Le printemps revient et la musique baroque s’offre un second round après l’hiver. De Bach à Charpentier, c’est à la chapelle de la Trinité que cela se passe !
Si les mois d’hiver sont souvent le théâtre d’une avalanche de concerts baroques en tout genre, calendrier liturgique oblige, le printemps et ses giboulées voit habituellement ressurgir les musiques moderne et contemporaine dans le paysage. Mais l’approche de Pâques et sa semaine sainte nous vaut cette année un véritable festival haut en couleurs dédié à la musique sacrée.
Correspondances nous sort des ténèbres
On démarre ce mardi 20 mars avec l’ensemble Correspondances, qu’on ne présente plus tant la réputation du jeune équipage a vu s’imposer la bande à Sébastien Daucé comme un “incontournable” des programmations baroques. Qui dit Correspondances dit bien évidemment Marc-Antoine Charpentier, compositeur totem de l’ensemble que l’on entendra dans le De Profundis ainsi que le Stabat Mater pour les religieuses. Moins attendu, le compositeur méconnu Bonifazio Graziani sera également à l’honneur avec un Magnificat et des Repons pour le vendredi saint, preuve de la volonté de l’ensemble de renouveler méticuleusement son domaine de prédilection en abordant de plus en plus la musique italienne.
Cencic nous ravit
On poursuit samedi 24 avec Jan Dismas Zelenka qui, si sa notoriété n’égale pas celles de Bach, Haendel ou Vivaldi, n’a rien à envier à ses contemporains. Il était d’ailleurs considéré au XVIIIe comme le Bach de Bohème et a légué au répertoire parmi les plus belles pages de la musique sacrée. C’est ici l’Orchester 1756 – en compagnie du fabuleux contre-ténor Max Emanuel Cencic – qui nous ravira de quelques motets et mouvements de messe hélas rares au concert.
Bach nous toise…
De Zelenka à Bach, il n’y a donc qu’un pas qui, en quelques jours seulement, sera franchi ! Et c’est la grande Passion, celle racontée par l’évangéliste Matthieu, qui se dresse soudain devant nous le jeudi 29 : une partition phénoménale pour sept solistes, double chœur et double orchestre. Ce monument sera confié pour l’occasion à La Chapelle Rhénane de Benoît Haller avec, dans le rôle de l’évangéliste, Daniel Schreiber, et dans celui de Jésus Guilhem Worms.
… et nous ramène à notre condition
La semaine sainte s’achève. On se remet à peine de la liesse et du bruit assourdissant des cloches du lundi que déjà le lendemain Bach (encore lui) vient nous ramener à notre (triste) condition… En guise de vanité, c’est la sublime cantate BWV 198 Trauerode qui se chargera de saboter l’ambiance. Mais quel rappel à l’ordre que cette délicieuse oraison funèbre dans la plus pure tradition luthérienne ! Certainement l’une des plus belles pièces composées par Bach, la Trauerode se distingue par ses archaïsmes et un effectif instrumental singulier mobilisant quelques instruments “démodés” à l’époque comme la viole de gambe, le luth ou les flûtes à bec auxquels se mêlent des spécimens “modernes” pour mieux se saisir de la dimension intemporelle du passage à l’au-delà. C’est un orchestre composé des classes de chant, de direction de chœur et d’instruments du département Musique ancienne du CNSMD de Lyon qui se chargera de faire sonner ce chef-d’œuvre dont la direction (et la préparation) est confiée à Raphaël Pichon et Lionel Sow.
Au sortir des ténèbres (ens. Correspondances) – Mardi 20 mars à 20h
Zelenka / Musique pour la chapelle royale de Dresde (Orchester 1756) – Samedi 24 mars à 20h
Bach / Passion selon saint Matthieu (la Chapelle Rhénane) – Jeudi 29 mars à 18h
Cantates de Bach (CNSMD) – Mardi 3 avril à 20h
Tous ces concerts ont lieu à la chapelle de la Trinité
Réservation sur le site des Grands Concerts