Y a-t-il un intérêt à payer son forfait mobile plus de 10 € ?

Le 15 juin 2017 a marqué la fin des frais d'itinérance dans l'Union européenne. Grâce à la possibilité d'utiliser son forfait à l'étranger sans surcoût, les offres avec engagement à prix élevés perdent un peu plus de leur intérêt. Ont-ils encore des avantages ? Et si dépenser plus de 10 euros pour son forfait mobile ne servait à rien ?

Quand certains annoncent régulièrement la fin de la guerre des tarifs dans la téléphonie mobile, les offres à prix cassés continuent d’apparaître régulièrement. Actuellement, le forfait tout illimité sans engagement est à 9,99 euros par mois chez Sosh pour 40 Go de 4G (durant un an puis 24,99 euros), 1,99 euro chez Bouygues BandYou pour 20 Go (un an puis 24,99 euros), 30 Go pour 10 euros chez SFR Red. Paradoxalement, Free, habitué des ventes privées et connu pour avoir cassé les prix, est le plus cher avec son offre à 19,99 euros pour de la 4G réellement illimitée (15,99 euros pour les abonnés Freebox).

Pour défendre les forfaits avec engagement à tarifs plus élevés, les opérateurs mettent en avant trois arguments : les quotas de communications et données disponibles à l’étranger, la possibilité d'acheter un mobile à petit prix et enfin, des services supplémentaires comme des films en illimité ou titres de presse. Ces arguments font-ils encore la différence ?

Itinérance en Europe : ça change tout

Ce 15 juin marque la fin des frais d'itinérance en Europe et les opérateurs avaient anticipé cette nouvelle règle de Bruxelles. Tous proposent désormais les communications et SMS en illimité, mais certains réduisent drastiquement l'enveloppe de données Internet à l'image de Bouygues et SFR. Ainsi le forfait à 1,99 euro du premier comporte 1 go par mois utilisable en Europe. Pour SFR et son offre à 10 euros, le quota monte à 3 Go par mois. Chez Orange, il est de 40 Go. Free autorise 25 Go par mois en Europe, mais aussi aux États-Unis, Afrique du Sud, Australie, Canada, Israël et Nouvelle-Zélande. Au-delà de quelques exceptions comme des quotas de données 4G plus élevées et des destinations comme les États-Unis, les forfaits avec engagement n'arrivent plus à se distinguer sur les destinations étrangères.

Mobile moins cher ? Toujours calculer sur un ou deux ans…

Quand un iPhone 7 128 Go est à plus de 1 000 euros chez Apple, il est possible de le trouver à moins de 550 euros chez les opérateurs. Seul contrainte, et non des moindres, s'engager pendant deux ans et payer 40 à 50 euros de forfait par mois. Pas de miracle, ni de bonne affaire, le coût réel du mobile est lissé à l'intérieur du forfait, et mieux vaut résilier son abonnement au bout d'un an grâce à la loi Chatel pour ne pas voir l'addition globale exploser (la loi Chatel permet de clôturer son forfait avec engagement en ne versant qu'un quart des sommes dues lors de la deuxième année. Pour un forfait à 50 euros par mois, il suffit donc de payer 150 euros pour aller chez un autre opérateur).

Il est donc important de toujours calculer le montant global sur un ou deux ans et de comparer les totaux. Dans l'immense majorité des cas, il est plus intéressant de prendre un forfait sans engagement à petit prix et d'acheter son mobile à plein tarif, même pour des iPhone à plus de 1000 euros. Limite de taille, il n'est pas toujours possible pour tous de débourser une telle somme : les revendeurs et opérateurs l'ont bien compris en multipliant les offres de crédit et autres paiements en plusieurs fois. Pour ceux qui ne veulent pas entrer dans ce système et partir avec un forfait avec engagement, il est souvent plus pertinent de résilier au bout d'un an grâce à la loi Chatel. Dans le cas contraire, l'addition finale sera salée, les opérateurs rentabilisant ce système sur la deuxième année.

Services supplémentaires : en avez-vous vraiment besoin ?

C'est l'ultime argument des opérateurs pour légitimer les forfaits avec engagement : les services supplémentaires. Celui de proposer le SAV en boutique tient de moins en moins. Il est toujours possible de négocier des opérations en magasins lorsque l'on a un forfait sans engagement à petit prix, comme on peut se voir renvoyer vers le service client par téléphone en boutique alors que l'on a un forfait avec engagement à prix élevé. Bref, il n'y a plus aucune science exacte sur cette question. Concernant les services en plus avec l'abonnement mobile, SFR met en avant son offre Presse pour accéder à des journaux gratuitement, de la vidéo à la demande en illimité ainsi que des chaines sports. Cela suffira-t-il à faire la différence ? À l'abonné de juger s'il est prêt à payer plus che. Enfin, l'un des rares intérêts des forfaits "premium" reste la possibilité d'obtenir des enveloppes data 4G plus importantes (jusqu'à 100 Go). Une affirmation à relativiser quand Free propose un forfait 4G réellement illimité (à condition de pouvoir se connecter sur les antennes 4G de l'opérateur et de ne pas passer sur celles en 3G d'Orange dont le débit est limité et ne permet pas d'exploiter tout le potentiel d'un tel forfait).

Éloge de l'infidélité

Difficile aujourd'hui de trouver un franc intérêt aux forfaits avec engagement, encore plus avec la fin de l'itinérance. La multiplication des offres promotionnelles à petit prix est aujourd'hui un éloge à l'infidélité. Il n'est pas rare de voir des clients passer un an à 10 euros chez opérateur, puis une autre année à 3 euros chez un autre. Il est simple de conserver son numéro en demandant à chaque fois une portabilité grâce à son relevé d'identité opérateur (ce RIO peut être obtenu en faisant le 3179 sur son mobile). Tant que la guerre fait rage, autant en profiter pour soulager son porte-monnaie. Impossible de savoir combien de temps la situation va durer. En attendant, l'infidélité n'a jamais autant payé.

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