Étienne-Blanc © Tim Douet

Étienne Blanc : "Je suis candidat à la mairie de Lyon"

Comme nous l'annoncions en exclusivité en début d'après-midi, Étienne Blanc (LR) est bien candidat à la mairie de Lyon. Joint par Lyon Capitale, il confirme et développe les premières grandes lignes d'une campagne qui sera axée sur la qualité de vie, l'insécurité et les grands projets. Le premier vice-président de la Région espère être à la base d'un large rassemblement des LR au Modem, de la droite et du centre. Il annonce qu'il se consacrera à la ville de Lyon et donc ne candidatera pas à la métropole.

Lyon Capitale : Êtes-vous candidat aux municipales lyonnaises de 2020 ? 

Étienne Blanc : Oui je suis candidat à la mairie de Lyon. Mais pas à la métropole. Pour ma famille politique, il est d'abord essentiel de gagner la ville pour pouvoir remporter la métropole ensuite. L'union de la droite et du centre peut nous permettre de gagner la ville de Lyon. Je veux réitérer au niveau municipal ce que nous avons fait à la région avec un rassemblement qui va des Républicains, à l'UDI, au Modem, aux radicaux ou au nouveau centre.

Vous partez de loin. Vous êtes crédité dans un sondage Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale de 18% d'intentions de vote. Vous débarquez avec l'image de parachuté. Comment échapperez-vous au phénomène Perben ?

18%, c'est considérable pour moi dans la mesure où je n'étais pas encore candidat et que tout le monde dit que je ne suis pas connu. Pendant longtemps, la droite n'a pas réussi à s'unir et donner de l'espoir à son électorat. L'appel lancé par Stéphane Guilland et les élus du territoire, je l'interprète comme une volonté de rassembler. Lyon est une ville ouverte, internationale – toutes les nationalités du monde y voisinent – mais on me dit que je ne suis pas du coin et que je ne serais pas apte à gérer la ville. Le lieu de naissance n'a aucune influence. Je suis né à Givors-ville. J'ai prêté serment à la cour d'appel de Lyon, j'ai fait mes études quai Claude Bernard. L'important n'est pas de savoir où j'ai été élu mais de savoir si je suis celui qui peut rassembler une équipe cohérente et soudée autour d'un beau projet. Je vis à Lyon depuis 3 ans. À la région, je porte le musée des Tissus, l'acquisition d'un lycée ou le projet de développement touristique de Fourvière.


“Oui j'ai travaillé avec Charles Millon, comme de nombreux autres élus de ma génération”


Vous avez un autre handicap, votre passé milloniste. Vous étiez le bras droit de Charles Millon en 1998 au moment de l'alliance avec le FN. Ne craignez-vous pas que ce sparadrap soit impossible à décoller ?

Oui j'ai travaillé avec Charles Millon, comme de nombreux autres élus de ma génération : Anne-Marie Comparini, Thierry Cornillet. J'ai entendu Jean-Jack Queyranne dire que Charles Millon avait été un grand président de région. Il a été le premier à récupérer la compétence TER. Il a inventé le chèque sport. On dit qu'il a passé un accord avec le FN. Si le FN avait eu un vice-président, une représentation dans un lycée, une présidence de commission, j'aurais immédiatement démissionné. Mes convictions parlent pour moi : je suis un Européen, je développe des partenariats avec nos voisins européens à la région. Je veux être jugé sur les actes que j'ai posés dans ma vie politique.


“On verra dans la campagne électorale si les Lyonnais pensent qu'il est toujours un bon maire”


Lyon semble avoir basculé sociologiquement à gauche. La droite n'a jamais réussi à exister face à un Gérard Collomb très centriste. Comment comptez-vous inverser la tendance ?

Les conditions de son départ du gouvernement sont étonnantes. Sur la forme, le président de la République l'a retenu. Le lendemain, il a convoqué des journalistes pour annoncer qu'il démissionnait. Il l'a fait par voie de presse et sans préavis. La preuve, il a fallu des jours pour lui trouver un successeur. L'Intérieur, ce n'est pas un ministère que l'on lâche. Il a envoyé le message que les questions de sécurité et de terrorisme, ce n'était plus son sujet et qu'il voulait rentrer à Lyon. Il pleut, on plie la tente et je rentre à la maison. Ce n'est pas anecdotique. On verra dans la campagne électorale si les Lyonnais pensent qu'il est toujours un bon maire. Nous on travaille un projet axé sur la vie quotidienne et les grandes infrastructures. Notre projet sera pour les six ans à venir et pour les 30 prochaines années.

