Georges Képénékian nouveau maire de Lyon : son discours en intégralité

Ce lundi, Georges Képénékian est devenu le nouveau maire de Lyon suite au départ de Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur. Une passation de pouvoir durant laquelle le nouveau maire de Lyon a salué son mentor en politique, évoqué ses origines et dévoilé sa vision de son rôle de maire. Retrouvez ci-dessous l’intégralité du discours de Georges Képénékian.

Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, Cher Gérard Collomb, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,

Je veux saluer nos trois collègues qui se sont présentés. Stéphane Guilland au nom des "Républicains et Apparentés Ensemble pour Lyon", Denis Broliquier au nom du groupe "UDI et Apparentés" et Nathalie Perrin-Gilbert au nom du groupe "Lyon Citoyenne et Solidaire".

Je saisis cette occasion pour dire que je serai toujours respectueux de l’expression des convictions de chacune et de chacun, pour que cette assemblée reste un espace de débat, et de dialogue. Cela est essentiel. C’est à la fois la démocratie, et le respect des règles qui sont celles de la République.

Je tiens à remercier chaleureusement toutes celles et tous ceux qui m’ont accordé leur confiance. Les circonstances de cette élection sont évidemment exceptionnelles, puisque c’est à Gérard Collomb que les Lyonnais avaient confié les clés de cette ville en mars 2014.

Or comme chacun sait, notre pays vient de vivre une période électorale intense, qui a transformé en profondeur le paysage politique et porté le Maire de cette ville aux plus hautes fonctions de l’État.

C’est donc à vous, Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, que je souhaite m’adresser en ce début de séance.

D’abord pour vous exprimer ma profonde reconnaissance. Votre confiance m’honore. Elle m’oblige et elle m’engage. Je ne ménagerai ni mon énergie ni ma pugnacité pour en être digne. Je le ferai avec les valeurs de sincérité, d’humilité, qui sont les miennes, mais aussi avec fierté et enthousiasme.

Monsieur le Ministre, il y a une phrase que vous citez souvent, puisée dans la mémoire de Jaurès et qui m’apparaît aujourd’hui comme une évidence : "C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source" : Tout, en effet, dans votre parcours, vous conduisait à ce moment.

On peut vous prêter, on vous a prêté, des qualités très diverses : une volonté de fer, une opiniâtreté, une exigence, qui en ont impressionné plus d’un. Et j’en sais quelque chose.

Mais pour ma part ce que je retiens de vous, et ce qui continuera de me guider dans cette mission nouvelle qui est la mienne, c’est la cohérence.

Et cette cohérence trouve sa source dans une vision claire de ce qu’est l’action politique.

Car pour moi si notre ville est ce qu’elle est aujourd’hui et si elle occupe cette place et ce rang dans notre pays, et au-delà, elle le doit d’abord à votre méthode : rassembler, on l’a beaucoup dit, et c’est vrai, je crois que notre exécutif à lui seul en témoigne – ; mais aussi cultiver un aller-retour constant entre la pensée et l’action.

Oui, votre engagement pour Lyon s’est toujours ancré dans une pensée, nourrie en permanence par vos valeurs, votre humanisme, mais cette pensée en retour s’est toujours enrichie de l’action.

Cela est fondamental : l’helléniste que vous êtes est aux antipodes de l’idéalisme platonicien. Il n’y a jamais eu chez vous d’un côté le ciel des idées pures et inaltérables, et de l’autre un monde visible forcément imparfait et que l’on discrédite.

Il y a des réalités sociales, économiques, culturelles, des logiques à l’œuvre, dont il faut toujours tenir compte pour les transformer.

Je me souviens que dans le discours que vous aviez prononcé le 21 mars 2008 après notre élection – c’était pour vous le deuxième mandat, pour moi le premier – vous affirmiez votre volonté que Lyon, je vous cite, "porte une certaine vision de l’avenir de notre pays".

Eh bien nous y sommes.

Permettez-moi de vous dire combien nous sommes fiers des responsabilités qui vous ont été confiées.

Et à quel point nous mesurons le chemin que vous avez parcouru et auquel notre équipe municipale a pu contribuer au fil de vos mandats.

Pour ma part le chemin qui m’a amené jusqu’ici n’était pas tracé.

Et la conscience que j’ai de ma responsabilité n’en est que plus grande.

Ma reconnaissance, je l’ai dit, est immense. Tout, dans ma trajectoire personnelle, est lié au sentiment profond d’avoir envers notre pays, et envers notre ville, une dette considérable.

Cela tient à mes origines familiales, arméniennes, au passé de mes ascendants, qui ont forgé mon regard sur l’Histoire, et qui m’ont intensément relié à cette ville, qui les a accueillis et leur a permis de grandir.

