre de personnes si important, des problèmes d'isolation et d'humidité sont rencontrés", souligne Forum Réfugiés dans son rapport. "Au cours de l'année [2015], plusieurs chambres ont été fermées en raison de travaux de rénovation des salles de bains", regrette l’association, dont le siège est basé à Lyon, qui parle aussi d’un problème de punaises de lit – réglé depuis. C'est un lieu peu adapté et difficile d’accès que dénonce Forum Réfugiés, le seul moyen de transport en commun pour s'y rendre étant Rhônexpress, dont le billet coûte entre 23,3 et 27,5 euros l'aller-retour.

Dans son rapport, l’association pointe aussi une modification du comportement des autorités dans le placement familial depuis la circulaire du 6 juillet 2012, qui a limité ces placements "à des cas exceptionnels" et "obligé la préfecture à modifier ses pratiques". "Ainsi, ces derniers ont développé la pratique consistant à interpeller l'un des parents, le plus souvent le père, afin d'inciter la mère et les enfants à quitter le territoire français. Ainsi, au cours de l'année 2015, cinquante parents d'enfants mineurs ont été placés au CRA de Lyon", écrit Forum Réfugiés. De nouveaux usages qui, selon l'association, ont poussé "quatre pères de famille, risquant d’être expulsés sans leurs enfants, à tenter de mettre fin à leurs jours au centre de rétention de Lyon en décembre 2015".

Le CRA de Lyon en chiffres

1 950 personnes ont été retenues en 2015 au CRA de Lyon, ce qui en fait le quatrième plus gros centre de rétention de métropole, derrière ceux de Vincennes (3 769 rétentions), du Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne (3 749 rétentions) et de Coquelles dans le Nord (2 679 rétentions). À Lyon, 93,24% des personnes détenues sont des hommes et 6,76% des femmes. Des chiffres conformes aux pourcentages nationaux.

Parmi les nationalités représentées, les Albanais étaient 358 (18,2%) en 2015, les Tunisiens 248 (12,6%) et les Algériens 211 (10,7%). 19,1% des personnes détenues ont été interpellées à la frontière, 18,2% sur la voie publique, 16,6% lors de contrôles en gare et 10,7% lors de contrôles routiers.

En moyenne, ces personnes détenues sont restées en rétention 13 jours. Seuls 27,6% des détenus restent plus de 17 jours au CRA de Lyon. Au terme de leur détention, 36,8% des personnes ont été libérées par décision du juge judiciaire ou administratif, 1,4% ont été assignées à résidence et 60% ont fait l'objet d'une mesure d'éloignement.

En France, la politique du chiffre grâce aux pays de l’Est

En France, 47 565 personnes ont été enfermées en rétention en 2015 (237 610 entre 2011 et 2015). Dans les CRA de métropole, 51,9% des personnes ont été libérées, 1,2% assignées à résidence et 46% éloignées. Parmi les personnes éloignées, la moitié le sont vers l'Europe, dont beaucoup à destination des pays de l'Est.

"Le sort des Albanais, comme celui des Roumains, illustre un recours à la rétention qui semble avoir pour principale finalité de faire du chiffre", critique Forum Réfugiés. Depuis 2010, les ressortissants albanais peuvent circuler librement sans visa dans l'Union européenne, à condition d'avoir un passeport biométrique. Cette facilité de déplacement, vers leur pays ou vers la France, n'incite pas les ressortissants albanais et roumains à engager des procédures pour contester leurs expulsions. "Les Albanais, comme les Roumains, sont ainsi devenus une nationalité facilement expulsable du territoire", conclut Forum Réfugiés.

Les chiffres corroborent les propos de l'association, puisque le taux d'éloignement des Roumains et Albanais est supérieur à 80%, quand il est, en général, inférieur à 40% pour les autres pays. Là où le taux moyen d’exécution des obligations de quitter le territoire est de 22,8% en France, il grimpe à 47,4% pour les Albanais selon Eurostat.

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