Michel Neyret, chez lui, en avril 2017 © Tim Douet
Michel Neyret, chez lui, en avril 2017 © Tim Douet
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Michel Neyret, rencontre avec un flic déchu

Pour mieux connaître celui dont le procès en appel se déroule ces jours-ci à Paris, Lyon Capitale vous propose un long entretien que nous avions eu avec l’ex-numéro deux de la PJ lyonnaise, chez lui, en avril 2017 (paru dans notre mensuel n°766). Juste après sa participation à la 13e édition de Quais du polar.

––––––––––––––––––––––––– Belle gueule, bonne gouaille. Quand Neyret parle, même les balèzes de la BRB et de la BRI*, dont il a été le patron plus de vingt ans, se taisent. Respecté de ses équipes, adoubé par sa hiérarchie, le “Bébel de la PJ”, comme on le surnommait parfois, possède un tableau de chasse aussi long que le casier judiciaire des truands qu’il a arrêtés. Braqueurs, trafiquants de cocaïne et de cannabis, ils sont des dizaines à être tombés sous l’ère Neyret. Une ère ultramédiatique où le “superflic” se faisait un plaisir d’exhiber aux journalistes locaux ses spectaculaires saisies de drogue, n’hésitant d’ailleurs pas à les exciter avec quelques croustillants détails de terrain. Car ce que revendique Michel Neyret, c’est le terrain. Accro de la chasse aux go-fast, aux voitures-béliers et aux casses retentissants. 
Flic dans l’âme, flic de terrain, flic déchu, Michel Neyret a été condamné à trente mois de prison ferme pour corruption, pour avoir fourni des informations confidentielles à des membres du milieu lyonnais, présentés comme des indics, en échange d’avantages, de cadeaux et d’argent liquide, et pour avoir prélevé sa dîme sur des saisies de stupéfiants afin de rétribuer des informateurs. Il sera fixé fin mai sur la date de son procès en appel. L’entretien se déroule à Estrablin, à côté de Vienne, dans l’hôtel 3 étoiles “avec parc et piscine”, de sa femme Nicole, qui nous lance illico : “C’est un héritage du côté de ma mère, c’est pas à Neyret, ça !” Le voici justement qui arrive. Treillis curviligne kaki, bottines brun fauve, chemise blanche impeccable et savamment déboutonnée. Il faut reconnaître que l’ex-numéro deux de la PJ de Lyon porte beau. Il commence par une visite du manoir du XVIe siècle. Un chevalier de Malte y a habité. “Vous voyez bien que c’est pas un hôtel de passe, comme vous l’avez écrit…” Un ange passe. On attaque. Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ? Michel Neyret : Dans l’épreuve qui m’a été imposée, non, je n’ai pas l’impression d’avoir été grande gueule. Dans mon boulot, en revanche, je l’étais, parce que j’étais extraordinairement exigeant et sévère. Je ne faisais pas de concession. Je pense d’ailleurs avoir eu raison car nous avons eu des succès importants dans la lutte contre le banditisme. Vous écrivez dans votre livre** que vous avez été victime d’une fuite organisée par le ministère de l’Intérieur. Vous n’êtes pas un peu parano ? Déformation professionnelle ? Après mes premiers jours de garde à vue, un certain nombre de procès-verbaux ont été publiés de manière quasi complète dans les quotidiens nationaux. Si le ministère de l’Intérieur n’avait pas été complice de ces fuites organisées, il aurait organisé une enquête administrative interne. C’est bien la preuve que cette fuite avait son aval.

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