zadistes de Roybon
© Janloup Bernard

ZAD : après NDDL, la lutte continue de plus belle à Roybon

Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé hier l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes. À Roybon, en Isère, se trouve une autre ZAD, où les occupants luttent depuis 3 ans contre un projet de création d’un Center Parks, jugé dévastateur pour l’écosystème.

Maison forestière de la Marquise, ZAD de Roybon (Isère), le 4 décembre 2014 © Janloup Bernard

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Aucun aéroport ne verra donc le jour à Notre-Dame-des-Landes. Pour les zadistes vivant sur les lieux et pour les agriculteurs souhaitant retrouver leurs terres, cette nouvelle était autant inattendue que bien accueillie. Le temps des réjouissances cèdera bientôt à celui de la réflexion, car des divergences persistent encore entre l’exécutif et les occupants sur l’avenir à donner à la ZAD. Si le Premier ministre a bien annoncé l’abandon du projet d’aéroport, il a aussi déclaré que l’occupation illégale devait cesser.

NDDL, une victoire en demi-teinte pour les zadistes

ZAD de Roybon (Isère), sur le site du projet de Center Parc, le 4 décembre 2014 © Janloup Bernard

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Parmi la dizaine de ZAD existantes en France, la plus proche de Lyon est celle de la forêt de Roybon, en Isère. Venant tout juste de fêter ses 3 ans d’existence, la "zone à défendre" est occupée par une communauté protestant contre la création d’un Center Parks dans le bois. Les zadistes dénoncent ce "grand projet inutile" qui parmi d’autres critiques, dénaturerait la forêt. Le Center Parc de Roybon a été jugé illégal d'abord par le tribunal administratif de Grenoble, le 16 juillet 2015, puis par la cour administrative d’appel de Lyon, le 16 décembre 2016.

La ZAD de Roybon s’organise entre la réalisation d’un quotidien en harmonie avec la nature, et le militantisme engagé dans la défense de l’environnement. Contactés par la rédaction, les zadistes ont fait part de leur joie. "On est très content et contente de voir que le gouvernement reconnaît notre démarche, raconte Altaïr*. Mais on est un peu inquiet aussi. Ce n’est qu’une demi-victoire, car les gens vivant à NDDL doivent quitter les lieux. Un délai qui correspond à la trêve hivernale leur a été accordé. C’est déjà bien, mais ça n’empêche qu’ils vont devoir quitter leurs lieux de vie où, au fil du temps, ils ont tissé des liens, installé des cultures. Ces habitations ne sont peut-être pas légales, mais pour nous elles sont légitimes."

"La lutte des ZAD n’est pas gagnée"

© PHILIPPE DESMAZES / AFP

© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Pas question pour Altaïr* de se laisser aveugler par l’abandon de NDDL : "cette décision ne change rien pour la lutte des ZADS. Ici, à Bure [ZAD anti-nucléaire, NdlR], ou ailleurs, on reste attentifs aux risques d’expulsion. L’État parle de zones de non-droit, alors que nous ne mettons en place que des zones d’expérimentations, sociales, agricoles, commerciales, ou financières. Nous, ce qu’on propose c’est une autre façon de vivre sa vie. L’occupation est un sujet fracturant dans l’espace local. De notre côté, on va continuer à essayer de faire du lien, à montrer qu’on construit des choses belles."

L’évolution de NDDL ne devrait avoir que peu d’impact sur la situation de Roybon. "On attend le prochain procès, indique Altaïr*. Le dossier a été porté devant le Conseil d’État par l’association Pour Chambaran sans Center Parks. Il n’y a pas encore de date fixée, on est en statu quo dans l’attente d’une décision tranchée".

Le Conseil d’État devra trancher

Zadistes, dans la forêt des Chambaran, à proximité de Roybon (Isère), le 4 décembre 2014 © Janloup Bernard

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La zadiste est plutôt optimiste : "Il y a déjà eu 2 décisions de justice en notre faveur, et puis Pierre et Vacances est dans une situation financière difficile. Côté politique, on n’a pas eu de nouvelles manifestations des élus locaux, mais de toute façon on préfère rester à l’écart de ces jeux de pouvoir". À la préfecture de l’Isère, on est du même avis : "NDDL n’a pas eu d’impact immédiat sur le dossier de Roybon. Politiquement, on verra, mais juridiquement ça ne change rien".

Interrogée sur l’éventualité que des zadistes expulsés de NDDL rejoignent Roybon, Altaïr* s’esclaffe : "On n’est pas des mercenaires des luttes, on ne va pas de ZAD en ZAD. Les gens sont libres de nous rejoindre s’ils le veulent. Mais n’oubliez pas que pour eux, partir c’est quitter la vie qu’ils ont construite là-bas". Contacté à propos de l’avenir de la ZAD de Roybon et du chantier, le groupe Pierre et Vacances a estimé "qu’il est difficile aujourd’hui de faire des pronostics".

*pseudonyme

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