Bruno Bonnell petit portrait
© Tim Douet

Macron à Las Vegas : “polémique ridicule” et “business as usual” ?

L’inspection générale des finances soupçonne un “délit de favoritisme” de Business France à l’attention du géant Havas, à qui l’organisation de la venue d’Emmanuel Macron à Las Vegas en janvier 2016 avait été confiée sans appel d’offres. Pour l’entrepreneur lyonnais du numérique Bruno Bonnell, référent départemental du mouvement En Marche, la réactivité dont aurait fait preuve l’ex-ministre de l’Économie devrait plutôt être “louée que critiquée.

Est-ce seulement parce que la venue d'Emmanuel Macron à Las Vegas le 6 janvier 2016 s'est décidée au dernier moment que l'entreprise Havas a directement été choisie, sans mise en concurrence préalable, pour organiser un déplacement de deux jours à 381 759 euros ? Ce mercredi, Le Canard enchaîné révèle que l'inspection générale des finances enquête sur un possible délit de favoritisme concernant l'attribution de l'organisation d'un déplacement d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas.

Une "polémique ridicule", selon Bruno Bonnell, qui estime que "si l'inspection générale a envie de regarder la légitimité de cela, ça n'a rien à voir avec le mouvement En Marche, ni même avec le ministère de l'Économie". Pour justifier l'absence d'appel d'offres auprès du Canard enchaîné, la directrice générale de Business France évoquait une demande d'organiser "en catastrophe la manifestation" de la part du cabinet d'Emmanuel Macron, seulement trois semaines avant l’événement. Un argument entendu volontiers par Bruno Bonnell.

"Il y a des déplacements ministériels qui s'organisent et se décident en quelques jours, parce qu'on estime que c'est important par rapport à un contexte d'actualité ou par rapport à un contexte concurrentiel. N'importe quel gouvernement fait comme ça. Comment anticiper trois ans à l'avance qu'il va y avoir 150 start-up françaises qui vont exposer au CES de Las Vegas ?" interroge le patron de Robopolis. "Cette réactivité devrait plutôt être louée que critiquée. Est-ce qu'on aurait pu économiser un peu d'argent ? Probablement. Mais le fait est que ce n'est pas hors norme", considère Bruno Bonnell.

Le “droit à l’erreur administrative” du programme de Macron

Le référent du mouvement En Marche dans le Rhône rappelle également que le programme d'Emmanuel Macron comprend "le droit à l'erreur administrative". "Il faut arrêter de stigmatiser d'une façon quasiment ridicule les erreurs qui peuvent être objectives et faites par manque de temps, d'attention, etc. Si c'est un fait répété, et que Business France travaille sans appel d'offres et systématiquement avec Havas, je comprendrais que l'on dise qu'il ne faut pas exagérer. Mais si, vu le délai imparti, une procédure d'urgence a été mise en place pour trouver une entreprise à même d'organiser rapidement l’événement et que cela a été fait, je n'ai pas de problème avec ça", déclare Bruno Bonnell.

Présent à chaque CES de Las Vegas depuis 1983, Bruno Bonnell n'est pas choqué par les tarifs révélés par Le Canard enchaîné : 381 759 euros pour deux jours, dont 100 000 euros pour l'hôtel, dans lequel chaque chambre était facturée 300 euros la nuit. "C'est un budget qui peut paraître énorme, mais qui est en cohérence avec les standards internationaux. Ça fait trente-quatre ans que je vais au CES et à chaque fois plusieurs millions de personnes débarquent à Las Vegas. Bien évidemment, en bon Américain, les prix des hôtels flambent. Paradoxalement, une chambre à 300 euros la nuit pendant le CES, ce n'est pas cher. Après, on pourrait mettre un ministre de la République en exercice dans le motel 66 à 50 kilomètres du centre-ville pour 150 euros, mais heureusement, ce n'est pas ce qu'il se passe", poursuit-il.

"J'ai organisé des présentations à Las Vegas, c'est business as usual. Mais je suis triste de constater que c'est de cela dont on parle à ce moment-là de la campagne. Qu'un ministre en exercice aille saluer des boîtes françaises à Las Vegas, comme un geste diplomatique et économique majeur pour sacraliser le fait que notre pays était la première délégation sur le terrain le plus compétitif de l’électronique grand public mondiale, je trouve ça plutôt super", conclut Bruno Bonnell.

Suite aux révélations du Canard enchaîné, le parquet national financier a indiqué à l'Agence France Presse attendre "plus d'informations" pour "envisager les suites éventuelles à donner" à ces soupçons de favoritisme.

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