J-2 avant la 2e édition du Odlo High Trail Vanoise, à Val d'Isère qui, en un an, s'est imposé comme "la plus haute course d'Europe et la plus difficile de France" dixit les organisateurs de la coupe du monde de skyrunning, dont fait partie le High Trail Vanoise. Les meilleurs coureurs du monde sont attendus. Entretien avec Vincent Jay, double médaillé aux JO de Vancouver en biathlon, aujourd'hui directeur du Club des Sports de Val d'Isère.
Pourquoi le High Trail Vanoise ?
Historiquement, il y a toujours eu du trail à Val d'Isère, notamment le Km Vertical de la Face de Bellevarde (3km, 970D+). Le Club des Sports a repris une course il y a deux ans (NdlR, l'Ice Trail Tarentaise), qu'il fallait réorganiser pour être en phase avec les exigences du parc national de la Vanoise, que les coureurs traversent. L'idée, c'est que Val d'Isère a besoin d'un trail car l'été en montagne, les activités sont plus limitées qu'en hiver. Le High Trail Vanoise nous amène beaucoup de clients. Sur trois jours, on attend plus de 1 500 personnes.
Pour 2017, le High Trail Vanoise est la seule étape française des championnats d'Europe de skyrunning et de la coupe du monde de skyrunning...
Val d'Isère est dans le circuit depuis cinq ans, avant même la naissance du High Trail Vanoise. Le label Skyrunning, c'est valorisant pour l'organisation et les moyens mis en place.
Et ça attire les élites !
Cette année, on fait fort. On a effectivement un très beau plateau. Il y a l'Espagnol Louis Alberto Hernando, l'actuel champion du monde de trail, Nicolas Martin, tenant du titre du High Trail Vanoise et vice-champion du monde de trail 2016, la traileuse suédoise Mimmi Kokta qui a remporté, le 23 juin dernier, le 80 km du Mont-Blanc (6000 D+, en 12h59'51, 10e temps au scratch global) et Mityaev Dmitry, 3e de l'Ultra Skymarathon de Madeira (55km, 4000D+) le 27 mai dernier et vainqueur du Red Bull 400 de Chaikovsky, en Russie, le 27 mai dernier (400m, pente de 36 degrés en 3'37). Par rapport à l'année dernière, on a 30% d'inscrits en plus. On se rapproche des 900 coureurs sur les cinq courses. Le label skyrunning, c'est valorisant et ça veut dire que le parcours est apprécié.
Il y a aussi l'effet UTMB, je suppose...
Oui, le grand parcours donne quatre nouveaux points pour l'UTMB (NdlR, Ultra-trail du Mont-Blanc), le Trail des 6 cols en donne trois et Les Balcons de Val d'Isère un. Ça attire effectivement pas mal de coureurs sur les différents parcours.
"On a certainement le parcours le plus dur de France"
Justement, le parcours, d'aucuns disent qu'il est particulièrement difficile...
On a certainement le parcours le plus dur de France, sur le grand format. Très cassant, très usant. On commence par trois petits kilomètres de plat pour se mettre en jambe et ensuite on attaque par 1 400 mètres de dénivelé d'un coup jusqu'au sommet du glacier de la Grande Motte (3 650m). Mais c'est après que ça va piquer ! La montée du col de Picheru (4 km, 1 000 D+) est vraiment terrible. Tout le monde pense que la montée de la Grande Motte est la plus dure mais quand vous êtes au petit hameau de la Daille et que vous levez les yeux sur le Picheru, je peux vous dire que c'est sacrément costaud ! Et puis pour finir, on enchaîne par 1 000 mètres de dénivelé jusqu'à l'aiguille Perse (3 300m). Le High Trail Vanoise, pour résumer, c'est une succession de kilomètres verticaux... en traversant deux réserves naturelles, la Grande Sassière et Bailletaz, et le parc naturel de la Vanoise.
Cette année, le tracé a été quelque peu raccourci pour des raisons de sécurité...
Oui, compte tenu des conditions météo, nous avons décidé, sur les recommandations des guides et des responsables de la sécurité sur la glacier de la Grande Motte, de modifier le parcours, en évitant la zone à risque du sommet de la Grande Motte. Il y a en effet quelques rimées, c'est-à-dire de la glace contre les rochers qui se décolle. On avait mis des échelles l'année dernière mais cette année, il en aurait fallu trop et puis de toute façon, c'était trop dangereux. On est là pour faire du sport. Du coup, on a raccourci d'1,3 km et de 200 mètres de dénivelé positif.
"L'objectif n’est pas d'envoyer des gens au casse-pipe"
Quelles ambitions avez-vous pour le High Trail Vanoise ?
On est techniquement capable d'accueillir 1 500 coureurs sur le grand parcours, le Trail des 6 Cols et Les Balcons de Val d'Isère. Après, on ne va pas à la course aux coureurs. On traverse quand même deux glaciers. Il y a des risques. L'objectif n’est pas d'envoyer des gens au casse-pipe. Et on ne veut pas non plus avoir un taux d'abandons trop fort.
Combien d'abandons attendez-vous cette année ?
Une centaine, soit un tiers des partants. Nous avons revu les barrières horaires, trop costaudes l'année passée. Elles ont été réaménagées. Quelqu'un qui s'entraine régulièrement fera les 70 km sans problème. Ce sera très dur mais c'ets faisable. Les champions sont à Val d'Isère depuis une semaine pour s'acclimater. Il savent que c'est très costaud. Ils ne font pas comme l'an passé, avec Guillaume Peretti (2e meilleur temps pour la traversée du GR20 en 32 heures, derrière le beaujolais François d'Haene en 31h06), arrivé à minuit la veille pour un départ à 4 heures du matin... Il a dû abandonner. Le High Trail Vanoise n'est pas un petit trail. Même si on ne sera jamais l'UTMB, et on ne le souhaite pas, d'ici trois quatre ans, le High Trail Vanoise fera partie des gros trails montagneux français.
Odlo High Trail Vanoise
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