Législatives : le FN au secours de la droite pour le second tour ?

Assiégés jusque dans leurs bastions par l’offensive En Marche, les députés sortants Les Républicains pourraient ne devoir leur salut qu’aux voix de l’extrême droite.

“On s'attend à recevoir des coups de fil...” La confidence vient d'un candidat FN du Rhône qui anticipait dès dimanche soir les appels du pied des candidats Les Républicains devancés par En Marche. Simple diversion dans l'amertume de la défaite frontiste ou réelle prophétie, reste que plusieurs députés sortants se trouvent en ballottage très défavorable face aux candidats macronistes dans le Rhône. "Sur le Rhône, certains candidats de droite nous ont effectivement contactés depuis dimanche", confirmait en milieu de semaine un candidat FN éliminé.

Patrice Verchère dans la 8e circonscription, Bernard Perrut dans la 9e ou Philippe Meunier dans la 13e auront besoin des voix frontistes pour rattraper leur retard. Même si les abstentionnistes constituent une réserve de voix bien plus considérable pour ces trois députés LR sortants, auxquels on peut ajouter Georges Fenech dans la 11e circonscription, il leur faudra bien glaner quelques voix sur leur droite face à des candidats En Marche susceptibles d'attirer à eux celles de gauche (PS et FI).

Verchère, Perrut et Meunier en danger

La 8e circonscription de Patrice Verchère fait donc partie de ces bastions de droite menacés de basculer. Le député sortant y réalise un score de 32,1%, contre 37,03% pour la candidate En Marche, Joëlle Terroir (voir sa réaction). Outre les abstentionnistes (49,19%), Patrice Verchère devra séduire une partie des 9,4% d'électeurs ayant choisi le FN au premier tour pour obtenir un troisième mandat. Après avoir longuement discuté avec sa secrétaire départementale Muriel Coativy, le candidat frontiste Pierre Terrail disait au soir du 11 juin attendre les consignes nationales avant d'appeler ses électeurs à un éventuel report vers la droite.

Dans le Beaujolais, sur la 9e circonscription, le sortant Bernard Perrut (LR) arrive lui aussi second (29,11%) derrière la candidate En Marche, Marion Croizeau (36,02%). Les 15,59% du chef de file FN au conseil régional Christophe Boudot pourraient donc s'avérer fortement utiles à sa réélection sur ce territoire où plus d'un électeur sur deux ne s'est pas déplacé. Le soir du 11 juin fut aussi difficile pour Philippe Meunier. Le député sortant de la 13e circonscription du Rhône est largement distancé au premier tour par Danièle Croizan, candidate En Marche à qui il rend plus de 13 points (33,99% contre 20,81%). La candidature dissidente de Daniel Valéro (7,69%) dont les voix pourraient se reporter vers En Marche, n'est pas pour aider le Monsieur sécurité de Laurent Wauquiez au conseil régional, qui aura d'autant plus intérêt à s'adresser aux 14,37% d'électeurs ayant choisi Sandrine Ligout (FN) au premier tour. Ce qu'il avait réussi à faire en 2007 et surtout en 2012.

Cette question du report des voix FN vers la droite peut se poser dans une moindre mesure sur la 7e circonscription, où Alexandre Vincendet arrive second (21,81%), derrière Anissa Khedher (32,08%). Les 11,4% de Jean-Marie Nicolas (FN) pourraient servir le maire de Rillieux, dont l'action sécuritaire sur sa ville est un argument pour séduire les électeurs frontistes. Mais il faudra aussi compter avec un possible report des voix du PS Renaud Gauquelin (9,93%) et de l'Insoumis Andréa Kotarac (13,34%) vers En Marche.

Ballottage très défavorable pour Fenech et Cruz

Dans les 10e et 11e circonscriptions, les voix FN pourraient éventuellement servir Sophie Cruz et Georges Fenech, mais la dureté de la campagne de ces deux candidats FN face à leurs opposants semble interdire tout report de voix. Dans la 10e, Agnès Marion n'a en effet eu de cesse de critiquer le désistement du député sortant Christophe Guilloteau qui, en vue de l'interdiction du cumul des mandats, a préféré rester à la tête du département, au profit de sa compagne Sophie Cruz. Laquelle se trouve de toute façon largement distancée par le candidat En Marche, Thomas Gassilloud (voir sa réaction).

Dans la 11e aussi, l'écart semble irrattrapable pour Georges Fenech face à Jean-Luc Fugit (LREM). Avec 39,2% au premier tour, le candidat macroniste peut naviguer sereinement vers le 18 juin. L'investissement de Georges Fenech à l'Assemblée dans la lutte contre le terrorisme peut certes trouver écho au sein des sympathisants FN. Mais cet impact électoral paraît pourtant limité. D'autant qu'Antoine Mellies ayant fait de Georges Fenech son opposant numéro un dans la 11e circonscription, on voit mal les électeurs lui ayant fait confiance glisser un bulletin LR au second tour. Si ce n'est pour tenter d'opposer un brinquebalant barrage au tsunami En Marche. "Mon opposition à Georges Fenech n'est pas idéologique, la droite emprunte certaines de nos idées, précise Antoine Mellies, mais je lui reproche de ne pas les appliquer".

Enfin, les 8% de Muriel Coativy dans la 12e circonscription auront bien du mal à aider Jérôme Moroge face à un Cyrille Isaac-Sibille dont il est peu dire que la secrétaire départementale du FN ne le porte pas dans son cœur. Quant à Dominique Nachury et Philippe Cochet, en ballottage très défavorable dans les 4e et 5e circonscriptions, les voix FN ne leur seront d'aucun secours, tant elles y sont faibles.

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