Ils pensaient que c’était un champ de cannabis. Ils ont en réalité détruit une installation réalisée dans le cadre de la Biennale d’architecture de Lyon. Le 26 juin dernier, des policiers municipaux patrouillant à la Confluence ont arraché près de 4 000 m2 de ce qu’ils pensaient être de la drogue.
De longues et fines feuilles vertes formant une sorte de palmier : à première vue, difficile d’imaginer que la plantation le long du cours Charlemagne pouvait être autre chose qu’un repaire de produits illicites. Sauf qu’il s’agissait en fait de chanvre, une sorte de cannabis dont le taux de tétrahydrocannabinol (THC) est nettement inférieur à celui présent dans la plante utilisée comme drogue. Une différence subtile que n’ont pas su repérer des policiers municipaux en patrouille dans le quartier, qui ont arraché les quelque 4 000 mètres carrés de cultures plantées dans le cadre de la Biennale d’architecture de Lyon.
“Le groupe enquête antidrogue a tout de suite vu que c’était du chanvre”
“L’installation comprenait deux parties, explique Pierre Janin, son concepteur. Une partie à l’intérieur, avec notamment des bottes de paille et des panneaux de lin et de chanvre isolants, et une partie extérieure avec une plantation de chanvre, de lin et d’orge. L’idée globale était de montrer que l’on peut se servir utilement de champs en friche, produire des ressources utilisées comme matériaux de construction biosourcés, en ville, sur des sites pollués, anciennement industriels.” Point d’orgue du projet, la culture devait être fauchée le week-end dernier, pour la fin de la Biennale.
“Ce qui est dommage, c’est que nous n’avons pas été prévenus”
Mais c’était sans compter sur la police municipale qui, ayant vu cette plantation facilement assimilable à du cannabis, n’a pas hésité à l’arracher. Dans les colonnes du Progrès, Isabelle Sire-Ferry, commissaire divisionnaire, explique que “le groupe enquête antidrogue a tout de suite vu que c’était du chanvre, mais il a demandé d’enlever les plants pour éviter toute confusion”. Pierre Janin le reconnaît lui-même, l’erreur a été de ne pas mettre de panneau pour indiquer qu’il s’agissait d’une installation architecturale. “Mais ce qui est dommage, c’est que nous n’avons pas été prévenus, poursuit-il. Surtout que ce n’était pas totalement inconnu, c’est un projet qui a un peu été médiatisé. C’est dommage d’avoir tout arraché si rapidement, mais je n’ai aucune amertume.”
Finalement, un barbecue a remplacé la séance de fauche prévue dimanche dernier, animé par un DJ dont les équipements fonctionnaient sans branchement électrique, avec vélo et panneaux solaires. “D’habitude, c’est plutôt l’installation d’espèces animales qui pose problème. Là, avec le végétal, on s’est dit qu’on serait tranquilles. Finalement, c’est raté !” ironise Pierre Janin, qui a peut-être laissé quelques nouvelles graines s’échapper pour clôturer la Biennale…
Décidément, les flics en fume?