Musée des confluences
© Camille Padilla

Colosse des Confluences : après le désamour place à l’enthousiasme

Critiqué à sa construction pour son allure singulière, le musée des Confluences commence à trouver sa place parmi le paysage lyonnais. Au point de devenir une étape incontournable pour les visiteurs.

Flamboyant sous le soleil du mois d’août, le musée des Confluences fait son petit effet, de loin comme de près. Avec sa façade en verre, son corps d’acier agencé en un profil anguleux et moderne, l’édifice détonne dans le paysage lyonnais. Charmante ou intrigante, cette originalité fait du musée un lieu de curiosité.

Amazing !

Si le bâtiment n’est pas du goût de tous, les visiteurs rencontrés en ce mois d'août sont plutôt conquis. "Amazing ! [Etonnant !]", s’exclame Andrea, une étudiante Erasmus venue de Roumanie. Quand on demande ce que représente le musée, les réponses sont variées : "oiseau", " nuage", " vaisseau spatial " …. Si certains le trouvent trop massif et peu en accord avec le paysage, d’autres le définissent comme élégant et aérien. "De l’extérieur, ça en jette", lance Baldassar, venu admirer la vue du 4e étage. Un sentiment partagé par Marc, un Lyonnais brandissant fièrement sa carte d’abonné. "Je suis amoureux de ma ville et bien content que le musée soit là", déclare-t-il.

Déconstructivisme

Pourtant, ce n’était pas gagné. Un "gigantesque bâtiment, mélange d’animal préhistorique et d’engin spatial cabossé" pour Libération, un "vaisseau à la Star Wars" pour Le Monde, un" mastodonte de verre et de métal prenant la forme d'un vaisseau spatial, d'un lézard ou d'un scarabée selon les goûts" pour le Huffington Post. Lors de l’ouverture du musée en 2014, quinze ans après le lancement du projet et une facture plus salée que prévu, les pourfendeurs ne prennent pas de gants. A l’ouverture, l’apparence du musée est loin de faire l’unanimité. C’est le cabinet autrichien CoopHimmelb(l)au qui est responsable de cet ovni architectural. Son credo ? Le déconstructivisme. Initié en 1988 autour d'une exposition au Museum of Modern Art de New York,  le courant déconstructiviste rassemble "des pratiques architecturales diverses mais qui toutes refusent l'historicisme postmoderne et les formes fermées de l'architecture moderniste au profit de volumes prismatiques plissés et d'assemblages anguleux improbables. Cette esthétique qui privilégie les brisures et les cassures voudrait exprimer les incertitudes du monde contemporain et le sentiment de chaos qu'il engendre", définit l’historien de l’art Claude Massu dans un article pour l'Encyclopædia Universalis. "Improbables", "incertitudes", "chaos" … c’est un peu ce qu’on ressent quand on voit le musée des Confluences pour la première fois. Imposant, froid, majestueux, ce bâtiment de verre et d’acier étonne au premier regard. Comme le tablier de sapeur, on aime ou on déteste sans modération possible.

Jurisprudence Tour Eiffel

Même si le musée ne fait toujours pas l’unanimité, les visiteurs soulignent l’atout de compter à Lyon un édifice à l’allure si singulière. "L’originalité de l’architecture apporte du cachet", affirment Sandrine et Christophe, venus de Mâcon. "Ce musée, c’est un peu comme la Tour Eiffel. Quand elle a été construite, les gens trouvaient ça moche, trop futuriste. Maintenant, c’est devenu un emblème", commente Guillaume, un Saint-Priod qui place Confluences au sommet de ses monuments lyonnais préférés. "Ça marque vraiment la ville et c’est une bonne chose", ajoute-t-il.

"A faire absolument

Beaucoup des visiteurs rencontrés lors de notre reportage ne sont pas originaires de Lyon. Île-de-France, Bourgogne, Alsace, Roumanie, les visiteurs peuplant les allées du colosse d’acier viennent de tous les horizons. Le musée des Confluences est avant tout un lieu touristique. " Confluences est un musée qui attire au-delà de Lyon. En moyenne, 10 à 15% des visiteurs sont étrangers mais nous avons aussi énormément de visiteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes", explique le musée. Fin 2018, Confluences espère atteindre la barre des 3 millions de visiteurs, comptabilisés depuis l’ouverture en 2014. Il faut dire que dès 2014, le musée a beaucoup fait parler de lui en France et dans le monde. Outre-Atlantique, le célèbre New-York Times introduisait un article plutôt élogieux par « ce pays joue en architecture comme l’Angleterre joue au rugby, avec l’intensité d’un sport de contact. » Cette publicité et la singularité du lieu en font un point de passage important pour les touristes de Lyon. « On est venus en covoiturage et notre conducteur a mentionné le musée dans sa liste des endroits à faire absolument », expliquent Hugo et sa compagne, venus d’Alsace. Confluences serait-il devenu un incontournable du patrimoine lyonnais ?

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