Le PS résistera-t-il à une victoire de Benoît Hamon ?

Avec la possible victoire de Benoît Hamon à la primaire, c’est le spectre d’un exode massif d’élus vers le mouvement d’Emmanuel Macron qui pourrait se jouer dès dimanche soir. De nombreux cadres socialistes ne s’imaginent pas soutenir le représentant de l’aile gauche du parti.

Benoît Hamon aborde le second tour de la primaire socialiste en ballottage très favorable. Mais, en cas de victoire, la route qui s'ouvrirait à lui serait escarpée. Dès le soir du premier tour, de nombreux socialistes, soutiens de Manuel Valls ou d'autres candidats, nous ont en effet fait part de leur manque de motivation pour soutenir Benoît Hamon.

"Le programme de Benoît Hamon est inapplicable. Au mieux, c'est une utopie. Surtout, Hamon, pour moi, ce sont les trente députés frondeurs qui ont foutu en l'air le quinquennat. Ceux là, je ne les rallierai pas",s'engage un parlementaire du Rhône.

Durant l'entre-deux tours, de nouveaux socialistes lyonnais ont annoncé leur ralliement à Emmanuel Macron. L'exode pourrait s'accélérer si le candidat de l'aile gauche du PS venait à l'emporter. Le vainqueur de la primaire PS pourrait donc faire campagne sans le soutien de l'appareil et de ses élus.

Ce risque, Jules Joassard, porte-parole de Benoît Hamon dans le Rhône, ne veut pas en entendre parler : "Tous les candidats à la primaire se sont engagés à soutenir le vainqueur, quel qu'il soit. Nous, à l'aile gauche, nous en avons soutenu, des candidats et des programmes en lesquels nous ne croyions pas." Mais la loyauté n'est pas automatique.

“OPA hostile”

"Le point de non-retour est atteint. Benoît Hamon ne fera pas plus de 6 ou 7 % à la présidentielle s'il va au bout de sa candidature. Il faut savoir en terminer avec lui et ses amis, qui ont fait des crocs en jambe au PS durant le quinquennat. On aurait déjà dû le faire en 2005, quand il a voté, avec ses amis, contre le traité européen", nous confiait, ce jeudi, Jean-Yves Sécheresse pour justifier son soutien à Emmanuel Macron.

Une situation qui désespère le président du groupe PS au conseil régional, Jean-François Debat, partisan d'une candidature de Manuel Valls : "Moi, je soutiendrai le candidat désigné par la primaire. Benoît Hamon n'y est pour rien, mais ceux qui votent pour lui font le jeu d'Emmanuel Macron. S'il voulait faire une OPA sur la gauche, il n'avait qu'à venir à la primaire. Aujourd'hui, il fait une OPA hostile sur le PS tout en développant un discours ni droite ni gauche. Je n'imagine pas que demain des responsables du PS soutiennent Emmanuel Macron au motif que le candidat qu'ils soutenaient n'est pas investi. Si la gauche se divise en deux, nous ne gagnerons plus une élection pendant les cinq à dix ans qui viennent."

Dimanche soir, plus que l'identité du candidat PS aux présidentielles, c'est peut-être l'unité du parti qui va se jouer.

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