Collomb Macron 06.2016
© Tim Douet

Loi immigration : Collomb à Lyon pour présenter sa part “humaniste”

Le ministre de l’Intérieur est en déplacement à Lyon ce lundi avec le Premier ministre, pour recevoir un rapport parlementaire proposant une meilleure intégration des réfugiés. Une manière pour Gérard Collomb d’adoucir son image auprès de députés LREM de plus en plus inquiets à propos de la loi sur l’asile et l’immigration.

Gérard Collomb est de retour sur ses terres lyonnaises ce lundi, en compagnie d'Édouard Philippe, pour recevoir le rapport parlementaire du député LREM Aurélien Taché sur la refonte de la politique d'intégration. Un déplacement hautement symbolique, avant la présentation ce mercredi de son projet de loi “asile et immigration”. L'ancien maire de Lyon, qui déclarait en décembre en avoir "un peu marre de passer pour le facho de service", va essayer d'adoucir son image avec ce rapport sur l'accès au travail et l'intégration des réfugiés. Une séquence qui vise aussi à rassurer la majorité LREM à l'Assemblée nationale, dont une trentaine de membres commencent à faire part de leur malaise sur la loi Collomb.

“Collomb donne le change”

"Un leurre politique", pour Olivier Brachet, l'ancien directeur général de Forum Réfugiés (de 1985 à 2009). Gérard Collomb "donne le change à des députés qui ont des doutes, ajoute l'ancien vice-président au logement de la métropole de Lyon. Il va parler de l’amélioration de l'intégration des personnes qui ont eu le droit à l’asile, ce qui est très bien. Mais ça n’a rien à voir avec les critiques qui sont faites sur son projet de loi, notamment sur les personnes qui n’entrent pas dans le cadre de l’asile". De son côté, le Gouvernement assure travailler avec "humanisme" et "fermeté" sur la question des migrants. "C’est un projet de loi totalement équilibré. Il reprend deux grands principes : la France doit accueillir les réfugiés, mais elle ne peut accueillir tous les migrants économiques", avait déclaré en janvier Gérard Collomb.

“Éviter l’appel d’air”

Dans le détail, le projet de loi du ministre de l'Intérieur souhaite doubler la durée maximale de rétention (90 jours contre 45 aujourd'hui) et réduire les délais d'instruction et de recours, qui pourraient devenir non suspensifs pour les déboutés. Ces mesures visent autant à réduire les délais de traitement des dossiers qu’à dissuader les demandeurs de venir en France, selon Olivier Brachet : "Éviter l'appel d'air", comme le déclarait Gérard Collomb à Calais. "Il est obsédé par ça. Il est structuré par ça. À Lyon, il pensait qu'en privant les Roms d'eau ils ne viendraient pas", rappelle l'ancien directeur général de Forum Réfugiés. Selon lui, la loi Collomb ne va rien changer : "Toutes les lois précédentes qui ont voulu dissuader l'immigration de travail ont été sans effet. Il va falloir que le ministre de l'Intérieur nous explique comment sa loi va faire mieux que les lois précédentes alors que le problème de fond de l'immigration n'est pas traité. D’ailleurs, sur l’immigration de travail, il faut noter qu’elle était bien plus forte en 1989 qu’aujourd’hui où 40 % des demandeurs entrent dans le cadre de l’asile." "En plus d'être inutile, sa loi va dégrader le sort des agents des préfectures, qui sont déjà en sous-capacité de travailler", conclut Olivier Brachet.

Les agents de l’Ofpra en grève mercredi

Au niveau national, les agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) seront d'ailleurs en grève mercredi, jour de présentation en conseil des ministres du projet de loi. Ils considèrent que celui-ci, "qui vise à réduire le délai d’examen des dossiers, est une mesure de dissuasion pour les demandeurs, qu’il restreint leurs droits en nuisant gravement à la qualité d’instruction des dossiers".

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