Une rentrée particulière s'annonce pour les syndicats français. Et pour cause, le contenu des ordonnances qui vont réformer le Code du travail sera dévoilé ce jeudi par le gouvernement. À Lyon, à l'approche de la déclaration de l'exécutif, les Unions départementales réagissent différemment.
"Ce sont des pseudo-négociations". La sentence est sans appel pour l'UD(Union départementale)-CGT Rhône. Si la semaine dernière, qui clôturait les rencontres entre les syndicats représentatifs et le gouvernement, était censée apporter des précisions à ces derniers, Jérôme Bathion, membre de l'UD-CGT, abonde de critiques : "On n'a même pas pu conserver les textes, ils nous ont montré à peine vingt pages sur les 150-200 du contenu final".
Et l'analyse de l'UD-FO n'est pas plus clémente : "si certains pensent qu'il s'agit de négociations, il faut qu'ils ouvrent un dictionnaire à la page ordonnances", ironise-t-il. Il déplore également le manque d'accès aux textes finis lors des consultations organisées par le gouvernement : "on ne peut presque pas avoir de vision des dossiers." Et en ce qui concerne l'organisation interne de la rentrée syndicale, "la commission exécutive confédérale de FO a une réunion de prévue ce lundi", explique Pascal Lagrue, secrétaire général de L’UD-FO. Pour préparer la reprise de l'activité syndicale, "dans un contexte particulier évidemment" avoue-t-il.
Du côté de la CFDT, le secrétaire général de l'union du Rhône indique "qu'ils ne souhaitent pas réagir à ce stade, tout en restant mobilisés et vigilants pour peser sur la rédaction des textes". Même son de cloche donc qu'au début de l'été, ou la centrale indiquait déjà vouloir attendre la publication définitive des ordonnances pour se prononcer.
Des syndicats en manque d'union
Si chacune des organisations semble tracer son propre chemin, c'est que l'heure n'est plus forcément au compromis. Une situation qui désespère la CGT du Rhône : "les salariés nous attendent, l'heure n'est pas à la division." En toile de fond du manque de cohésion, la volonté de chacun des syndicats représentatifs de se positionner en figure de proue de la négociation avec l'État sur la question de la réforme. "On était déjà à l'avant-garde du combat contre la loi El Khomri, la FO aussi, et là c'est une loi qui va encore plus loin", poursuit l'union cégétiste départementale.
Malgré tout, les positions de la CGT et FO, qui ont souvent convergé par le passé, ne sont aujourd'hui plus synchrones. Un état de fait difficilement compréhensible pour l'UD CGT Rhône : "on est très surpris de la position de FO sur la réforme, alors que Macron a annoncé que la réforme venait prolonger la loi El Khomri, je pense que le positionnement de Jean-Claude Mailly ne fait pas l'unanimité au sein de leur centrale". Une ambiguïté qui se retrouve dans les explications de l'union départementale de FO : "Oui effectivement on était en premier ligne sur la loi El Khomri, mais là c'est différent on a fait le choix de la concertation c'est comme ça", justifie difficilement Pascal Lagrue.
Une rentrée sous le signe de la mobilisation
La CGT du Rhône reste pourtant positive quant au futur affrontement social prévu à la rentrée : "on a imprimé 80.000 tracts qu'on a distribué tout été et il nous en reste presque plus, donc ça veut dire qu'on a quand même bien réussi à intéresser les salariés pour la mobilisation à venir". Et sur le terrain de la mobilisation, la CGT et FO se tiennent prêts en dépit des dissensions : "le plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif, il faut quand même rappeler que ça concerne les indemnités versées seulement en cas de faute grave de l'employeur, c'est quand même un scandale", bouillonne Jérôme Bathion. Chez FO, Pascal Lagrue prévient : "si le compte n'y est pas, il n'y a rien de pire que ceux qui font des projections, qui prétendent à la concertation et qui ne tiennent pas compte des autres points de vue." L'occasion de lancer une dernière pique à ses collègues : "on a une tradition chez FO, quand c'est bon on signe, sinon on ne signe pas. On ne veut pas être comme certains qui disent non à tout, ou comme d'autres qui approuvent tout." Difficile de ne pas comprendre le message déguisé…
En tous les cas, le rendez-vous est déjà pris dans la rue le 12 septembre pour la CGT et Solidaires, tandis que du côté des partis politiques, la FI appelle à un rassemblement le 23 septembre, pour lutter contre "le coup d'état social prévu par le gouvernement".
Le jour où les citoyens comprendront que les guerres commerciales permanentes liées à l'utilisation de monnaie, ne leur apporteront jamais un avenir serein pour eux et leurs enfants, peut-être que les choses évolueront... En attendant, ça fait des ordonnances, ça manifeste, etc.