Le Cas Sneijder est un roman désopilant, l’un des meilleurs de Jean-Paul Dubois. À partir de mardi, les Célestins présentent son adaptation pour la scène par Didier Bezace, où Pierre Arditi, brillant, incarne le double littéraire de l’écrivain.
Avec Le Cas Sneijder (publié en 2011) Jean-Paul Dubois a une nouvelle fois conçu un de ces romans qui happent le lecteur, sans rémission. Son narrateur, prénommé Paul comme à son accoutumée, se débat dans d’insolubles problèmes liés à des déboires familiaux et professionnels. À ce double littéraire, il prête son regard désabusé sur la tragi-comédie humaine qui l’entoure. Il nous met en présence d’un homme qui répugne à l’action jusqu’au moment où, forcé par les événements, il s’y décide. Coups d’éclat jubilatoires, règlements de comptes brutaux : les faux-semblants explosent façon puzzle. L’auteur d’Une vie française (prix Femina 2004), grand admirateur de John Updike, est en effet hanté par la violence contenue, le désordre intérieur qui se manifeste soudain, rompt le cours faussement tranquille des existences corsetées. L’élément qui amène son héros à bouleverser sa vie bien réglée – entre sa femme qui le trompe deux fois par semaine (précisément) et ses deux fils (d’imbitables jumeaux) – est ici la perte de sa fille. Une jeune femme née d’un premier mariage qui meurt dans un accident d’ascenseur auquel il est le seul à survivre. De cette perte, il sort dévasté, et se livre à une réflexion féroce sur le rôle des ascenseurs dans nos sociétés verticales. Didier Bezace, qui signe ici l’adaptation et la mise en scène a confié le rôle principal à Pierre Arditi, dont il se dit que la prestation est exceptionnelle. Sa voix off accompagne la chute de son propre personnage, errant dans un espace qui s’ouvre et se ferme au gré de ses souvenirs et de ses rêves.