Il y a 20 ans : Casino Lyon double la mise

IL Y A 20 ANS DANS LYON CAPITALE – L’implantation d’un nouveau casino à la Cité internationale laisse les élus de marbre. D’un côté, les caisses de la ville s’en frotteraient les mains, d’un autre, les addictions aux jeux de hasard repartiraient de plus belle.

Lyon Capitale n°160 du 03/03/1998, © Lyon Capitale

@Lyon Capitale
Lyon Capitale n°160 du 03/03/1998, © Lyon Capitale

Jackpot ! Ou pas ? En 1998, les élus se frottent les mains à l’idée d'implanter un casino en plein cœur de Lyon. Vice mercantile ou pas, c’est un coup de poker qui pourrait fissa remplir les caisses de la municipalité. Les estimations vont dans le sens du poil, on parle de près de 20 millions de francs de bénéfices chaque année. Toujours est-il, l’entreprise fait débat… Raymond Barre le premier, pense qu’un énième casino ne ferait que gonfler les addictions aux jeux de hasard, jugées un chouia omniprésentes dans la cité lyonnaise. Les petits doutes intempestifs ne feront pas long feu, le Casino Lyon Pharaon germera finalement de terre à la Cité internationale.

Lyon Capitale n°160 du , p. 2 © Lyon Capitale

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Lyon Capitale n°160 du , p. 2 © Lyon Capitale
Un article de Lyon Capitale n°160, paru le 3 mars 1998, signé par Frédéric Crouzet

Casino Lyon double la mise

Lundi soir, au conseil municipal, la majorité des élus lyonnais a une nouvelle fois rappelé qu'elle souhaitait l'implantation d'un casino au centre de Lyon. Le pire, c'est que peu d'élus sont vraiment favorables aux machines à sous. Mais comme c'est le seul moyen pour rentabiliser la Cité internationale...
Encore une fois, le dossier est passé comme un jeton dans une machine à sous. Lundi 23 février, le conseil municipal de Lyon s'est à nouveau prononcé pour l'implantation d'un casino, confié au groupe Partouche (Lyon vert), au centre-ville de Lyon, à la Cité internationale plus précisément. Les élus ont ainsi confirmé une délibération adoptée voilà deux ans, le 15 janvier 1996. Ce second vote est intervenu à la suite des résultats de l'enquête publique, concernant l'autorisation d'exploitation de machines à sous par le groupe Partouche à la Cité internationale. Peu de monde s'est déplacé pour rencontrer le mercredi 17 décembre 1997 le commissaire enquêteur chargé de recueillir l'avis des Lyonnais sur le dossier du casino. Seulement onze citoyens ont écrit dans le cahier de l'enquêteur et 7 d'entre eux ont osé émettre des remarques négatives. Et comme l'indique la réglementation en vigueur, "si le registre contient des observations contre le projet, le conseil municipal doit redélibérer". Entre les deux votes, aucun groupe n'a changé d'avis sur la venue d'un Las Vegas sur Rhône : les communistes et leur voisin du GAEC ont voté contre, les socialistes se sont abstenus et la majorité s'est prononcé pour, à l'exception notable d'Alain Mérieux qui a choisi, comme la première fois, de s'abstenir. Pas un élu n'a cru bon de rappeler que le silence de certains opposants au casino avait été obtenu par la menace. Le commissaire enquêteur ayant quant à lui remis un avis favorable à l'implantation de bandits manchots, il y a de fortes chances que le casino voit finalement le jour. Mais le dernier mot reviendra d'ici quelques mois au ministre de l'Intérieur qui doit ne prendre en personne la décision finale. Mais le plus extraordinaire, c'est qu'il n'y a pas beaucoup d'élus à vraiment vouloir ce casino. Raymond Barre lui-même voit dans la multiplication des jeux de hasard un signe de "décadence" de la société. Seulement voilà, la Cité internationale des bords du Rhône, projet maintes fois rafistolé, n'a pour l'instant d'international que le nom. Le Palais des Congrès, loué aussi bien au Front national qu'aux Témoins de Jéhovah en passant par les fabricants de piscines, ne suffit pas pour asseoir cette réputation. D'où la lumineuse idée des élus : l'implantation d'un hôtel de grand standing avec enseigne lumineuse qui rayonne dans le monde. Ce sera un Hilton grand luxe. Mais par souci de rentabilité, le quatre étoiles ne peuvent s'installer seul. Nouvelle idée : on va lui mettre dans ses sous-sols un casino, avec tables de jeu et machines à sous. L'idée vaut de l'or puisque le casino de Lyon va rapporter à la Ville une coquette rente d'environ 20 millions de francs annuellement. Le jackpot en somme. Officiellement, le paquet cadeau hôtel-casino ''représente un complexe haut de gamme qui contribue à l'attractivité du pôle de congrès et de manifestations internationales". Le casino va donc distraire les congressistes fortunés, mais aussi attirer comme des mouches les mordus du jeu, les accrocs des "rouleaux", les camés de la "boule", ceux qui jouent parfois leur vie avec une dernière pièce. "Le soir beaucoup de gens iront taquiner les manchots", se réjouissait presque un Raymond Barre souriant.

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