Le quartier des minguettes à Venissieux © Tim Douet_0002

Grand Lyon : les maires de banlieues déçus par Macron ?

Le discours d’Emmanuel Macron sur la nouvelle politique de la ville n’a pas manqué de faire réagir les élus locaux. Dans la métropole de Lyon, beaucoup ne cachent pas leur déception.

"Je ne suis pas déçue parce que je n’en attendais pas moins." La maire communiste de Vénissieux ne trouvait déjà pas satisfaction dans le plan Borloo. "Il me semblait que ce plan n’allait déjà pas assez loin, et comme il n’a pas du tout été repris." La maire de Vénissieux ne manque pas de souligner les "paradoxes" avancés par le Président : "C’est contradictoire parce qu’il nous demande de faire davantage, avec moins d’argent. Il veut ouvrir des places de crèches, mais avec quel argent ? Ouvrir les locaux municipaux plus tard, ouvrir les médiathèques le dimanche, mais avec quel argent ?", interroge-t-elle. Le manque d’argent, Laurence Fautra (LR) maire de Décines le constate également. "À Décines il n’y a qu’un quartier en quartier prioritaire de la ville (QPV), et évidemment qu’on a besoin d’argent. Mais je ne pense pas qu’on puisse trouver une solution universelle. Un énième plan Marschall pour les banlieues ne fonctionnerait pas, chaque situation à ses difficultés." "Chiche !", abonde le maire de Rillieux-la-Pape. "Ce qu’on attend, ce ne sont pas de belles paroles, mais des preuves concrètes, avec des actes et des budgets", insiste Alexandre Vincendet (LR).

Des élus En Marche déconnectés ?

De son côté, Bruno Bonnell, député LREM entend la frustration des élus locaux : "Je comprends que le discours paraisse brutal, mais il est en vérité déterminé. La nuance est dans la bienveillance. Quant aux élus, je comprends qu’ils soient déçus, ils s’attendaient à avoir un montant précis." Si aucun chiffre n’a été avancé, David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon souligne "l’intention" d’Emmanuel Macron : "Sur le financement c'est le point d'interrogation, mais ça a surtout été intéressant sur la méthode. Mais pour que tout le monde adhère à cela, il y aura besoin des collectivités territoriales." Un travail avec les collectivités qui semble peu probable pour la maire de Vénissieux : "Il faut aussi travailler avec nous les élus locaux. Et avec des élus En Marche qui n’ont jamais été élus avant, et un président de la République qui n’a jamais eu de mandat local, ni même de mandat, forcément, c’est compliqué." Un point sur lequel Alexandre Vincendet la rejoint : "Emmanuel Macron n’a pas l’expérience de terrain qu’ont les élus locaux. Il n’a jamais été maire ou élu dans ces quartiers." Le maire de Rillieux-la-Pape souligne le manque d’"opérationnel et de concret" dans les propos du Président. « C’est un discours charmeur, mais qui sonne creux », poursuit-il.

"On doit arrêter de stigmatiser ces territoires"

L’ensemble des élus de la métropole est d’accord : "les banlieues doivent être considérées comme faisant partie des communes, non comme des zones à part". "On doit arrêter de stigmatiser ces territoires. Ce sont des endroits beaucoup plus nuancés que ce qu’on raconte. Je suis conscient qu’il y a de très grandes difficultés par endroit, mais il y a aussi de très belles initiatives qu’il faut saluer", selon Bruno Bonnell qui préfère qu’on parle de "communes périphériques." "Ce qui m’a semblé intéressant, c’est de mettre de l’argent dans l’Anru (agence nationale pour la rénovation urbaine) : il faut ouvrir ces territoires sur les villes", assure Laurence Fautra, rejointe sur ce point par le président de la Métropole : "Il faut garder ce cœur du réacteur qu'est l'Anru. Les professionnels de la politique de la ville ont fait du bon boulot pendant 30 ans, mais le monde a changé. Ces dispositifs sont souvent lourds. Les comités de pilotage de politique de la ville à 80 personnes je ne suis pas sûr que ça produise ses effets. Aujourd'hui, il y a une volonté de faire différemment en impliquant les territoires parce que les territoires peuvent apporter des choses. Et sur ça j'ai entendu des choses intéressantes." Sceptique dans l’ensemble, Alexandre Vincendet se dit prêt à inviter le président de la République à Rillieux-la-Pape pour coanstater les avancées faites dans sa ville. "Je ne dis pas que les vieilles recettes ont toujours fonctionné. Je dis simplement qu’avec ces nouvelles recettes, on ne sait pas ce qu’il y a dans la boîte."

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