Bâtiment squatté par le Gud (Lyon 2e).
© Tim Douet

Le Gud change de nom et ouvre un nouveau local dans le Vieux-Lyon

Devenu "Bastion social", du nom de son projet avorté d'aide à l'hébergement des "Français de souche", le groupuscule poursuit sa logique d'implantation territoriale. Alors même que la mairie avait annoncé une vigilance accrue envers les mouvements politiques d'extrême-droite dans le Vieux-Lyon.

Encore un local d'extrême-droite dans le Vieux-Lyon. Ce samedi 13 janvier, le "Bastion social", version pimpée du syndicat d'extrême-droite Groupement union défense (Gud pour les intimes), inaugurera ses nouveaux locaux dans le quartier. Le Bastion social c'est le nom de ce bâtiment réquisitionné au printemps dernier par le Gud, pour accueillir les "Français de souche". Mais après un mois d'existence, et de forte mobilisation policière, le lieu n'avait accueilli personne, comme le révélait Lyon Capitale dans son numéro de juillet.

"Le Gud s'est mis en sommeil", indique Steven Bissuel, chef de file du groupuscule à Lyon. Sans que l'on sache si ce repos du syndicat étudiant est lié au passage à l'ombre de son leader, Logan Djian, actuellement incarcéré. Exilé à Lyon depuis un an et demi, à cause de ses déboires avec la justice, ce dernier y a ouvert un salon de tatouages rue Lainerie. Il y a fait travailler un tatoueur italien inscrit sur les listes du parti Casapound, ouvertement néo-fasciste, aux élections municipales de Rome en 2016 et 2013. Ironie de l'histoire, Logan Djian réside dans la même rue que Gérard Collomb, dans le haut du 5e arrondissement. C'est donc Steven Bissuel, gérant d'une boutique, nommée Made in England, et située rue Juiverie, qui a pris "la tête du mouvement Bastion social, au niveau national". Plus un groupuscule en réalité, dont une branche s'est crée à Strasbourg et une autre à Chambéry où un local devrait ouvrir prochainement.

Une cellule de veille en mairie

A Lyon, ce samedi, une manifestation de protestation est organisée en réaction à l'ouverture du local du Bastion social. Elle a été impulsée par le mouvement Coordination groupes anarchistes (CGA) Lyon, et a reçu le soutien de nombreux syndicats et associations classés à gauche. Le rassemblement est prévu sur la place de la Comédie, sous les fenêtres de l'hôtel de ville. Pour interpeller les pouvoirs publics. Car la mairie avait justement affirmé sa volonté de fermeté à l'encontre des groupuscules d'extrême-droite, après l'attaque contre la boutique de Philippe Carry, surnommée l'horloger de Saint Paul, le 22 septembre dernier.

L'horloger de Saint-Paul, qui se voit régulièrement reproché de parler au médias, est devenu la cible d'intimidations de l'extrême-droite. Aujourd'hui, il se dit "surpris" de l'ouverture de ce nouveau local dans le Vieux-Lyon. "D'autant plus que la cellule de veille pilotée par Jean-Yves Sécheresse (adjoint à la Sécurité, NdlR) et de Fouziya Bouzerda (adjointe au Commerce, NdlR) ont dit qu'ils n'auraient pas d'autres locaux, explique l'horloger de Saint-Paul. Nous avons déjà évité trois reprises de locaux commerciaux en rez-de-chaussée en parlant avec les propriétaires".

Le Vieux-Lyon "en état de siège"

Plusieurs responsables ainsi que le député de la circonscription, Thomas Rudigoz, s'étaient engagés à davantage de vigilance quant à l'implantation des groupuscules d'extrême-droite. Georges Képénékian avait personnellement contacté Philippe Carry pour lui témoigner son soutien. Le maire de Lyon avait pris des engagements publics et promis "un traitement à caractère préventif". Le local du Gud de la rue des Farges, le Pavillon Noir, avait d'ailleurs été fermé en décembre. "Nous avions déjà quitté les lieux", plaide Steven Bissuel. Mais un mois plus tard le Gud a réussi à en rouvrir un autre dans son quartier de prédilection.

Philippe Carry, lui, déplore l'appropriation de ce quartier de tradition cosmopolite – l'influence architecturale italienne en témoigne – par les groupuscules d'extrême droite. Et appelle à "maintenir la pression". "Le quartier est occupé, en état de siège, lâche Philippe Carry. Nous sommes pris en otage". "Nous avons toujours eu une volonté d'implantation dans ce quartier historique de Lyon", admet Steven Bissuel. Une stratégie que ne goûtent pas forcément les associations de quartier, les commerçants ni la MJC du Vieux-Lyon, qui se mobilisent. Et ont annoncé des actions collectives dans les semaines à venir.

Lire aussi : Dans les urnes, le Vieux-Lyon très loin d'une extrême-droitisation

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