Il y a dans mon premier engagement pour la cause arménienne ce principe qui a guidé tous les autres : la volonté de défendre une certaine idée de l’homme, de sa dignité, la ferme résolution de combattre l’injustice.

C’est ce qui conduira cet enfant du quartier du Grand Trou - Moulin à vent que j’étais, à la médecine.

Mais c’est aussi cela qui m’a mené à la culture et à la politique, avec toujours le même désir : coudre et recoudre en permanence ce qui est dispersé.

C’est l’économiste François Perroux – l’ami de mon maître le Professeur Pierre Marion – qui disait : "le développement revient à nourrir, soigner, loger, éduquer, protéger les hommes." Il faut bien que toutes les politiques publiques tendent vers cet objectif.

Je partage profondément cette vision. C’est pour cela que j’ai toujours considéré que mes missions de médecin, d’élu et de défenseur de la culture, étaient autant de ramifications d’un seul et même engagement.

Et si désormais, mes responsabilités vont bien au-delà, je continuerai évidemment, mes Chers collègues, à défendre cette idée que la culture est un socle, par l’identité qu’elle constitue, par la transmission qu’elle suppose, par le sentiment d’appartenance qu’elle génère et par le futur qu’elle porte.

Cela passera par la poursuite de la mise en œuvre de l’ensemble du projet pour lequel les Lyonnais nous avaient accordé leur confiance en 2014.

Parce qu’évidemment, il s’agit de continuer ce que nous avions commencé de réaliser ensemble, sous votre autorité Monsieur le Ministre, avec l’ensemble des Adjoints et des Maires d’arrondissements, que je salue et dont je sais l’implication. Nous sommes tous ici mobilisés dans le même souci de faire avancer notre ville.

Nous savons que Lyon n’est jamais aussi forte que lorsque tous ses acteurs se fédèrent pour son développement.

Le projet de société que nous portons, c’est que chacun puisse trouver sa place et que chacun contribue à sa construction, à son développement, à son progrès.

Il passe par une attention accrue à toutes les dimensions qui rendent la vie en ville épanouissante, quels que soient ses origines, sa situation sociale, son genre, son âge, ses fragilités, ses handicaps ; par un travail, constant, pour améliorer la qualité de nos services publics, dans tous les domaines - l’éducation, la petite enfance, le sport, la culture, la santé, la sécurité...; par un travail, constant, pour préserver notre environnement...

Cette vision transversale, elle est indispensable à un développement durable, qui conçoit des rapports harmonieux entre l’homme, l’espace urbain et la nature.

Pour autant, nous ne perdrons pas de vue un cadre budgétaire qui reste contraint, et qui exigera une gestion aussi rigoureuse que celle que dont avons fait preuve ces derniers mois. Car on le sait, la tension budgétaire qui pèse sur nos collectivités n’est pas effacée.

Ce que vous avez initié Monsieur le Maire et Ministre, c’est éviter les fonctionnements "en silo". C’est d’imaginer des organisations efficientes pour répondre aux besoins des Lyonnais.

C’est ce que vous m’avez appris et c’est ce que je continuerai à mettre en œuvre.

Nous devons donc poursuivre une action commune et transversale, à l’échelle de la Ville et à l’échelle de la Métropole. Et avec son Président David Kimelfeld, que je salue, nous avons la ferme intention de travailler main dans la main. Pour penser le développement économique et urbain à Gerland, à la Part-Dieu, à Perrache, à la Confluence, et penser à l’équilibre de nos quartiers, dans tous les arrondissements, et au bien être de celles et ceux qui y vivent.

Tout cela est possible grâce à l’implication des femmes et des hommes.

Et je veux redire à toutes celles et à tous ceux qui, au quotidien, travaillent dans notre collectivité, que je sais pouvoir compter sur eux, sur leur professionnalisme, leur sens de l’intérêt général. Le premier projet d’une équipe municipale : c’est d’être au service du public. C’est ce qu’ils incarnent. J’ai parfaitement conscience de leur dévouement et je serai toujours à leur écoute.

Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, Mesdames et Messieurs les agents de la ville, et je m’adresse aussi à mes collaborateurs,

Je veux vous dire aujourd’hui ma confiance dans notre capacité à continuer à travailler ensemble en bonne intelligence pour le développement et le rayonnement de Lyon.

Dans le dialogue, dans la bienveillance et la générosité aussi, pour reprendre ces valeurs qui sont chères au nouveau Président de la République. Ces valeurs qui sont en train de changer le visage de la France dans le monde.

Je vous donne rendez-vous dès demain pour continuer notre travail.

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