Yann Compan : "Rester chez Les Républicains n'est plus possible"

Après le Lyonnais Emmanuel Hamelin, l'élu de Saint-Priest Eric Fromain et le chef de file de l'opposition de Bron Yann Compan ont fait part de leur décision de quitter le parti Les Républicains. Pour le leader de la droite à Bron, le discours porté par Les Républicains n'est plus celui des convictions, mais "des contre-vérités et du pur esprit politicien".

Lyon Capitale : Vous étiez un soutien de Bruno Le Maire lors de la primaire à droite, pourquoi votre décision de quitter le parti Les Républicains pour rejoindre Agir- Les constructifs intervient-elle seulement maintenant ?

Yann Compan : Ma décision est prise depuis un petit moment et si mon départ n'est pas survenu avant, c'est aussi par fidélité à ma famille politique. Ce n'est pas une décision facile à prendre et je ne la prends pas de gaieté de cœur. Mais il arrive un moment où rester, c'est cautionner. Et même si l'on dit que partir, c'est déserter, vouloir rester à tout prix n'est plus possible. J'ai commencé mon parcours politique sans être encarté et j'ai fait le choix de m'encarter à l'UMP parce que c'était la réunion de différentes sensibilités politiques de la droite et du centre : il avait une sorte de mixité sociale et politique et surtout du débat. En rejoignant Agir-Les Constructifs, j'entends retrouver ma liberté, du débat, de la nuance et du recul.

Cela n'existe plus au sein du parti Les Républicains ?

Je m'aperçois depuis quelques mois que le parti a tendance à se rétrécir de manière phénoménale sur ses idées d'ultra-droite et cela ne correspond plus à mes convictions personnelles. Ce n'est pas moi qui ai changé, c'est le parti qui se recroqueville comme peau de chagrin. Je comprends très bien la stratégie politique de Laurent Wauquiez, qui peut être efficace tôt ou tard ou ne pas l'être du tout. Mais je n'ai pas envie d'y participer. Je ne veux pas avoir un discours contre ma nature qui consiste à être à droite toute, totalement à fond, quitte à dire des non-sens et contre-vérités.

C'est-à-dire ?

Dans la droite actuelle et notamment dans la stratégie des LR, j'ai l'impression que le parti ressemble plus à la gauche de Mitterand des années 80 qu'à la droite de Chirac des années 90 et 2000. Nous étions contre les emplois aidés et maintenant il faut les défendre absolument. Nous voulions réformer le Code du travail et le marché de l'emploi et maintenant que cela se fait, finalement nous sommes contre. Les Républicains se retrouvent aujourd'hui systématiquement à contre-pied de réformes qu'ils défendaient il y a quelques mois pour le principe d'être à contre-pied. Nous ne sommes plus dans les convictions, mais bien dans les contre-vérités et le pur esprit politicien.

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