Les livreurs de la plateforme ont rencontré hier les responsables du bureau lyonnais, décidés à faire valoir leurs droits face aux abus de la plateforme. L’entreprise a en effet annoncé à ces autoentrepreneurs que leur rémunération allait diminuer.
Après une manifestation à Bordeaux, ce sont les coursiers lyonnais qui se sont mobilisés ce mardi. Ils étaient une vingtaine à partir de la place des Terreaux hier dans l'après-midi pour rejoindre les bureaux de Deliveroo, où ils ont réussi à obtenir "un rendez-vous forcé avec le responsable local et un responsable de Paris, sûrement venu car il devait être au courant de notre rassemblement", détaille un coursier qui souhaite rester anonyme. En cause : une baisse annoncée il y a quelques jours de leur salaire : "Jusqu'ici, on était payés 7,50 euros de l'heure, avec une prime de 2 euros par course, qui pouvait passer à trois ou quatre si on était assez rapide et s'il n'y avait pas de retour négatif. Et là, on reçoit un mail qui nous informe que la rémunération va passer à 5 euros par course et qu'ils mettront fin à nos contrats si ça ne nous convient pas." Une annonce que ces livreurs n'ont pas appréciée, d'autant plus que la rupture de contrat dans le cadre d'une revendication professionnelle des travailleurs indépendants serait illégale, au regard de l'article L. 7342-5 du Code du travail. Le livreur dénonce par ailleurs "une annonce faite alors que la plupart des travailleurs sont en vacances". Autrement dit, une manière d'éviter la grogne des principaux intéressés. Alors même qu’“on a eu des réunions plusieurs fois, s'étonne-t-il, et [qu']ils nous ont toujours dit qu'ils ne toucheraient pas à nos rémunérations".
En effet, cette rémunération de sept euros cinquante avait déjà été rabotée pour les nouveaux employés à l'automne 2016, mais "tout le monde était d'accord, car nous les anciens on conservait nos contrats et les nouveaux savaient pour quoi ils signaient". Il s'agit en fait d'un alignement par le bas du niveau de rétribution de tous les employés. Contactée, l’entreprise n’a pas donné suite.
“On n’a plus le droit au bonus pluie, pour eux il n’a pas plu en 2017”
Le livreur dénonce une baisse des rémunérations alors que leurs conditions de travail se dégradent : “Ils ne nous donnent plus le bonus pluie, à croire qu'il n'a pas plu en 2017." Et c'est sans compter "les audits auxquels ils ont mis fin", un système qui permettait de mettre en place l'augmentation de leur prime à la course, qui pouvait passer de deux à quatre euros. "Ils se sont rendu compte que c'était un trou financier, j'imagine, sauf qu'ils nous ont juste parlé de retards de versement", analyse le coursier. Ce sont "ces mensonges" qui ont nourri le ressentiment des employés. Une colère qui explose aujourd'hui avec l'annonce de ces baisses de rémunération. Sachant que "les distances à parcourir sont de plus en plus grandes", il apparaît dès lors compliqué pour eux "de faire plus de courses que ce n'est déjà le cas". À ces difficultés s'ajoutent "les montées spécifiques de Lyon", pour lesquelles les livreurs lyonnais étaient censés avoir une prime "qu'ils n'ont jamais eue".
“On ne se laissera plus balader, car on n’a rien à perdre”
Si les livreurs sont exaspérés, ils ne remettent pas en cause le statut d'autoentrepreneur en soi : "On sait qu'on ne peut pas avoir la même chose avec le statut de salarié, mais là, on arrive aux effets pervers où la plateforme utilise les avantages à son seul bénéfice." Pour protéger et défendre les coursiers, des associations se créent, comme Les Fusées Vertes à Lyon. Et se défendre, les livreurs sont prêts à le faire : "On ne se laissera plus balader, car on n’a rien à perdre." Ils ont d'ailleurs déjà "imprimé 10 000 flyers pour les distribuer aux gens" au cas où ils ne seraient pas entendus par la direction de Deliveroo. Ils réclament pour l'instant "une course à 7,44 euros", pour pouvoir au moins vivre de ce qui, pour certains, constitue leur unique source de revenus.
Bienvenue dans le monde merveilleux de LREM, résultat lamentable du code du travail détruit que tous ces petits vont subir. Quel dommage !!
@minecte : . Oui, l'ubérisation de l'économie voulue par LREM, c'est triste. Mais comme de toute manière, sans cette ubérisation, ils n'auraient pas de revenus car aucune société ne les embaucherait à cause des coûts 'normaux' liées au code du travail, ben... on se retrouve piégé par le système monétaire : se faire avoir, ou... se faire avoir. :o)