castaner
© En Marche

Conseil LREM à Lyon : une démocratie interne de façade ?

Si les figures du mouvement En Marche ont prôné dans leur discours à Lyon des nouvelles pratiques de démocratie interne et la transparence, les votes se sont déroulés à huis-clos sans que le nombre total de votants ne soit communiqué.

Rien, aucune image n’est disponible sur ce qu’il s’est passé ce samedi matin à Eurexpo près de Lyon pour “Le Conseil” de La République En Marche. Ce “Conseil” n’était pas ouvert aux journalistes, encore moins au caméras. Il leur était demandé de ne venir qu’à partir de 11 heures mais ils étaient une dizaine à s’être rendus à Eurexpo dès le matin pour guetter l’arrivée des têtes d’affiche. Pas trop du goût de l’organisation qui n’avait rien prévu pour eux et qui a essuyé les plaintes puis le forcing des journalistes pour enfin accéder à la salle, une fois les votes clos.

Certes, à partir de midi et donc en présence des journalistes, les discours des figures les plus importantes du mouvement d’Emmanuel Macron se sont succédés, mais tous les votes s’étaient joués le matin. Aucune image donc du fameux vote à main levée, “C’était sympa, on votait avec nos petits cartons. Rouge pour non, vert pour oui. Par contre, c’est vrai que ça prenait vraiment du temps pour compter”, raconte Bruno Bonnell, député de Villeurbanne. Le député En Marche faisait partie des présents pour cet exercice de démocratie interne, mais seule une petite partie des 380 000 adhérents revendiqués a eu le loisir de s’exprimer. Le Conseil est en effet restreint à un peu moins de 800 personnes, triées sur le volet : les élus des grandes villes, les parlementaires, les membres du Gouvernement, 160 adhérents tirés au sort, 40 animateurs locaux eux aussi tirés au sort et 15 personnalités “désignées au regard de leur contribution à la vie du mouvement“ par le bureau exécutif.

4 votes en une matinée

Les résultats ont été communiqués via le site d’En Marche, sans que le nombre total de présents ne soient connus puisque les abstentions n’ont pas été précisées. La matinée à huis-clos a consisté en 4 votes : la charte des valeurs, le système de vote pour élire le bureau exécutif, le choix du bureau exécutif et le choix du Délégué Général. Le seul vote qui s’est avéré serré a été celui du choix du mode de scrutin. Preuve que le vote à main levée ne faisait pas forcément l’unanimité : 239 membres du Conseil auraient préféré un vote à bulletin secret contre 277 préférant ce mode de scrutin. En estimant le nombre de marcheurs entre 750 et 800, les deux chiffres donnés par le mouvement, cela signifie que presque 300 d’entre eux ne se sont pas exprimés sur ce sujet.

Pour le vote du bureau exécutif, les 4 listes n’auraient eu que quelques minutes pour se présenter, ce qui se serait résumé à une suite de noms de candidats. “Même s’il n’y a eu qu’une simple présentation en 3 minutes, ça a au moins le mérite d’exister” expliquait Georges Képénékian, maire de Lyon. Là aussi, peu de suspens, la liste qui soutenait le plus clairement Christophe Castaner, emmenée par Laetitia Avia et Richard Ferrand a été élue avec 300 voix d’avance sur sa première poursuivante. Apparemment une grande victoire, mais au vu des 750 à 800 marcheurs présents pour le vote, cette liste ne représenterait qu’environ la moitié des voix du Conseil, avec là encore une abstention qui serait d’environ 300 voix (en se basant sur les chiffres communiqués).

Castaner en tribun

Une fois toutes ces délibérations closes par le vote du Délégué général élisant Christophe Castaner à l’unanimité moins deux voix, les discours ont pu commencer avec François Bayrou en premier lieu, suivi de Marlène Schiappa. Puis Édouard Philippe s’est exprimé juste avant la pause. Très à l’aise, le Premier ministre a enchaîné les petites blagues, déclenchant les rires dans la salle. Le Conseil se déroulant à Lyon, Gérard Collomb s’est lui aussi fendu d’un discours. Enfin, la star du jour, Christophe Castaner est entré dans l’arène devant l’acclamation du public, qui tapait dans ses mains au son de Rihanna. Apparemment pris par le soutien du public, le nouveau Délégué Général tapait lui aussi dans ses mains. Scène un peu étrange, lors d’une de ses envolées, Christophe Castaner s’est remis à applaudir, les marcheurs ont alors cru à la fin du discours, certains se sont même levés pour partir avant de comprendre que le Délégué Général n’avait pas encore fini.

Dans un discours de plus d’une heure, le Délégué Général a listé les objectifs de son parti et sa vision : soutenir le gouvernement, prolonger la politique d’Emmanuel Macron, préparer les élections, structurer le parti, ne négliger aucun débat interne au mouvement, etc. Très longuement acclamé, Christophe Castaner semble avoir fait bonne impression. Ne restant pas collé à sa feuille, il s’est déplacé, s’est retourné pour s’adresser à tout le public qui entourait l’estrade et a fait lever la salle à plusieurs reprises lors de plusieurs de ses envolées.

Ce Conseil d’En Marche a été, pour les présents, une réussite. Hors de questions pour les marcheurs de se laisser abattre par les critiques sur le manque de démocratie et la verticalité des prises de décision formulées par les 100 marcheurs qui ont décidé de quitter le mouvement. Ces “frondeurs” auront fait beaucoup parler d’eux quelques jours avant ce premier grand rendez-vous partisan. Le seul à les avoir mentionnés indirectement a été Christophe Castaner : “Dans La République En Marche, il n’y aura pas de frondeurs” a-t-il assuré. Au moins, le message est clair.

Lire aussi : Lyon Capitale en direct du Premier Conseil national d’En Marche

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