Le collectif Agir Migrants Lyon et quelques citoyens se sont réunis à la sortie du conseil de la métropole ce lundi pour interpeller les élus sur le problème des migrants albanais et arméniens qui dorment dans les rues. Un constat inadmissible selon les bénévoles, qui ont déjà envoyé plusieurs lettres ouvertes à la mairie et aux élus pour tenter de sauver ces familles délaissées par la ville de Lyon.
"Aujourd'hui ça frémit, demain ça bout !" lance Géraldine, membre du collectif Agir Migrants de Lyon. Lundi à 19h, devant la métropole de Lyon, ils étaient une soixantaine réunis pour faire entendre leur voix aux élus qui assistaient au conseil métropolitain. Les bénévoles, mais aussi des habitants et des citoyens lambda, comme ils se décrivent, veulent faire valoir le droit des migrants albanais et arméniens qui vivent dehors dans des conditions insalubres. À la fin du mois d'août, 150 migrants étaient expulsés de l'esplanade Nelson-Mandela. Depuis, ils errent de parc en parc, d'où ils sont chassés par les forces de l'ordre qui leur interdisent de s'installer.
Charlotte* (prénom utilisé par les membres du collectif pour parler au nom du groupe) est membre du collectif. Elle ne comprend pas la situation : "Aujourd'hui, ils sont tous demandeurs d'asile donc, en attendant la réponse, ils devraient être hébergés dignement par la ville, mais ils dorment dans les rues." Pire que ça, ils sont "chassés", ajoute-t-elle. Depuis leur expulsion pendant l'été, les habitants constatent que les migrants n'ont nulle part où aller.
Les associations “reçues sous 10 jours”
Stéphanie vit dans le 3e arrondissement. Elle a vu les familles déménager leurs affaires dans des poussettes, pour tenter de trouver un endroit où s'installer. "Ils ne me dérangeaient pas. Ce qui me dérange en revanche, c'est de voir qu'ils sont violentés par la police, qui les effraie et qui les empêche de dormir, de se reposer." Une autre bénévole ajoute qu'"ils ne peuvent pas monter leurs tentes, même la nuit. La seule condition, c'est qu'il pleuve. S'il y a juste une prévision de pluie, ils n'ont pas le droit d'installer leurs tentes". Au même moment, le directeur de cabinet de David Kimelfeld s'approche de bénévoles pour leur dire que le président de la métropole les recevra sous dix jours. Une avancée pour le collectif, qui n'avait jusque-là pas obtenu de réponse des élus. "Ils sont obligés de réagir maintenant que les médias s'en mêlent. Ils ne peuvent plus rendre ce problème invisible", estime une Lyonnaise présente sur les lieux. Hugo et Quentin, des étudiants de 20 et 21 ans, espèrent que ce rassemblement permettra de faire avancer les choses : "C'est le moins qu'on puisse faire, à notre échelle. Que la ville ne fasse rien, ce n'est déjà pas normal, mais qu'ils agissent de manière agressive, c'est carrément scandaleux."
“Chacun a sa place et doit être accueilli”
Nathalie Perrin-Gilbert, la maire (Gram) du 1er arrondissement, présente au conseil de la métropole, n'a pas manqué de soutenir ce rassemblement. "On vient de voter le nouveau PLU-H, qui prône l'accès à l'hébergement, donc on ne peut pas être incohérent quand on fait face à ce genre de situation. Chacun a sa place et doit être accueilli, affirme-t-elle. Je pense que M. Kimelfeld pourrait être plus à l'écoute de ce genre de problème. Espérons qu'il soit plus efficace que son prédécesseur qui était le champion des petites formules." Quand les élus passent la porte de la métropole, ils sont accueillis par le rassemblement qui scande "Un toit c'est un droit !" Nicole a 58 ans, elle est une habitante du quartier où errent les migrants, elle non plus ne comprend pas la situation : "C'est aberrant. Les communes devraient mettre à disposition des hébergements dignes jusqu'à l'obtention des résultats." Des résultats qui peinent à arriver. Il faut parfois jusqu'à 9 mois pour qu'un migrant obtienne une réponse à sa demande d'asile. Réponse qui, dans la majorité des cas, est négative.
Membre du collectif, Éric estime que les conditions déplorables dans lesquelles ils vivent sont voulues par la métropole : "Ils parlent d'“appel d'air”, la métropole pense sans doute que si les conditions d'hébergement sont trop bonnes cela va attirer d'autres migrants. Alors ils préfèrent piétiner les droits de l'homme." Une cause qui touche tout de même certains élus, telle Michèle Picard, la maire communiste de Vénissieux, qui demande que l’État assume sa compétence : "Il faut que ces gens soient pris en charge de manière digne. Il y a un temps pour l'urgence et un temps pour la pérennité. Pour l'instant, le temps est à l'urgence."
C'est dans cette urgence que le collectif réclame de l'action : des logements dignes et salubres pour les migrants qui sont ici légalement, et qui attendent une réponse à leur demande d'asile. C'est une première étape dans ce combat mené par les bénévoles, qui réclament que les procédures soient raccourcies, et surtout que l'Albanie ne soit plus considérée comme un pays "sûr".