Le contexte politique devient-il favorable pour la première fois à l'heure d'affronter Gérard Collomb qui semble revenir affaibli ?

Le PS fait une liste, car il ne veut plus de Gérard Collomb. L'extrême gauche fait pareil. À la métropole, les centristes de Synergies qui ne seront plus représentés en 2020 s'organisent aussi. Au vu des conditions de son départ du gouvernement, je me demande si les électeurs d'Emmanuel Macron auront envie de voter pour Gérard Collomb. Nous avons une belle opportunité en 2020. Je le ressens au travers des consultations que je mène depuis des semaines. La situation politique sera différente. La personnalité de Gérard Collomb peut être perçue différemment. Aujourd'hui, un alignement des planètes peut nous permettre de gagner.


“Il faut des investissements massifs”


La droite ne semble pas aujourd'hui en état d'en profiter. Elle est inaudible depuis dix ans. Comment comptez-vous la réveiller ?

Elle est dispersée, fracturée, mais en voie de guérison. Nous avons du mal à exister, mais je vois des motifs d'optimisme : l'élection d'Alexandre Vincendet à la tête de la fédération LR, le poids que prend Stéphane Guilland. En politique, il faut savoir transmettre, faire place aux jeunes et aux nouveaux. Aujourd'hui après des années de divisions, je sens que la droite et le centre ressentent le besoin de faire des additions.

En matière de projet, quelles évolutions voulez-vous apporter au modèle lyonnais ?

Cette métropole est le fruit de politiques très anciennes. Elles ont été tracées par le plan Lumière de Michel Noir, la Confluence imaginée par Raymond Barre. Gérard Collomb les a développées. Ces projets ont changé l'image de Lyon. Toutes les villes européennes se sont métropolisées. En matière d'université, de recherche, de culture, nous assistons à une concentration sur la ville de Lyon. La question qui se pose aujourd'hui c'est quid des 30 prochaines années ? Cela n'a pas échappé à Gérard Collomb qui dit vouloir "prendre un temps d’avance". Ce qui veut peut-être dire que l'on a pris un temps de retard ? Il faut repenser la vie à Lyon. La concentration urbaine fait qu'il y a plus de pollution, plus d'insécurité. En matière de transports, nous assistons à une thrombose. Elle résulte du manque d'infrastructures routières et ferroviaires qui asphyxie la gare de la Part-Dieu ou l'axe A6-A7. Il faut des investissements massifs. Nous devrons travailler de manière plus étroite avec l'Union européenne sur ces sujets. Je n'ai jamais entendu la ville ou la métropole sur le Lyon-Turin. Aujourd'hui, les relations économiques de la route de la Soie sont en passe de s'arrêter en Italie et de nous échapper puisque les Suisses ont, eux, construit les infrastructures nécessaires. C'est un projet essentiel pour notre territoire. Ces investissements ne sont pas possibles aujourd'hui puisque les collectivités gérées par Gérard Collomb ont des capacités de financement en baisse. Il faut donc engager une lutte drastique contre le gaspillage comme nous l'avons fait à la région. La ville et la métropole ne peuvent pas répondre aujourd'hui aux besoins d'investissement.


“Pour ne pas s'endetter, il suffit de ne pas construire de piscines ou d'équipements culturels”


Les ratios financiers de la ville et de la métropole sont bons. Ils ont les mêmes labels des agences de notations que ceux de la région dont vous vous enorgueillissez avec Laurent Wauquiez…

Si leurs finances sont saines, pourquoi ne peuvent-ils pas investir ? L'été, on entend qu'il manque une piscine. Ce sont des projets qui coûtent 20 à 50 millions d'euros. Pourquoi ne les construisent-ils pas ? Sur le TOP, la collectivité ne peut-elle pas aller plus vite ? Sur le musée des Tissus, pourquoi la ville ne s'engage-t-elle pas ? Ils n'ont pas les capacités pour le faire. Si vous n'investissez pas, vous êtes forcément bien noté. Je sais comment équilibrer des comptes. Pour ne pas s'endetter, il suffit de ne pas construire de piscines ou d'équipements culturels. À la région, nous avons de bonnes notes et une capacité d'investissement en hausse. C'est ce que je veux faire pour la ville de Lyon.

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