Guarnido
© Tim Douet

Lyon BD Festival : les aventures de Blacksad se déclinent encore

Au Lyon BD Festival, le moment tant attendu par les amateurs du 9ème art est l'occasion de rencontrer ses auteurs préférés. Le dessinateur de Blacksad, Juanjo Guarnido a tenu une conférence intime au cours de laquelle il est revenu sur sa manière de travailler, n'omettant pas quelques révélations inédites.

Juanjo Guarnido, son nom fait frémir les fans de la série Blacksad qui ce samedi 10 juin attendent impatiemment l'ouverture du Cinéma Lumière Terreaux. Une file d'attente grandissante qui piétine et qui râle, lorsque le gardien annonce qu'il n'y a pas de billetterie sur place, mais uniquement à l'Hôtel de Ville. Une bonne moitié s'écarte à contrecœur, la séance débute dans quelques minutes, et ils ne pourront jamais revenir à temps. À peine les plus chanceux installés, la conférence débute, avec un illustrateur en pleine forme, enclin à l'autodérision. Une présentation rapide de son enfance, de ses études aux Beaux-Arts de Grenade où il a fait partie de la toute première promotion, et de ses premiers emplois en tant qu'animateur pour des dessins animés. "Clairement, on était exploité, mais on était content parce qu'on passait notre vie à dessiner" se souvient-il un sourire aux lèvres. Et puis enfin, sa rencontre avec Juan Diaz Canales, le scénariste de Blacksad. Amis avant d'être collaborateurs, les deux hommes travaillent ensemble, quand Juan propose à Juanjo de sortir un album. D'abord réticent, le dessinateur finit par accepter, à condition que l'album suive les aventures de John Blacksad, le héros de Juan, qui en quelques planches a conquis Juanjo. "J'étais jaloux! Une série policière avec des personnages animaliers, j'aurais voulu que l'idée soit la mienne ! Je pense que même si j'avais imaginer quelque chose de parfait selon mes souhaits, jamais je n'aurais eu mieux que Blacksad."

Une obsession de la perfection

Le dessinateur se souvient de ses premiers dessins avec beaucoup d'humour et d'autocritique. "Ah bah là, on voit bien que c'est mauvais ! Il n'a même pas de cou, bon, après c'était mieux quand même !" rit-il quand les animateurs de la conférence le confrontent à ses premières planches. L'illustrateur est perpétuellement en recherche de la perfection : sur ses maquettes couleurs, pas moins de quatre ou cinq essais de teintes et de tons. "Je veux ce qu'il y a de mieux. J'essaie, je retravaille, pour que ça soit le plus représentatif possible. Mais en général, la solution c'est un mix de mes essais." Une tendance maniaque qu'on ne lui reprocherait pour rien au monde tant le résultat est bluffant. Le scénariste et le dessinateur ont trouvé un équilibre confortable : "Juan me donne un scénario de cinéma, et c'est moi qui organise les planches comme je veux" précise-t-il. Un souci du détail jusque dans les couvertures des cinq albums ? Pas tant que ça. Mis côte à côte, c'est évident. Noir, blanc, rouge, bleu et enfin jaune, ce sont les couleurs primaires. "Mais je n'avais pas compris tout de suite ! C'est quand j'ai vu la rouge [Âme Rouge, NdlR] que j'ai compris que la suivante devait être bleue. Tout de suite j'ai eu cette image, et j'ai dit à Juan qu'il fallait une scène de noyade dans le scénario."

La saga Blacksad continue

Et pour la suite ? "Non, après on arrête, sinon les étudiants en art sauront qu'il faut du violet, du vert... C'est bon là !" s'amuse-t-il. Mais une suite, il y en aura bien. Après les hors-série qui se penchent sur le travail en amont, Les Dessous de l'enquête et l'Histoire des aquarelles édité à plusieurs reprises, ce sont les tomes 6 et 7 qui sont annoncés, ainsi qu'un jeu vidéo. La licence Dargaud a été confiée au studio Pendulo qui d'ici 2018 sortira les aventures de John Blacksad sous une forme inédite. Quant à Juanjo Guarnido, il semblerait qu'il s'aventure sur les routes d'un projet solo, dont il ne tient pas à trop révéler la teneur, avant la sortie officielle.

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