Championnats du monde d'athlétisme – Des problèmes personnels l’an dernier puis une blessure au quadriceps dès le début de cette saison estivale. La route vers les championnats du monde de Londres n’a pas été simple pour Estelle Perrossier. Mais l’athlète du Lyon athlétisme a finalement obtenu sa sélection pour le 4x400m. Échange avec une battante.
Avant les championnats du monde d'athlétisme 2017, Lyon Capitale fait le point sur les sportifs de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui seront à Londres du 4 au 13 août prochain.
Lyon Capitale : Comment analysez-vous votre saison ?
Estelle Perrossier : Elle était plutôt mal embarquée ! Mais elle se solde par un record (elle a couru le 400m en 52''18 à Marseille, en juillet, NDLR) et un ticket pour Londres. Et elle va se terminer en beauté.
Avant une année 2016 compliquée, vous étiez en progression constante…
Oui c’est vrai. J’ai commencé l’athlétisme en 2010 et depuis, j’étais en progression constante. J’étais autour des 52 secondes aux championnats du monde de Pékin, en 2015. Puis j’ai perdu ma maman d’un cancer, l’année suivante. Cela a été un impact important dans ma vie, au niveau sportif et personnel. Je ne m’attendais même pas à retrouver un tel niveau cette année. Mais le temps passe, on “digère” et cela rend plus fort. Auparavant, il y a des détails auxquels on aurait eu tendance à faire attention alors que maintenant, on fonce.
Vous avez participé à la série du 4x400m des championnats d’Europe de Zurich (Suisse), où l’équipe de France a remporté la médaille d’or après la célèbre dernière ligne droite de Floria Gueï. Que retenez-vous de cette expérience ?
C’était mon premier titre international et l’une des premières fois où je me retrouvais dans des grands championnats. Le fait de décrocher une médaille d’or, forcément, ça pousse pour la suite. Cela a été un gros élan dans ma carrière.
L’année prochaine, vous souhaitez courir sur 800m ?
Il ne s’agit pas vraiment de se mettre sur 800m. J’aimerais juste terminer ma carrière en 2020 en ayant fait un chrono de référence sur cette distance. Mais je n’abandonne pas le 400m.
Vous avez déjà prévu d’arrêter votre carrière en 2020…
Dans trois ans, j’aurai 30 ans. Après, j’ai envie de faire ma vie “civile”, d’avoir une vie classique. Là, je travaille à mi-temps dans une mairie pour subvenir à mes besoins. Mais j’ai un master 2 en préparation physique alors j’aimerais me reconvertir là-dedans ou devenir kiné.
Qu’est-ce que vous attendez de ces championnats du monde à Londres ?
Retrouver ce très haut niveau. Quand on s’entraîne comme je m’entraîne et comme les autres de l’équipe s’entraînent, s’arrêter aux régionaux, ce n’est pas forcément ce dont on a envie. Retrouver la compétition internationale, c’est ce qui fait ce pourquoi je m’entraîne. Et puis retrouver l’ambiance, l’équipe de France. Se dépasser avec le maillot bleu, aussi. Ce sont des choses qu’on ne vit pas forcément souvent. On a envie de faire briller ce relais comme il a brillé à Zurich.
Est-ce que l’absence de Floria Gueï va changer quelque chose ?
Floria, c’est un élément important du relais, on ne va pas se le cacher. Mais ce n’est pas parce qu’elle n’est pas là que nous n’allons pas mouiller le maillot.
Quelles nations redoutez-vous le plus ?
La Jamaïque, le Nigeria et les États-Unis. Sans les Russes, il y a aussi les Polonaises et les Anglaises. Ce sont de grosses nations. Mais on peut vraiment avoir confiance en notre équipe. Il y a longtemps qu’on n’a peut-être pas eu ce genre de relais. Aux mondiaux de Pékin, en 2015, avant qu’Agnès Raharolahy ne chute accidentellement, nous étions 4es.
Comment l’équipe du relais se prépare-t-elle ? Est-ce qu’il y a une bonne entente au sein du groupe ?
On se voit individuellement en compétition, mais sinon, on ne se voit pas vraiment pour préparer le relais. Le passage de témoin est moins technique que pour le 4x100m et puis on s’entend bien, on commence à être rodées maintenant. Les relayeurs partent le 9 août pour Londres et en attendant, je m’entraîne avec mon coach comme je me suis entraînée jusqu’aux championnats de France élite. C’est une préparation personnelle et individuelle jusqu’à ce qu’on parte, c’est la dernière semaine où l’on met un peu de jus. Après, entre le 9 et le 12 août (début des séries de qualification, NDLR), c’est juste du réglage.