Bruno Bonnell
©Tim Douet

Un militant En Marche attaque le député Bonnell pour travail dissimulé

Du printemps 2017 à ce mois de février, le militant LREM Hadj Djennas a accompagné Bruno Bonnell dans la conquête de son mandat de député et ses premiers pas de parlementaire. Après de nombreuses demandes de contrat de travail, il a claqué la porte de la permanence. Il attaque aujourd’hui aux prud’hommes le député villeurbannais pour travail dissimulé. Bruno Bonnell assure que, s’il lui a effectivement octroyé le titre de “collaborateur parlementaire”, ce statut avait pour but de flatter l’ego d’un militant.

Bruno Bonnell se retrouve au centre d’une nouvelle polémique. Après ses mauvaises places au classement de l’activité des députés et ses propos sur les Français obnubilés par le pouvoir d’achat, le député de Villeurbanne est attaqué aux prud’hommes par Hadj Djennas, un militant villeurbannais de La République En Marche. Celui-ci estime qu’il effectuait pour Bruno Bonnell une activité dépassant le rôle d’un simple militant. Il a engagé une procédure contre le député pour travail dissimulé ; la phase de conciliation se termine. “Après la campagne des législatives, je lui ai formalisé par écrit ma volonté d’intégrer son équipe de collaborateurs. Je lui ai précisé les conditions auxquelles j’aspirais : un contrat de travail, moins pour des indemnités que pour avoir une protection en cas d’accident. Je ne demandais qu’un contrat de 4 heures par semaine. Il m’a dit qu’il était d’accord et qu’il me trouverait une place dans l’équipe de manière “quasi bénévole”. J’ai intégré son équipe de quatre collaborateurs, mais je n’ai jamais eu de contrat”, explique Hadj Djennas.

Titre et missions

Malgré des relances tous les mois, que nous avons pu consulter, Bruno Bonnell n’a jamais signé à Hadj Djennas de documents officiels. En revanche, le député de Villeurbanne lui a accordé le titre de collaborateur parlementaire : ce titre apparaît sur le site Internet du député et sur des cartes de visite qu’il a fait imprimer. “J’étais présent toutes les semaines à la réunion de son équipe de collaborateurs, raconte Hadj Djennas. J’ai organisé des rencontres pour lui. Je l’ai représenté à des événements villeurbannais quand il était à Paris. J’ai réservé la salle pour ses vœux. Je travaillais beaucoup les soirs et les week-ends – ce qu’il ne fait pas, lui ou les membres de son équipe. Toutes ces missions, c’est Bruno Bonnell qui me demandait de les faire.”

Ça le flattait et ça ne me coûtait rien”

Contacté en milieu de semaine (quelques jours avant que Mediapart ne sorte l’affaire), Bruno Bonnell tentait de minimiser son rôle : “Je ne l’ai jamais embauché comme assistant parlementaire, mais comme collaborateur parlementaire. Ce statut peut être bénévole ou non en fonction du deal de départ. Bientôt, j’aurai aussi des correspondants parlementaires, qui seront des bénévoles. Comme je n’ai pas d’équipe En Marche à Villeurbanne, j’ai des gens qui quadrillent le territoire pour moi : ils tractent ou collent des affiches. Ce sont des militants. Hadj Djennas, je lui ai donné le statut de collaborateur parlementaire parce que ça le flattait et que ça ne me coûtait rien.” Pour le député villeurbannais, cette histoire repose avant tout sur une jalousie entre ses “collaborateurs parlementaires”. Certains étaient payés et d’autres non. Hadj Djennas n’a d’ailleurs jamais été déclaré à l’Assemblée nationale comme l’un des employés “officiels” du député. En revanche, Bruno Bonnell semble, sur la base d’échanges entre les deux hommes que Lyon Capitale a pu consulter, avoir volontairement entretenu le flou sur le statut bénévole d’Hadj Djennas.

Un militant travaille pour un parti, moi j’œuvrais pour un député”

Début février, se sentant trahi, Hadj Djennas a quitté l’équipe du député LREM. “Ses arguments ne tiennent pas, estime-t-il. Dès le départ, je lui ai demandé un contrat. S’il ne voulait pas m’en donner un, il aurait dû me dire : on recourt à un contrat de bénévolat pour des missions ponctuelles. Le travail du militant n’a de raison d’être qu’en campagne électorale. Un militant travaille pour un parti. Moi, j’œuvrais pour un député, qui est aussi un employeur. Qui plus est, Bruno Bonnell a été choisi pour ses connaissances du monde du travail”, ironise Hadj Djennas. Le député villeurbannais assure lui que ce statut de collaborateur bénévole existe toujours, notamment pour les membres de la famille d’un parlementaire.

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