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Entretien avec Chilla, rappeuse paradoxale

À 23 ans, Chilla (de son vrai nom, Maréva Rana) se place sur le devant de la scène rap. Après des études classiques, elle a quitté les bancs du conservatoire pour s’épanouir dans la musique urbaine. Entre virilité et féminité, rap et chant, elle s’engage pour des causes qui lui sont chères. Rencontre avec la jeune prodige du rap français, qui s’est fait connaître à Lyon. Notre entretien “Grande gueule” de juillet.

  Lyon Capitale : Pourquoi êtes-vous une grande gueule ? Chilla : Parce que je parle beaucoup, je ne mâche pas mes mots, et parce que je fais du rap. Comment pourrait-on vous décrire ? Paradoxale ! C’est ce qui rythme ma personnalité. Mon rapport entre ma féminité et ma virilité, le chant et le rap, ma rage et ma tristesse… C’est ce qui définit le mieux mon univers. Je ne recherche pas la stabilité, mais la spontanéité et l’authenticité. En mélangeant vos parts masculine et féminine ? J’ai les cheveux longs, je suis en jupe, mais je suis posée avec les jambes écartées et je parle mal. J’arrive féminine, mais si un mec veut me draguer, je lui parle et il n’y a plus de libido ! (Rires.) C’est une belle supercherie. La virilité et la vulgarité sont profondément ancrées en moi, mais c’est aussi une manière de me protéger, je n’aime pas être une proie. Je ne veux pas qu’on voie ma fragilité et ma sensibilité. Le rap vous aide-t-il à être authentique ? J’y trouve la liberté et la spontanéité que je prône. Je peux être sérieuse, second degré ou cynique, en abordant des sujets avec moins d’artifice que dans la variété. Il peut y avoir un côté bling bling quand on joue un personnage, mais c’est plus frontal. Comment êtes-vous venue à la musique ? J’ai toujours baigné dans la musique. J’ai commencé le violon dès 6 ans. Ensuite, j’ai été au conservatoire et au centre de formation professionnelle de musique de Lyon, en chant jazz, mais j’ai très vite abandonné. Pourquoi avez-vous abandonné ? J’étais en rupture avec la rigueur que ça impliquait et j’étais la mauvaise élève qui refuse de travailler. C’est une éducation très froide, qui insiste plus sur le théorique que sur le créatif. Il y a un esprit de compétition que je ne supportais pas au conservatoire, et qui pourtant me plaît dans le rap. Et aujourd’hui je me sers de tout ce qu’on m’a appris, pour progresser. Je fais même mes vocalises avant de monter sur scène. Comment êtes-vous arrivée au rap ?

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