Rue Grôlée, ce dimanche 23 avril, la soirée électorale En Marche! avait de faux airs d’un happening de Spencer Tunick. Quand le photographe américain avait invité les Lyonnais à se dénuder pour poser ensemble à la Confluence, nombreux étaient ceux bien gênés de se retrouver en tenue d’Ève face à des connaissances qu’ils n’imaginaient pas participer à un tel événement. “Ah ! vous êtes avec Macron, vous aussi ?” a été le gimmick d’une soirée qui a eu besoin de beaucoup de bière et de vin blanc pour se débrider un peu.
“Je suis le garant du renouvellement des visages”, promet le candidat Emmanuel Macron. À écouter les calculs boutiquiers des macronistes au soir du premier tour à Lyon, on se demande bien ce qui a été renouvelé. Et l’on craint le retour de la vieille ficelle : moitié de candidats incarnant le renouvellement dans les circonscriptions ingagnables, une écrasante majorité d’“hommes d’expérience” envoyés au final à l’Assemblée. Ou alors il y aura beaucoup de déçus dans la classe politique lyonnaise. Qui sait ?
On écrit bien “candidat” et non pas “futur président”. Car il serait hasardeux de chanter avec En Marche! que le deuxième tour est plié d’avance. En 2002, 82 % des électeurs n’avaient pas eu besoin de longues hésitations pour faire barrage au FN dans les urnes. La jeunesse – et toute l’équipe de Lyon Capitale avec elle – avait défilé pendant quinze jours, histoire de rameuter sur le chemin de l’isoloir. Quinze ans plus tard, la jeunesse qui a placé Jean-Luc Mélenchon en tête ne veut plus entendre parler de “vote utile”. Quand, à droite, on a trouvé au local de Fillon – au grand étonnement des élus présents – une majorité de militants qui assumaient sans fard un vote FN au second tour. Macron contre Le Pen ? Même à Lyon Capitale, beaucoup ont la tentation d’aller à la pêche. Le front républicain est bel et bien mort ; si le FN continue à progresser d’élection en élection, plus rien ne viendra lui bloquer les portes du pouvoir. Dès 2017 ? “C’est la dernière chance avant le chaos”, résumait un conseiller ministériel à la soirée Macron, qui lui au moins avait perçu que l’ancien ministre de l’Économie ne devait pas décevoir. Encore faut-il qu’il accède au pouvoir... Emmanuel Macron a gagné sur une ligne politique claire, “libéral-libertaire”, dont il n’est pas évident qu’elle soit encore majoritaire dans le pays. “Cette élection sera comme un référendum sur l’Europe”, s’est hasardé le commissaire européen à l’économie Pierre Moscovici. Une stratégie de second tour bien audacieuse, si l’on se souvient du verdict des Français en 2005 et plus récemment de la Grande-Bretagne… Lyon Capitale a commencé, et continuera, à essayer de démêler les réseaux et éventuels renvois d’ascenseur d’Emmanuel Macron. On se demande toujours bien où nous emmènerait l’étrange attelage qui le suit. Mais l’on sait en revanche trop bien où nous ferait sombrer une victoire de Marine Le Pen, portée par un FN encore moins “dédiabolisé” qu’elle. Entre les deux aventures, ce n’est pas un choix, juste une évidence.
À lire dans notre mensuel de mai, en kiosques dès ce vendredi 28 avril :– Génération Macron / portraits robots– Les députés Macron feront-ils le poids ? (projections par circonscriptions)– Collomb enfin ministre ? (mais que se passerait-il alors à la métropole ?)– L’ovni Macron redessine la carte électorale dans l’agglomération lyonnaise– Les astres éteints de la politique (le PS et Les Républicains)– Wauquiez, la tentation du départ |
En 1981, on disait que si la gauche venait au pouvoir, on verrait les chars soviétiques sur les Champs-Elysées. On connaît la suite ! Pour l'instant Hollande s'en va et on aura éviter le chaos.